Ainsi, encore une fois, les Arméniennes et les Arméniens paieront le lourd tribut d’une guerre qu’on leur a imposée. Ainsi les deux alliés Aliev et Erdogan, ces grands « démocrates » devant leur Éternel, se régalent-ils du dépeçage d’une nation déjà fortement souffrante d’un manque de ressources. Et cela, sous le regard tourné vers d’autres cieux des États européens, la France en tête. Car, ne nous y trompons pas, les rodomontades d’Emmanuel Macron, le président de la France, au président-dictateur de la Turquie n’ont été faites que du bout des lèvres, à peine audible pour qui sait entendre la vérité de ce conflit. Surtout, ne pas se fâcher devant la manne pétrolière et gazière du pays frère de la Turquie, producteur de ces énergies se déversant en pollution sur l’Europe. Pétrole et gaz payés par le sang des Arméniens. La lâcheté encore une fois est à l’œuvre. Il aura fallu l’intervention de la Russie pour arrêter provisoirement les massacres. Provisoirement, puisque ce n’est qu’un cessez-le-feu qui a été signé par les parties en présence, et que l’on sait bien les velléités génocidaires du président-dictateur de l’Azerbaïdjan qui traite de « chiens » tous les Arméniens, qu’ils soient de l’Artsakh ou du pays même. Sans doute ignore-t-il qu’un chien qui n’aboie pas va le mordre à la gorge… Car les Arméniens ne vocifèrent pas comme les chefs de ses deux voisins de l’Est et de l’Ouest.
Que pouvait faire l’armée arménienne face à ce déferlement de haine et de technologie guerrière sophistiquée, payée par l’or noir qui circule dans ces oléoducs qu’on aurait rêvé de voir détruits ? Que pouvait faire un pays si petit face à ces géants alliés, et même doublement alliés avec l’autre puissance fournisseuse de ces armes : Israël. Entre régimes dictatoriaux et corrompus, on ne peut que bien s’entendre. Qu’importe les leçons du passé ! Qu’importe d’être aujourd’hui un État construit sur les conséquences de la Shoah ! On aurait aimé au moins que l’État Juif s’abstienne dans cette surenchère technologique, ne serait-ce que par une proximité historique.
Je reviens à la France de Monsieur Macron. Des députés ont essayé de convaincre l’État français de reconnaitre la République indépendante de l’Artsakh : indépendante et démocratique. Ne pas l’avoir fait, c’est se rendre complice des attaquants : Azerbaïdjan et Turquie. C’est se rendre complice des crimes de guerre commis par le belligérant azéri dont on peut se demander s’il sera jugé et condamné pour cela. Et que, s’il s’avère qu’il y a aussi des crimes de guerre du coté arménien, il faudra aussi les juger et les condamner : la Justice doit être impartiale.
L’accord de cessez-le-feu est hautement inéquitable, et aura des conséquences qu’on ne mesure pas aujourd’hui. Inéquitable, puisqu’il oblige l’Arménie, pays indépendant, démocratique et souverain à céder une parcelle de son territoire – conquis par la guerre donc, ce qui est interdit par le droit international, nous a-t-on répété à propos du Karabagh - pour créer un corridor reliant la Turquie à l’Azerbaïdjan via sa province du Nakhitchevan. Que deviendra le passage des convois venant de l’Iran et traversant l’Arménie ?
Il réduit également la République de l’Artsakh à une partie de son territoire historique, l’entourant des forces armées azéries sur tout le pourtour, la reliant à l’Arménie uniquement par le « corridor de Latchine ».
Monsieur Macron, dans son intervention, souhaite « un règlement politique durable qui préserve les intérêts de l’Arménie », ajoutant que « la France se tient au côté de l’Arménie ». En quoi les intérêts de l’Arménie seront-ils préservés avec ce dépeçage ? Et que signifie cette larme à l’œil du président envers ce pays désormais isolé pour lequel il a tout juste levé un petit doigt timide, ou honteux peut-être ? Se dire « Ami de l’Arménie » aurait impliqué un engagement de fermeté envers la Turquie et l’Azerbaïdjan, et un retrait immédiat des échanges commerciaux avec ces deux pays. Rien de tout cela n’a été fait, publiquement s’entend, et malgré les attentes de la diaspora française.
Il ne s’agit surtout pas de rendre coupable de trahison le Premier Ministre Nikol Pachinian. Sa position est bien difficile et son choix est juste, car il permet d’éviter un plus grand massacre de la jeunesse arménienne. Dans cette guerre inégale, les Arméniens ont été plus que courageux, ils ont été de bons tacticiens pour contrer les attaques, abattre les drones ultrasophistiqués de leur ennemi. Les mécontents sont ceux qui régnaient auparavant dans cette Arménie corrompue par ces oligarques qui veulent reprendre le pouvoir. Ce n’est pas le moment de se battre politiquement entre partis rivaux. L’unité du peuple arménien est l’urgence absolue face à l’Azerbaïdjan qui serait trop heureux de réenclencher la guerre, autrement sans doute, et malgré les soldats russes déployés dans la région.
Le rêve d’un empire turc ou turcophone est donc acté par cet accord. Il sera possible de se rendre de Constantinople quasiment jusqu’aux frontières de la Mongolie d’une seule traite en ligne directe sans devoir éviter tel ou tel endroit. Erdogan a réussi à mettre la communauté internationale à genoux devant lui, cela malgré ses propos haineux, notamment envers la France et son président. Pendant ce temps, Aliev remet ses habits civils après avoir paradé en tenue kaki en envoyant sa jeunesse se faire massacrer. Il n’y a rien de glorieux à cela. Les héros sont désincarnés et ces gouvernants, avec leur puissance, se couvrent de ridicule en assénant « une leçon » à plus petit que soi (pour rappel : 3 millions d’habitants pour l’Arménie contre près de 100 millions pour l’Azerbaïdjan et la Turquie réunis).
Désormais la guerre permet des gains territoriaux. Riez, braves gens, riez, riez encore et toujours, les gouvernants de ce monde se moquent bien des peuples.