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Billet de blog 24 octobre 2014

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Les 007 italiens ont entraîné des militants sunnites passés ensuite avec ISIS. - Globalist.it

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Dans deux camps de Jordanie et Turquie une équipe de douze agents ont participé à la formation des rebelles anti-Assad. Qui ont rejoint après  l'Etat Islamique.

par Desk - Globalist.it

20.10.14 - Récemment, le président des Etats Unis, Barack Obama, a affirmé publiquement que le nouveau danger dénommé Emirat Islamique, c'est-à-dire l'ISIS (ou Daesh, ndr) est aussi le fruit d'une série de sous-évaluations faites par l'intelligence USA et, plus généralement, de toute l'équipe de la Maison Blanche chargée de s'occuper du département de la défense et de la sécurité.

De son côté Hillary Clinton, après avoir réprouvé Obama en soutenant que l'ISIS se soit renforcé parce que l'aile modérée et laïque des rebelles anti-Assad n'a pas été suffisamment soutenue et armée, a dit que l'Armée Islamique est désormais prête non seulement à combattre en Syrie et en Iraq, mais à frapper en Europe et aux Etats Unis.

En Amérique, au moins, on en parle. En Italie beaucoup moins, et même : on n'en parle pas du tout. Peut-être parce que, du moins pour ce qui est du rôle, petit ou grand, qui revient aux gouvernements successifs de ces dernières années et à l'intelligence de Rome, des erreurs et des sous-évaluations il y en a eues, mais elles ont été tout autant habilement masquées et soustraites au débat public et parlementaire. 

Il vaut mieux entrer dans les détails : en suivant passivement la ligne des Etats Unis consistant à fomenter les formations sunnites, surtout en clef anti-Assad, les 007 italiens ont fini, au cours de la dernière année et demie, par entraîner des miliciens islamistes sunnites qui, dans les mois suivants, sont passés armes et bagages avec l'Etat Islamique ou en sont devenus des collaborateurs et sympathisants.

Pour entrer plus dans les détails il faut raconter quelques particularités de cette opération secrète qui continue depuis un certain temps : dans deux camps d'entraînement - un en Jordanie et un en Turquie - ont été envoyés deux équipes de l'AISE (le service secret étranger) avec la mission de donner un soutien aux formations anti-Assad. Une mission d'une certaine manière conséquente à l'engagement pris sur la fin du gouvernement Monti lorsque - nous sommes en février 2013 - le ministre des Affaires Etrangères de cette époque, Giulio Terzi di Santagata soutint que l'Italie aurait fourni des "aides militaires non létales" au fragmenté front de l'opposition armée syrienne. Traduction : assistance technique, formation, entraînement. Depuis lors - et, à ce qui résulte, jusqu'à une époque assez récente - douze agents de nos services italiens, six en Turquie et six en Jordanie, ont entraîné les miliciens sunnites. Un turn-over sans interruptions : 12 agents pour 30-40 jours sur le camp, qui ensuite rentraient en Italie pour être remplacés par une deuxième équipe égale en nombre.

Comme c'est connu, cependant, de février 2013 à aujourd'hui les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévu par les têtes pensantes de Bruxelles et par quelque secteur peu avisé de l'intelligence : l'Etat Islamique a augmenté progressivement et a incorporé dans ses rangs la majorité des formations sunnites. Parmi ces derniers n'étaient pas rares ceux passés par les camps d'entraînement où avaient opéré en tant qu'instructeurs et conseillers les agents secrets italiens, et pour la vérité, non seulement italiens.

C'est comme dire : armer le soi-disant ami, qui est destiné après à devenir l'ennemi à combattre. Ce n'est pas la première fois : lorsque l'Italie envoya en Cyrénaïque les armes pour soutenir la révolte anti-Khadafi, elle n'avait pas imaginé (comme elle aurait du le faire) que ces armes seraient finies dans les mains des milices islamistes. Les mêmes qui encore aujourd'hui tiennent sous chantage Benghazi et beaucoup d'autres villes de la Libye "démocratique". Sans parler des policiers afghans entraînés et équipés (dans ce cas par les américains) qui après avoir fini le cours et armés en tout point, au lieu d'aller dans les lieux qui leur étaient indiqués rejoignaient les talibans ou les groupes qui étaient leurs alliés et, tout en faisant trésor de l'expérience, devenaient les chefs de formations armées anti-occidentales.

Dans le cas de l'Italie, qui s'est rangée derrière les Etats Unis, l'erreur est évidente : ne pas avoir prévu les capacités de croissance de l'Armée Islamique et avoir sous-estimé le sens de frustration des communautés sunnites, surtout en Iraq, contre le gouvernement à conduction chiite. C'est justement l'appui de ces groupes - appelons-les tribus - est résulté décisif pour le saut de qualité de l'ISIS : combien sont-ils passés par les camps turcs et jordaniens et ont-ils été entraînés par les 007 italiens et d'autres pays occidentaux ? Beaucoup. Trop. Une affaire embarrassante, surtout maintenant que le Conseil suprême de la Défense soutien que l'ISIS est un grand danger.

Du reste, à ce qui résulte, dans les premiers mois de 2014 le chef de l'intelligence kurde (parce que les Kurdes ont un vrai et propre service d'intelligence) avait trouvé le moyen de faire parvenir à l'intelligence italienne une lettre ou, du moins, un message dans lequel on parlait d'un certain Abu Bakr Al-Baghdadi qui était en train de se renforcer et qui bientôt serait devenu un redoutable danger pour tous. Personne sait quelle ait été l'issue de l'avertissement kurde. Mais entretemps ISIS est devenue ce qu'elle est devenue, le jeu des trois cartes de quelques services secrets s'est révélée dommageable et nous sommes en "guerre" contre un ennemi que nous avons contribué à accroître lorsqu'on retenait que cela eusse été avantageux : ainsi il en fut pour Al Qa'ida, ainsi pour les talibans qui combattaient les soviétiques, ainsi pour les islamistes libyens, ainsi pour les sunnites puis passés avec ISIS. C'est la démonstration qu'une chose est de lire Machiavel, une autre est d'être subjugué par un machiavélisme d'emprunt.

Battista, secrétaire de la Commission Défense au Sénat : le Parlement, qu'il discute. 

Le sénateur Lorenzo Battista, secrétaire de la Commission Défense et représentant du Groupe pour les Autonomies, a commenté l'arrière-scène racontée par Globalist sur l'entraînement des groupes islamistes qui sont devenus par la suite des collaborateurs de l'Etats Islamique. "Depuis environ un an et demi deux équipes de l'AISE oeuvrent en Jordanie et Turquie où ils ont entraîné des miliciens sunnites, successivement passés dans les rangs de l'ISIS qui ont intégré dans leur sein la plupart des formations islamistes".

Il a ajouté : "Selon ce qui a été révélé par Globalist l'Italie a contribué, bien qu'indirectement, à fomenter ce risque de terrorisme qui aujourd'hui est présenté comme l'une des menaces les plus graves pour le pays. Il faut faire de la clarté et ouvrir une discussion franche au Parlement et dans le pays sur nos stratégies des dernières années sur les théâtres de crise".

"Le Conseil suprême de la Défense, il y a à peine quelques jours, a rappelé le risque terrorisme qu'encourt aussi notre pays. Devant la gravité de la situation sont nécessaires des choix pondérés qui - a conclu  le sénateur - contribuent à la solution des conflits et non pas à alimenter ultérieurement le chaos".

Source : http://www.globalist.it/Detail_News_Display?ID=64069&typeb=0&007-italiani-hanno-addestrato-militanti-sunniti-poi-passati-con-Isis

En Turquie l'ISIS fait sa loi : séquestrations et homicides

par Marco Santopadre - Contropiano.org

21.10.14 - Parmi les pays de la région la Turquie, avec les pétromonarchies de la péninsule arabique, est celui qui soutient le plus les jihadistes du soi-disant 'Etat islamique'. Une complicité dénoncée plusieurs fois dans les dernières années, lorsque la presse et les gouvernements occidentaux fermaient l'oeil avec l'argument selon lequel les miliciens sunnites au fond représentaient un instrument commode contre le gouvernement de Damas, les Hezbollah libanais ou les gouvernants iraqiens perçus comme trop proches à Téhéran. Une complicité qui a permis aux bandes de Al Baghdadi d'utiliser le territoire turc comme refuge : pour vendre le pétrole produit dans les aires occupées en Syrie et en Iraq ; pour faire soigner ses propres miliciens blessés ; pour les refournir en armes et en équipements ; et même pour les entraîner.

Pendant que le monde s'interroge ingénument - et de manière coupable - sur le pourquoi de l'attitude hostile du régime de Ankara à l'égard de l'allié américain qui s'entête à vouloir combattre les jihadistes de l'ISIS maintenant qu'ils sont devenus trop encombrants, de la Turquie parviennent deux nouvelles qui pour l'instant les médias italiens n'ont pas affronté avec l'importance qui se doit.

La première nouvelle concerne la tentative échouée de séquestration du commandant d'un groupe rebelle syrien (Thuwar Raqqa, adhérent à l'ESL) advenue en territoire turc, dénoncée par le quotidien britannique Telegraph ces derniers jours. Selon le journal, qui reprend les déclarations du groupe qui a participé à la défense de Kobane, vendredi dernier Abu Issa et le fils Ammar, de 20 ans, avaient rencontré quelques fonctionnaires turcs dans la ville de Urfa pour discuter de la possibilité que les milices de l'opposition syrienne soi-disant 'modérée' puissent recevoir un entraînement militaire en territoire turc.

Au terme de la réunion les deux hommes ont été bloqués et faits descendre de leur voiture par quatre hommes de l'Etat Islamique qui, à visage découvert et lourdement armées, les ont conduits à la frontière syrienne. Une fois arrivés à la frontière cependant, le contrebandier chargé d'amener les deux hommes en Syrie pour les consigner aux bandes de Al Baghdadi est revenu sur sa décision, en retenant que l'affaire était trop dangereuse à cause de la militarisation de la frontière et faisant ainsi capoter la séquestration.

Selon le Telegraph, le guet-apens à Issa soulève "d'ultérieurs interrogations sur l'engagement assumé par la Turquie dans la lutte à l'ISIS". Aussi parce que un syrien qui vit en Turquie a raconté au quotidien britannique de connaître quatre hommes impliquées dans la tentative de séquestration : "Je les vois mener une vie aisée à Urfa ; ils mangent au restaurant et passent leur temps dans les cafés. Personne ne se préoccupe d'eux".

Un autre épisode révèle combien soit ample la liberté de mouvement pour les fondamentalistes sunnites à l'intérieur du territoire turc. Avant-hier une journaliste trentenaire de la télévision iranienne Press TV est morte en Turquie et son cameraman a été blessé à cause d'un accident de la route, soupçonné néanmoins par la chaîne même et par la famille de la victime. Serena Shim, avec la double nationalité libanaise et états-unienne, avait été envoyée à la frontière entre la Turquie et la Syrie pour suivre la bataille en cours à Kobane sur le versant turc du Kurdistan, dans la province d'Urfa - lorsque la voiture dans laquelle elle était en train de voyager a eu un accident avec un poids lourd. "On ne connaît pas l'identité du conducteur du camion", a souligné la chaîne iranienne, en rappelant que vendredi dernier la journaliste avait informé la direction de la TV d'avoir été incroyablement accusée d'activités d'espionnage par l'intelligence turque pour son travail d'enquête sur la collaboration entre le régime d'Ankara et les fondamentalistes sunnites. 

Que derrière la mort 'suspecte' de la journaliste fouille-merde il y ait les services secrets turcs du Mit ou directement les jihadistes change peu. Comme l'écrivait explicitement le Telegraph, "les jihadistes de l'Etat Islamique oeuvrent à l'intérieur d'un Etat membre de l'OTAN dans des conditions d'impunité relative". 

Dans les dernières semaines plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des miliciens de l'ISIS, se promenant armés dans les villes du sud de la Turquie, ou qui montrent même celle qui est indiquée comme étant une usine d'armes de l'Etat Islamique, localisée dans le district de Reyhanli, dans la province méridionale de Antioche. Justement là où le 11 mai 2013 deux voitures chargées d'explosif ont tué des dizaines d'habitants non armés. Le régime d'Erdogan accusa de massacre d'abord les services secrets syriens et puis même une organisation d'extrême gauche turque, mais il apparut vite et clairement que les auteurs des attentats étaient plutôt les jihadistes que Ankara soutenait activement. 

http://contropiano.org/internazionale/item/27044-in-turchia-l-isis-spadroneggia-sequestri-e-omicidi

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