25 mars 2016 - par FABRIZIO POGGI
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Indicatif de l'ensemble du cours de l'histoire et même du sens général du Tribunal est le moment de la sentence, le jour du 17e anniversaire du début des bombardements de l'OTAN sur la Yougoslavie, qui causèrent 2000 victimes civiles, dont plus de 400 enfants. Le procès avait été lancé en 2009, un an après l'arrestation de Karadzic à Belgrade et son emprisonnement dans la prison néerlandaise de Scheveningen.
Comme "un canular jésuite», il écrit aujourd'hui Komsomolskaïa Pravda "a résonné dans la salle d'audience la déclaration du juge selon laquelle il sera possible de faire appel contre le verdict. Les Serbes condamnés par le Tribunal connaissent bien la valeur du recours. Le général Stanislav Galic, condamné à 20 ans, après avoir tenté de faire appel a été condamné à l'emprisonnement à vie. Le colonel Veselin Šlivančin, en appel, au lieu des 5 ans d'origine, en a eu 17. Le Croate Drazen Erdemovic, qui avait admis avoir personnellement tué plus de 120 personnes, a eu seulement 5 ans ". L'orientation anti-serbe de la Cour, écrit encore KP, est connue depuis longtemps par tous les experts impartiaux : 92 sur 142 accusés sont des Serbes ; parmi ceux-ci, seulement deux ont été acquittés, à la différence des Musulmans bosniaques (3 sur 9) et des Albanais (5 sur 9), et 32 Croates.
Parallèlement aux réactions internationales, en particulier des dirigeants serbes, qui appelle «tous les Serbes de Bosnie et Herzégovine à se battre pour leur propre république et leur propre peuple, mis en doute par le verdict", à Moscou on parle de "illégalité totale." Dès la fin de l'après-midi d'hier, l'agence Tass rapportait les paroles du vice-président de la Commission des affaires étrangères de la Douma, Leonid Kalashnikov, selon lequel "nous sommes en présence d'une condamnation absolument sans fondement. Bien que la Cour avait depuis longtemps cessé d'être en vie, elle a continué pendant plus de sept ans à garder Karadzic en garde à vue. Nous sommes en présence d'une approche totalement unilatérale des Occidentaux : les Kosovars, dont ils n'avaient plus besoin, ont été libérés depuis longtemps, tandis qu'aux Serbes, de fait, a été refusé un procès équitable. Par conséquent, ceci est un génocide. "
En parlant de génocide, l'une des principales accusations adressées à Karadzic est celle pour les faits de Srebrenitsa, l'enclave musulmane dans laquelle, selon la Cour, en 1995, les Serbes de Bosnie auraient fusillé plusieurs milliers d'hommes musulmans. Des experts internationaux ont montré depuis longtemps que, sur la base des exhumations, la plupart des cadavres présentaient des blessures reçues au combat. Depuis lors, il avait été demandé à plusieurs reprises d'enquêter en profondeur sur les massacres de civils serbes qui, justement dans la région de Srebrenitsa, avaient été commis par les milices bosniaques à partir de 1992, lorsque l'enclave avait été occupée par elles et utilisée comme tête de pont (protégée par les forces des Nations Unies, qui étaient censées désarmer les musulmans) pour leurs attaques contre le territoire contrôlé par les Serbes, avec des milliers de civils tués et des centaines de villages serbes brûlés. Sur Karadzic tombe aussi l'accusation pour les explosions dans le marché de Sarajevo, dont on connaît depuis longtemps qu'elles furent organisées par les dirigeants islamistes de Bosnie pour justifier le soutien de Clinton.
"Un tribunal pro-américain", a déclaré le vice porte-parole de la Douma et vice-président du PC russe, Ivan Melnikov. En ce qui concerne la remise du chef Serbo-bosniaque, par la direction de Belgrade à l'époque des faits, Melnikov a ajouté que "le PC russe critiqua lui aussi la remise de Karadzic à un tel tribunal et aujourd'hui, de la même façon, nous critiquons le verdict ; la raison est la même : ce n'est pas un tribunal mais une farce légale orientée politiquement pro-américaine." Le vice-président de la Commission des affaires étrangères du Conseil fédéral (Sénat), Andrei Klimov, a déclaré à l'agence Tass que la responsabilité de crimes contre l'humanité en Yougoslavie doit tomber non seulement sur les Serbes, mais aussi sur les représentants d'autres groupes ethniques, et également sur les pilotes de l'OTAN. On aurait dû convoquer à répondre aussi ces pilotes OTAN qui effectuèrent les bombardements sur la Yougoslavie, tuant la population civile en masse. Mais pour quelque raison je n'ai pas vu ces pilotes au banc de accusés, bien que l'OTAN n'avait été invitée là-bas par personne et qu'il n'y avait pas de décision du Conseil de sécurité des Nations unies. Même ceux-là étaient des crimes contre l'humanité, mais quelqu'un a-t-il vu ces criminels au tribunal ? ", a déclaré Klimov. L'agence Tass rappelait aussi comment le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dès 2012, avait accusé le Tribunal de partialité politique et doubles standards dans l'approche des cas dans lesquels sont accusés les Serbes de Bosnie et les Musulmans.
Ces derniers jours, la Sovetskaya Rossiya, donnant la nouvelle des manifestations anti-OTAN qui se sont déroulées dans plusieurs villes de l'ex-Yougoslavie pour l'anniversaire des bombardements de l'OTAN, écrivait que, malheureusement, les dirigeants de Belgrade semblent avoir oublié les victimes de ces attaques et aujourd'hui, " sur ordre de Bruxelles et pour les promesses illusoires d'entrer dans l'UE, abandonnent les Serbes du Kosovo à leur destin, diminuent les retraites et les dépenses sociales, privatisent ce qui reste de l'industrie serbe, trahissent la mémoire des victimes innocentes. " "Ce qui arrive à La Haye avec Radovan Karadzic," a déclaré à la SR le président de la République serbe en Bosnie-Herzégovine, Milorad Dodik "n'a rien à voir avec la recherche de la vérité, mais c'est seulement de la vengeance." Les témoignages entendus à La Haye, conclut la SR, ont détruit chaque tesselle des "accusations portées contre Karadzic et Mladic pour le génocide des Musulmans de Bosnie et dénouent les mythes avec lesquels a été imprimée dans l'opinion publique mondiale, la soi-disant diabolisation des Serbes."
Darja Aslamova, l'une des correspondantes de Komsomolskaya Pravda les plus attentives, rappelant certaines de ses réunions à Pale avec le poète et médecin Radovan Karadzic, pendant la guerre dans les Balkans, souligne comment "la guerre civile en Bosnie a commencé avec le massacre lors d'une cérémonie serbe de mariage à Sarajevo. Les Musulmans de Bosnie avaient le soutien de l'Occident et du monde musulman ; les Serbes de personne. Même la Russie, en dépit de déclarations en haut lieu, a refusé toute aide en armes, alors que les Musulmans de Bosnie, en trois ans de guerre, reçurent deux milliards $ pour acheter des armes. Dans le pays arrivèrent Oussama ben Laden et 4.500 combattants d'Al-Qaïda. Il y a les photos de la façon dont étaient coupées les têtes des Serbes. Tous les assassins sont connus et ils recrutent aujourd'hui de nouveaux terroristes partout dans le monde. Aucun d'entre eux n'a jamais été arrêté." Aslamova raconte comment Karadzic aurait dit, en parlant de l'isolement dans lequel l'Occident aurait forcé les Serbes, que cela aurait aidé "leur maturation. L'isolement forcé d'un peuple, comme celui des individus singuliers, le détruit, si il est spirituellement vide, ou l'élève, s'il le mérite. Les Serbes sont maintenant seuls, mais cela leur donnera la maturité spirituelle et la sagesse. Dieu sait que nous avons raison. Par moments je pense qu'il était en train de parler de nous, les Russes ", conclut Aslamova.
source :
Ajoutée le 18 août 2016 : le journaliste italien Giulietto Chiesa commente la nouvelle de la levée en mars 2016 des accusations de crimes de guerre de la Cour Pénale Internationale de La Haye à l'encontre de l'ancien président de la République de Serbie Milosevic, post mortem... une information qui n'a eu aucun écho dans les médias !!.. (vidéo en italien)