Mon véhicule serait-il une exception du parc automobile d’aujourd’hui ? Le coût pharaonique des entretiens, les pannes à répétition seraient ils dus à une extrême malchance : la voiture qui dans une série extrêmement fiable serait l’exception qui présente quelques problèmes ?
Les abonnés de Médiapart utilisateurs de voitures constituent sans doute un échantillon représentatif des automobilistes et je fais ici appel à leur témoignage.
J’ai bien conscience d’être un privilégié, et de soulever ici une question que certains jugeront misérable : les dépenses liées aux pannes et entretien de mon automobile avec en contrepoint, la dangerosité de certaines pannes nouvelles.
J’entends d’ici ceux qui vont me conseiller la marche à pied ou les transports en commun, au pire la bicyclette, le solex ou la trottinette. Mais voilà j’habite à 5 Km de l’épicerie la plus proche et j’aime bien traîner derrière moi ma maison caravane pour découvrir qu’à côté des villes il y a encore beaucoup d’étonnants espaces.
Dans les années 50, mon père s’occupait d’un garage où les relativement rares automobilistes de l’époque venaient protéger leur véhicule quand ils ne s’en servaient pas. Il y en avait ainsi une centaine, à quelques pas du lycée où je menais mes études à Marseille.
Le souvenir qu’il m’en reste est celui des voitures qui refusaient de démarrer le matin, et la voix de mon père qui avant même d’ouvrir le capot affirmait à l’oreille : “carburateur bouché”, ou bien “c’est la vis platinée” ou bien encore “c’est la batterie”… Et rares étaient les matins où tout le monde démarrait du premier coup.
La panne était un élément consubstantiel de l’automobile et nul n’était surpris quand vers les 50 000 Km le joint de culasse s’affalait sur ses bases ou qu’une bielle coulait. Mais rares étaient ceux à cette époque qui roulaient plus de 10 000 Km par an.
Le constat que je fais aujourd’hui avec mon propre véhicule, c’est que les pannes sont en train de redevenir aussi fréquentes qu’à cette époque-là. Ce ne sont plus les mêmes pannes. Yen a-t-il moins ?
Je compare cet état de faits aux cinq véhicules précédents avec lesquels j’ai circulé : chacun des cinq a effectué sans aucune panne plus de 300 000 Km (travaillant jusqu’à la retraite entre Montpellier et Nice je roulais beaucoup). Les entretiens périodiques avec quelques remplacements de pneus, de freins ou de batterie, me revenaient dans les années 2008/2009 environ 500 € par an (en dehors de l’amortissement du véhicule et du prix du carburant).
En 2012, une erreur de diagnostic sur un véhicule qui avait environ 350 000 KM au compteur m’a amené à le remplacer par une occasion (C4 Picasso de 2008).
Le coût annuel entretien + pannes ( pour un kilométrage réduit de moitié par rapport à 2008) est passé à 1350 en 2012, à 1550 en 2013, à 1850 en 2014.
Je n’y ajoute pas le prix du timbre pour répondre aux multiples “ enquêtes de satisfaction “ auxquelles par principe je ne répond jamais. Ni le prix des relations conflictuelles avec les radars, sujet déjà abordé par l’ami Boudinovitch.
Les pannes sont presque toutes des pannes de capteurs. Les capteurs, ce sont, outre un formidable moyen de mise au chômage massive des mécaniciens, un outil de communication entre l’ordinateur de bord et les différents organes du véhicule. Chacune des pannes de capteur revient entre 300 et 400 €.
Et chaque fois un expert en blouse blanche vient me dire avec une grimace appropriée que dans les séries il y a toujours quelques pièces qui ont des défauts, et que la marque impose de changer tout le faisceau électrique par souci de sécurité. Vous comprenez nous ne sommes pas des chiapacans, notre travail est garanti. D’où le prix qui peut surprendre un client non averti.
Le dernier capteur qui s’est mis en panne a stoppé le véhicule en plein milieu d’une rue où par chance peu de véhicules roulaient à cette heure-là, le frein à main s’est bloqué automatiquement. Imaginez que cela arrive sur l’autoroute alors que vous roulez sur la troisième file ou sur une de ces grandes nationales merdicisées pour envoyer des clients sur l’autoroute, ou sur le Vieux Port à six heures du soir.
Si je suis seul dans mon cas, bien sûr, je remets ma chanson dans ma guitare et mon billet dans son clavier.
Si nous sommes nombreux, il faut que cela se sache.