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Billet de blog 25 septembre 2009

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La vigilance démocratique racontée aux enfants

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L’empereur cafardissime

Conte écrit par K Tchoukovski

En 1953 à la mort de Staline

traduit du russe par Serge Koulberg

Les ours en goguette

roulent à bicyclette

Le chat à l'envers

suit juste derrière

Puis viennent les moustiques

sur un ballon en plastique

Les écrevisses chenapans

sur un chien clopin-clopant

Les loups avec jument pour monture

et les lions dans une voiture

Les petits lapins

dans un petit train

La grenouille olé olé

à cheval sur un balai

Tout ce monde

dans la ronde

Tourne, rit et roule avec délice

en mangeant du pain d'épice.

Sous le fer d'une porte cochère

soudainement sort un géant.

Moustachu, roux et sévère

Gros cafard sérénissime

Gros cafard cafardissime.

Il se met à hurler, à rugir,

ses moustaches il fait frémir :

" Arrêtez ! Pas la peine de filer !

Je vais tous vous avaler.

En une bouchée, pas de quartier,

je vais tous vous avaler !

Les animaux entrèrent en transe

ils perdirent connaissance.

Les loups entre frères et sœurs

se mangèrent de terreur.

Le crocodile de trouille

en avala la grenouille.

L'éléphant plein de frisson

s'assit sur le hérisson.

Seuls les écrevisses, gens farceurs

de la bagarre n'ont pas peur.

Cependant elles reculent

en jouant des mandibules

et en criant au moustachu :

" Cesse de mugir, de hurler,

nous avons nous aussi des moustaches

nous savons nous aussi que l'on sache

avec elles gesticuler!" Mais avec prudence

elles prennent quelques distances.

Puis l'hippopotame à la langue bien agile

dit à la baleine, dit au crocodile :

" Qui ce criminel ne craindra

qui avec ce monstre se mesurera

ce preux-là deux grenouilles méritera

et aussi une pomme de pin!"

" Crois-tu qu'il nous fait peur ?

Ton colosse, ton agresseur ?

Nous le prendrons à coup de dents,

nous le prendrons à coup de cornes

à coups de sabots nous le prendrons !

Et voilà les gais lurons

qui s'équipent et montent au front.

Mais à la vue du moustachu

oh lu lu

à toutes jambes ont disparu

oh la la lu !

Dans la plaine et la forêt

ils se sont tous éclipsés.

Les moustaches du cafard

les ont tous terrorisés.

L'hippopotame est en fureur :

" Quelle honte ! Quel déshonneur !

Dites donc rhinocéros

vous les béliers, vous les taureaux

sortez donc de vos tanières

pour pourfendre l'adversaire !"

"Mais…" répondent les encornés

des profondeurs de leurs tanières

"Nous l'aurions bien éventré

de nos cornes traversé...

mais notre peau nous est chère

et les cornes sur le marché

valent cher

Les voilà tous calfeutrés

tous tremblants dans les fourrés

dans les mares se sont tapis

par petits tas cherchant abris.

Le crocodile déconfit

s'est plongé dans les orties

l'éléphant dans le canal,

tous se sauvent tant bien que mal.

Reste un bruit de dents qui claquent

une image d'oreilles qui tremblent.

Quant aux singes, si malins,

valise et linge à la main

sans tambour ni trompette

ils prennent la poudre d'escampette.

Même s'esquive le requin, le coquin

le voilà en guise d'adieu

qui frétille de la queue.

Le gros cafard est donc vainqueur

des plaines, des forêts

empereur !

Les animaux au moustachu

se sont soumis.

"Qu'il crève enfin le maudit!"

Mais voilà qui vite est dit.

Et lui, sans scrupule, parmi ses sujets

déambule et caresse son ventre doré :

"Apportez-moi donc, animaux, vos enfants,

je les mangerai au dîner en rentrant!"

Pauvres animaux ! Pauvres bêtes!

Elles hurlent, elles pleurent,

et au fond de chaque tanière

on maudit le monstre cruel.

Y a-t-il une seule mère

qui puisse accepter de donner

son petit, le fruit de sa chair,

son ourson, son agneau, son poney ,

pour laisser ce croque-mitaine

torturer ces petits si gracieux ?

Elles pleurent, elles hurlent leur peine,

aux enfants elles font leurs adieux.

Un beau matin malgré tout

accourut un kangourou.

Ayant vu le moustachu

il s'écria tout ému :

" Est-ce là votre géant,

ha,ha,ha !

C'est un cafard tout simplement

ha,ha,ha !

Gros cafard sérénissime

Gros cafard cafardissime

c'est un frêle moucheron

c'est à peine un puceron !

N'avez-vous donc pas de honte ?

N'êtes-vous pas des mastodontes ?

Avec des canines affreuses

et des cornes vigoureuses ?

Devant ce puceron

allez-vous donc vous démettre ?

Au mollusque allez-vous

vous soumettre ?

S'alarmèrent les mastodontes :

" Ça va pas ? Mais tais-toi donc !

Allez ouste, du vent l'affreux !

Tu mets de l'huile sur le feu !

Mais soudain de derrière les rameaux,

de la forêt bleue lointaine,

du plus loin, venu des plaines

atterrit un petit oiseau.

Hop, hop, hop, cui cui cui,

Hop, hop, hop, cui cui cui,

Le cafard il a mangé

du géant n'est rien resté !

Vive le sort qui lui échut

plus de moustaches

plus de moustachu !

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