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Billet de blog 11 mars 2019

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Ce que je n'ai pas su dire à Edwy Plenel, hier à Cucuron

Au terme des discussions qui ont eu lieu avec Edwy Plenel après la projection du film réalisé par Naruna Kaplan De Macedo sur le portrait d'une rédaction pendant les élections présidentielles de 2017, Je suis resté sur ma faim.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis resté sur ma faim car après des images et des préoccupations qui me donnaient le sentiment de remonter à la préhistoire macroniène, j'attendais de la discussion qu'elle nous ramène au présent.
Je n'ai pas su trouver les mots sur place, je les écrit ici.

J'ai bien apprécié la jeunesse de l'équipe et le libre échange de points de vue de cette rédaction

Mais le présent de l'actualité est trop présent pour moi : le présent, c'est le consentement à la violence policière d'une large couche de population.
Nous sommes restés dans l'intemporel de questions administrativo législatives ou cuisino journalistiques dont je reconnais toute l'importance mais dont toute l'actualité nous montre à quel point cela pèse peu sur les pratiques gouvernementales comme sur les actions et réactions populaires.
Les ex-présidents ne sont inquiétés que dans les gens de cour qui leur ont obéi, la corruption de hauts fonctionnaires se confond avec celle du haut patronat, les hautes pensées et les hautes valeurs voltigent sans le moindre contact avec la réalité, les privatisations continuent à prendre dans la poche des pauvres pour donner aux riches et ceux qui tentent de résister à ce rouleau compresseur le font au risque d'y perdre un oeil ou une main, d'être matraqué pour division préventive des manifestations, emprisonnés par une justice de classe qui ne prend même plus la peine de se masquer.
Les grands médias (sauf Médiapart que nous pouvons désormais classer dans ce groupe de grands médias) sont à qui utilisera le plus souvent le terme de poujadisme, glissera le plus fréquemment le terme de populiste, évoquera la haine des journalistes et la haine des intellectuels, sous entendu la haine de la pensée (terme sous lequel surnage la bouillie assaisonnée de chiffres des experts, des sondeurs et des prédicateurs politiques).
Or ce qui me paraît être aujourd'hui au premier plan de l'actualité est autrement plus important : c'est la banalisation du mal, c'est la facilité avec laquelle quelques images de large diffusion suffisent à faire admettre les violences policières de type militaire et dans le plus pur esprit de l'extrême droite, par de large fractions de la population.
Le film montre une rédaction de Médiapart décidant de faire du barrage à l'extrême droite aux élections présidentielles une grande cause nationale à laquelle ceux qui se dérobent sont stigmatisés à long terme.
Ne serait-il pas nécessaire de faire une grande cause nationale de la défense du droit de manifester pacifiquement, de la dénonciation de la terreur comme mode de gestion des manifestations, du droit de réaliser le débat là où les injustices et les corruptions le pose ?
J'entends d'ici mes amis Ukrainiens ou Bosniaques me dire que la vraie terreur est autrement plus sauvage, qu'on y tire à balles réelles, que les gens disparaissent, qu'on se sert des familles pour intimider les contestataires… Erdogan ou Poutine ne sont jamais à un mort près dans le genre colonisation intérieure, Natanayou n'a guère plus de scrupule dans sa politique de colonisation des territoires palestiniens. Les journalistes donnent encore quelques fois la parole à des opposants, même s'ils les interrompent toutes les trois secondes.
Oui, mais c'est bien parce que des gens se sont battus, parce que de petits morceaux de démocratie ont été arrachés que notre pays ( merci à tous ceux qui le rappellent jour après jour dans les colonnes de Médiapart, Vingtras en tête) ne ressemble pas encore à ceux qui n'ont jamais laissé passer une once de démocratie dans les interstices de leur histoire.
Traduisant ces derniers jours des lettres de ma mère datant de l'été 1935, je constate que nombreux ont été ceux qui n'ont pas été davantage indignés lorsque le gouvernement Laval, à Brest ou à Toulon a fait tirer sur la foule des ouvriers dont le salaire venait d'être baissé de 10 à 15%.
N'est-il pas urgent de mobiliser toutes les intelligences et toutes les énergies pour stopper la dérive des pratiques gouvernementales réelles d'extrême droite qui n'attendent pas l'élection d'un des leurs à la tête de l'Etat pour transformer la vie politique du pays en guerre civile larvée.

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