J'y suis (mon regard sur le mouvement des gilets jaunes) et je n'y reste pas très longtemps, le monde bouge, et par temps froid, le danger, c'est l'immobilité.
Trois leçons
1° une leçon d'efficacité. C'est la première fois depuis longtemps que les gouvernants reculent.
> Courage physique des acteurs, visibilité, ténacité, des moyens simples pour exprimer son soutien, cet ensemble d'ingrédients fonctionne bien.
2° une leçon de faire ensemble tout en gardant chacun ses opinions
> accepter des opinions qui évoluent (au lieu de les fixer et de les considérer dans leur immobilité comme des passeports qu'on vérifie ou des têtes de turcs à assommer),
> ne pas procéder par préalables, mais par adhésion chacun à son rythme.
3° Inverser le mouvement ( de recul depuis au moins trois décennies) vers la justice sociale et vers plus d'égalité reste un objectif mobilisateur
Des risques
1° de créer sur le terrain un union à l'italienne dont les plus expérimentés en politique (c'est à dire l'extrême droite) vont tirer les marrons du feu
2° de participer à la déconsidération des partis politiques et des syndicats (croire que le peuple a quelque chose à gagner en réduisant le dialogue avec les gouvernants à la seule spontanéité populaire.
3° de laisser croire que l'action violente est seule capable de changer les rapports de force (or la violence est toujours facile à dénoncer pour les gouvernants)
4° de laisser croire que penser et agir s'opposent inévitablement
5° Je n'ai pas vu d'immigrés d'origine africaine dans ces manifestations (???)
Un enseignement
Les gouvernants refusent l'expression démocratique des manifestations, c'est à dire ce mode d'expression qui consiste à opposer aux intérêts des possédants (forcément une minorité), le nombre important des dépossédés, ( ceux qui manifestent)
> en utilisant la police pour casser l'effet de nombre des manifestants qui révèle l'étendu du mécontentement
> en utilisant la presse pour relayer des intimidations et des menaces, et pour la concentration de l'image sur les inévitables “casseurs”
> En accentuant et en contribuant à créer des effets de colère qui mettent les sens de l'action des manifestants au second plan
> en laissant quelques miettes pas trop difficiles à reprendre.
Le président va-t-il faire un pas de côté ou va-t-il s'engouffrer sur les pas de ses prédécesseurs bisons futés, tête baissée contre le peuple.
Ma conclusion personnelle
Tenter d'influer sur ce que devient ce mouvement ouvert, peser sur le plateau démocratique de la balance plutôt que de lui demander de montrer patte blanche. Ne pas les laisser seuls !
Quelques points de vue me semblent ouvrir les questions.
Laurent Mucchielli : Comment analyser sociologiquement la colère des Gilets Jaunes?
Arno Bertina: «Le chaos déverrouille quelque chose dans nos sociétés»
Alain Bertho: «Il ne s’agit pas d’un simple mouvement social»
de Dominique Boullier L'incroyable faillite du maintien de l'ordre macronien