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Billet de blog 22 juin 2015

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La tesselle grecque dans le puzzle géostratégique - par Dante Barontini

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20.06.15 - À la fin, la vérité finit par sortir. 

Contropiano.org

 par Dante Barontini

Oui, bien sûr, il y a l'Union européenne et la BCE qui voudraient que les "règles des traités" soient respectées à la lettre par Athènes, tout en la saignant, aussi pour ne pas avoir à faire la même chose dans quelques mois pour l'Espagne et peut-être l'Irlande. 

Oui, d'accord, il y a le FMI qui devrait récupérer 1,6 milliards la semaine prochaine et plus dans les prochains mois, mais il sait très bien que pour les avoir il devrait d'abord les prêter au gouvernement Tsipras, qui les utiliserait d'une autre manière (il a déjà ré-embauché les femmes de ménage dans les ministères, rouvert la télévision publique, et ne veut pas réduire de nouveau les pensions de retraite ...).

Mais. Mais il y a un risque géostratégique qui est en train de monter derrière ce tir à la corde infini. Et ce sont surtout les Etats-Unis d'Obama à réaliser cela. C'est évident, puisque c'est de là qu'on est en train d'essayer de "remodeler l'avenir de l'économie mondiale" autour de la centralité américaine (d'un côté le TTIP avec l'Union européenne, de l'autre le TTP presque exclusivement avec le Japon). La mondialisation est terminée, il faut ré-agréger les aires continentales ou supra-continentales capables de tenir la concurrence avec les "émergents", la Chine en tête.

Imaginez-vous que tout soit foutu en l'air tout en mettant la Grèce dans un coin et/ou en la forçant à se mettre d'accord avec Poutine, les Chinois, l'Iran ou quelque cheikh arabe? Certes, même Athènes doit s'assagir, faire les devoirs donnés à la maison et faire faire à ses propres citoyens quelques autres "sacrifices". Mais si vous serez obéissants, nous nous en souviendrons, tôt ou tard ...

Nous devons reconnaître à Carlo Bastasin d'avoir mis bien en évidence, pour la plupart sur Il Sole24Ore, une portion substantielle des enjeux, lundi matin, sur la rencontre au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, convoqué comme dernière tentative pour trouver une solution à la crise grecque. Si quelqu'un l'appelle "le plus grand jeu stratégique joué en Europe après la chute du mur de Berlin", il doit bien y avoir une raison ... Et il suffit de penser à la guerre en Ukraine ou au déploiement d'hommes et équipements états-uniens dans les pays baltes frontaliers de la Russie pour en avoir une petite idée.

Une Grèce qui ne dusse signer le TTIP (éventuellement avec Chypre et la Hongrie), ou même ayant commencé à resserrer les relations économiques et politiques avec les "ennemis" de Washington (de la future alliance économique et géo-stratégique conçue par ces deux traités en discussion) ouvrirait une brèche sur le front sud, celui considéré comme acquis pour toujours.

Perceptible, dans l'article de Bastasin, la pression que les Etats-Unis sont en train d'exercer ces dernières heures sur les deux côtés de la table de lundi. Tout autant perceptible cette démarche de "somnambules" avec laquelle la plupart de l'establishment de Bruxelles et Berlin se rapprochent du rendez-vous. Un exemple pour tous, la dernière déclaration du ministre de l'économie allemande, l'habituellement luciférien Worfgang Schaeuble: ". Je suis sceptique, je ne suis pas sûr que le lundi je serai en mesure d'annoncer quelque chose de sensationnel." Pas vraiment une tension du style "moment décisif dans l'histoire" ...

Les doutes sur comment l'Union européenne - son sommet décisionnel le plus important - aura géré toute cette affaire grecque les six dernières années sont maintenant explicites. Encore aujourd'hui dans Il sole24ore, Ugo Tramballi conclut son analyse par des mots remplis de craintes : "à l'Ouest, quelque chose n'a pas fonctionné si la Grèce démocratique, mais réduite à la faim, une fois obtenu un gazoduc, est tentée de quitter l'euro et l'UE pour ouvrir les bras à Poutine et à sa prodigalité orientale non désintéressée. Le simple fait que le modèle Poutine puisse d'une certaine manière attirer, nécessite l'admission de notre échec et la nécessité d'un examen de conscience."

Il n'est pas compliqué de voir où "on a failli" en tant qu'Union européenne : une politique prédatrice sur les pays les plus faibles combinée avec un mépris systématique - et même devenant "institutionnalisé" - pour la démocratie; soit, pour les intérêts et les opinions populaires en désaccord avec l' "austérité". Désormais, où  est-elle la différence entre l'autoritarisme "oriental" et celui - bien plus famélique et affamatoire - "occidental" ?

Sur ce mécanisme de soustraction du gouvernement à la "volonté du peuple" - la source de la "souveraineté" démocratique - est maintenant jetée l'ombre d'un possible, et plus puissant, mécanisme intercontinental structuré d'autres "traités" évidemment inviolables et soustraits programmatiquement au jugement de ceux qui leur seront soumis.

La position de la Grèce sur l'échiquier, donc, présente tous les risques d'un effet domino incontrôlable. Si ça ne tenait qu'à Washington, concédez quelque chose au gouvernement Syriza, mais ne les jetez pas dans les bras de Poutine et des Chinois.

Si cette pression aura eu un effet, nous le saurons dans les 48 heures. Ne faites pas de paris ...

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Si la Grèce devient la pierre d'achoppement entre l'UE et les USA

par Carlo Bastasin

Celui qui observe la crise grecque depuis Washington et Berlin avec les lunettes de la politique mondiale, définit avec insistance les négociations avec Athènes comme une étape critique dans le "plus grand jeu stratégique joué en Europe après la chute du mur de Berlin." Du point de vue géopolitique, les intérêts qui tournent autour de la crise grecque semblent vraiment trop grands pour penser qu'un accord pourrait être jeté aux orties par impatience ou négligence.

Nous devons observer l'histoire depuis Washington pour saisir les dimensions de de ce qui se passe et comprendre les raisons qui ont poussé ces jours la Maison Blanche et le département du Trésor à appeler Athènes et à exhorter Alexis Tsipras à parvenir rapidement à un accord avec les partenaires européens. Pour le président Barack Obama, il est vital que avant le printemps prochain les américains et les européens signent le TTIP, le partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement. Conjointement à l'accord parallèle avec le Japon (TTP), qui a trébuché au Congrès juste ces derniers jours, le traité transatlantique devrait jeter les bases juridiques pour la prochaine phase de la mondialisation. Le contenu du TTIP fait l'objet de vives controverses dans nos démocraties, mais les négociateurs croient que si les Etats-Unis et l'Europe n'approuvaient pas les accords, ou s'il s'écoulait trop de temps avant leur entrée en vigueur, l'Occident pourrait ne plus être en mesure de donner forme - à travers ses principes de protection des droits individuels et collectifs, ses propres intérêts et ses propres règles de discipline économique - à  l'avenir de l'économie mondiale. Déjà, le pouvoir de négociation des puissances asiatiques - la Chine notamment - est trop grand pour accepter les critères américains de fonctionnement de l'économie planétaire. Ce fut d'abord Hillary Clinton, maintenant candidate à la présidence, à reconnaître que l'Europe et les Etats-Unis doivent agir ensemble parce que dans quelques années ils pourraient ne plus être en mesure de donner forme aux relations économiques avec le reste du monde tout en les fondant sur des  règles qui caractérisent les démocraties occidentales.

Les États-Unis ont donc besoin d'un accord rapide avec l'Europe pour contrebalancer le poids de la Chine, elle qui entre-temps, est en train de conclure des accords commerciaux avec la Russie frappée par les sanctions européennes. Mais dans ce grand projet, Athènes est susceptible d'être la pierre d'achoppement. Dès leur victoire aux élections, les ministres d'Athènes ont candidement déclaré les intentions du nouveau gouvernement grec : "Syriza ne permettra jamais la création dans le Parlement grec d'une majorité en faveur de TTIP." Dans les semaines suivantes, le gouvernement grec a demandé le soutien financier de la Chine, la Russie, Abu Dhabi et même l'Iran. Un accord avec Moscou sur le gaz a été finalisé jeudi dernier, quelques heures avant la réunion de l'Eurogroupe. Sans la signature de tous les pays, cependant, pour approuver le traité dans son intégralité au Conseil de l'UE et le Parlement européen à Strasbourg, l'accord ne suffit pas. Donc, sans Athènes, l'Europe et les États-Unis sont peu susceptibles d'être en mesure de signer le Traité trans-atlantique. Dans le cadre du traité de Lisbonne, la Commission européenne a une compétence exclusive sur les négociations commerciales de l'Union européenne, mais le TTIP couvre tellement d'aspects de la vie économique qu'il exige, au moins en partie, aussi l'approbation des parlements nationaux. Une demande en ce sens a été formalisée par la majorité des parlements nationaux de l'Union européenne, dont ceux de l'Allemagne et e la France.

L'administration américaine a signifié à plusieurs reprises à l'Allemagne le danger d'un échec de la ratification en Grèce, ce qui explique pourquoi la chancelière Merkel, qui jusqu'en 2012 n'était pas contraire à la sortie d'Athènes de l'euro, insiste pour éviter une solution  traumatique de la crise. Certains parmi les protagonistes des négociations entre Washington, Bruxelles et Berlin ont déjà beaucoup d'expérience en matière de crises européennes. Dans certains cas, ce sont les mêmes personnes qui s'étaient engagées en 2011 pour faciliter une solution de la crise italienne en occasion de la chute du gouvernement Berlusconi dans le but de limiter le risque de grande instabilité politique et financière qui était en train de mûrir au cœur de l'Europe.

Après 2013, Berlin et Washington ont dépassé les graves malentendus qui ont suivi la découverte de l'activité d'espionnage de la NSA, qui était  parvenue à intercepter le téléphone de la Chancelière. Les deux gouvernements ont trouvé ensuite un terrain d'entente commune sur les télécommunications et la privacy économique des entreprises qui sera prise en compte aussi par le TTIP. Mais la condition demandée par les États-Unis était que l'Allemagne devrait convenir d'assurer la signature du Traité trans-atlantique par tous les pays et donc aussi par Athènes au prix de l'abandon d'une application trop rigoureuse des règles européennes. Selon les partenaires allemands, les États-Unis ont également posé en termes énergiques la demande que l'Allemagne promeuve à nouveau dans les années à venir, après bien des hésitations, le processus d'intégration politique européenne.

source 

Gaz : la Grèce s’associe avec la Russie, un camouflet pour les Européens

Un gazoduc russe, cofinancé par Athènes et Moscou, sera construit en Grèce entre 2016 et 2019.

Rencontre du 19 juin 2015 entre Alexis Tsipras et Vladimir Poutine au Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Washington, qui s’oppose à la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, voit d’un mauvais œil Moscou envisager de renforcer sa capacité de livraison de gaz au marché européen. (Crédits : Reuters)

latribune.fr  

19/06/2015, 11:56 

Voilà une nouvelle qui ne va pas apaiser les tensions entre Athènes et ses créanciers. Le ministre grec de l’Energie, Panayiotis Lafazanis, et son homologue russe, Alexandre Novak, ont signé vendredi un accord pour la construction d’un gazoduc russe en Grèce, a indiqué à l’AFP le ministère russe de l’Energie.

Le ministre grec a ajouté que le coût total de la construction du gazoduc s’élève à 2 milliards d’euros. Il aura une capacité de livraison de 47 milliards de mètres cubes de gaz à ses clients européens, a ajouté M. Novak sur son compte Twitter.

La Grèce emprunte à une banque russe pour financer le projet

Le document, encore au stade du protocole d’entente, prévoit la création d’une coentreprise détenue à parts égales grecques et russes et chargée de la construction de ce gazoduc entre 2016 et 2019, selon Alexandre Novak, cité par les agences de presse russes lors de la cérémonie au Forum économique international de Saint-Pétersbourg.

Dans le détail, la coentreprise, baptisée South European Gas Pipeline, sera financée à 50% par la partie russe et à 50% par la partie grecque, qui a contracté à cet effet un prêt auprès de la banque russe Vnesheconombank, a annoncé M. Lafazanis, cité par l’agence Tass.

Alexandre Novak a estimé, quant à lui, qu’il s’agissait d’« un événement très important »:

Ce gazoduc « nous permet de continuer nos projets de construction d’infrastructures dans le cadre du gazoduc passant par la mer Noire, la Turquie, et la construction d’un hub en Turquie »,s’est félicité le ministre russe.

A l’insu des Etats-Unis et de l’Europe

Ce projet constitue un double camouflet pour les Occidentaux. Bruxelles voit Athènes se rapprocher de Moscou. En réaction à la rencontre entre Alexis Tsipras et Vladimir Poutine, le 8 avril, Martin Schulz, interrogé par le journal allemand Hannoversche Allgemeine Zeitung, avait notamment demandé à Alexis Tsipras de « ne pas mécontenter ses partenaires européens », estimant que « l’Union doit faire preuve de cohérence face à la Russie, en parlant d’une seule voix »

En outre, Washington, qui s’oppose à la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, voit d’un mauvais œil Moscou envisager de renforcer sa capacité de livraison de gaz au marché européen.

Et potentiellement de nouveaux contrats en vue. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras doit rencontrer vendredi à 13h30 GMT (15h30 heure française) le président russe Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), où se tient jusqu’au 20 juin le Forum économique international de Saint-Pétersbourg.

source : 

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/gaz-la-grece-s-associe-avec-la-russie-un-camouflet-pour-les-europeens-485636.html

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