A l’heure ou les uns et les autres s’affrontent, par la rue, au sujet de la réforme des retraites les vraies questions ne sont pas traitées et le plus petit début d’une information minimum sur ce sujet n’est pas disponible. La première des questions étant : est-ce vraiment le rôle de l'état de garantir le niveau de vie des plus aisés une fois passé l'age de la retraite ?
En effet, avant de s’écharper sur l’âge de départ et celui permettant d’accéder à une retraite à taux plein, peut-être devrions-nous commencer par demander a l’Etat de nous donner un minimum d’information sur ce que touche réellement les retraités. Ceux qui sont aujourd’hui à la retraite. Au minimum devrions-nous connaître les niveaux de retraite des français actuellement à la retraite, par CSP (catégories sociaux-professionnelles) par exemple et par quintile. En moyenne un ancien ouvrier à la retraite touche tant par mois et 20% d’entre eux touchent moins de tant, 20% plus de tant. Idem pour les artisans, les profs, les agriculteurs, les militaires, les employés de banques, les cadres supérieurs ... Par sexe si possible également puisque l’inégalité de traitement homme-femme face à la retraite fait tant recette auprès de l’opinion publique. Avec pour chaque catégorie, en moyenne, ce que cela représente en pourcentage de leurs meilleures 20 années de salaire (primes comprises et actualisées) puisque c’est une référence que tout le monde admet.
Ces chiffes sont indispensables au débat et permettraient de cadrer un débat qui n’a pas de sens sans un minimum de connaissances. Qu’est-ce qu’une démocratie sans connaissances ?
Au-delà de ça on pourrait également se demander pourquoi les départs volontaires anticipés (je décide de partir à la retraite alors que je n’ai pas tous mes trimestres mais j’accepte en contrepartie de recevoir une retraite plus faible) sont autant pénalisés. Pour chaque trimestre manquant c’est 1.25% des droits qui sont supprimés, alors que sur la base d’un objectif de 42 années de cotisations un trimestre représente 0.6% du total des trimestres. Si vous prenez votre retraite avec 5 années de cotisations manquantes vous perdez 25% de votre retraite. C’est peut-être un peu cher payé. D’autant plus qu’un grand nombre de salariés ayant l’Etat comme employeur subissent des décotes nettement moins fortes s’ils décident de prendre leur retraite par anticipation. En fin de carrière on va préférer vous payer 5 ans de chômage et de minima sociaux pour que vous puissiez compléter vos trimestres plutôt que de vous laisser partir en retraite plus tôt avec une pénalité moins décourageante. Ceci fait-il vraiment du sens ? N’est-ce pas simplement une manière d’améliorer l’état des comptes de « la retraite » au détriment des comptes du système d’indemnisation du chômage.
On pourrait également se poser une question de fonds sur les retraites : est-ce vraiment le rôle de l’état, via les organismes sociaux, de garantir le niveau de vie des plus privilégiés une fois qu’ils sont à la retraite ? Car à la fin il s’agit bien de ça ! Plus votre vie professionnelle a été couronnée de succès, sans embuche, plus la nation vous versera une retraite élevée. Si vous avez connu des difficultés, ne vous inquiétez pas quelle que soit la branche dans laquelle vous étiez vous serez au minimum vieillesse Est-ce vraiment ce que nous attendons de la solidarité nationale ? Donner plus à ceux qui ont su s’en sortir plus facilement et moins à ceux qui ont eu des difficultés.
Voilà peut-être la vraie réforme des retraites que tout le monde attend : la même retraite pour tout le monde (la part obtenue de la solidarité nationale) et que les plus aisés, ceux qui gagnent le plus se débrouillent pour mettre de l’argent de coté pour garantir leur niveau de vie dans leurs vieux jours, ce n’est pas à l’Etat de garantir ce type de droits.
Evidemment vous me direz tous ces braves gens, dont je fais partie, ont cotisé, ils ont le droit à une retraite plus élevée puisqu’ils ont acquis ce droit via leurs cotisations passées. C’est vrai et c’est juste alors on y va doucement : les retraites versés par l’état (caisse d’assurance vieillesse et systèmes spéciaux pour les agents de l’Etat, y compris les hommes politiques) ne sont pas tous plafonnés. On commence donc par là : mettre un plafond unique pour toutes les retraites versées par des organismes publiques (4 000/3 000 euros par mois ?) et tous les ans on le baisse de 200/100 euros en même temps qu’on remonte le minimum vieillesse jusqu’à arriver à une retraite commune unique, la même pour tout ceux qui ont les 40 (ou 42, à ce niveau de réforme c’est un détail) années de cotisation (800/1000 euros par mois ?).
En contrepartie on cesse dès à présent de cotiser au-delà d’un certain revenu (3 000 euros par mois ?) ou on met en place des cotisations décroissantes avec le niveau de revenu (on en profite pour inclure les revenus du capital et toute autre forme de revenu). Voilà un système simple, compréhensible par tous, non anxiogène (je sais combien j’aurais sans difficulté) mais surtout juste et solidaire. En effet, ceux qui s’en sortent professionnellement le mieux cotiseront plus que ceux qui ont du mal et à la fin tout le monde reçoit la même chose de la solidarité nationale. Et l’Etat est enfin à sa place et pourra se consacrer à ses taches essentielles : l’éducation, la santé, le respect des droits élémentaires. Le job de l’état n’est pas de garantir le niveau de vie des plus aisés en mettant les plus nécessiteux au minimum vieillesse.
Quitte à organiser un référendum sur les retraites, voilà ce que pourrait-être l’objet de se référendum : Voulez-vous la même retraite pour tous, employés du privé, fonctionnaires, ouvriers, cadres, dirigeants, hommes politiques … ? Charge à l’Etat ensuite de mettre en œuvre la réforme voulue par les français sur 15 ou 25 ans de manière à ne pas trop brusquer les mieux lotis …