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Président, vous n’aimez pas les gens.
Commencer par ce constat peut surprendre mais il est précis, sans détour. Imparable. Une gifle infligée au pays. Vous n’aimez pas les gens. Ou alors silencieux. Dociles. Au pas. Rampants. Vous ne les voyez pas. Vous ne les voyez plus. Vous semblez ne rien voir du reste. Pas plus les paysages de France que les gens qui y vivent.
Vous n’aimez pas les gens.
Vos mots claquent comme les coups secs du fouet. Ils n’autorisent aucune réponse, aucun retour. Jamais. La gifle toujours la gifle. Et le silence. Le silence des autres que vous exigez. Les autres que vous n’aimez pas.
Ceux qui regardaient hier votre prêche sentencieux face à deux hologrammes journalistiques, n’en revinrent pas. Ce n’était plus l’arrogance qui fait votre ordinaire mais la menace, l’intimidation, le mensonge, la remontrance, et encore la menace et le rappel à l’ordre, l’ordre bourgeois bien sûr, conjuguant obéissance au président, résignation face aux puissants. Vous choisissez le régime policier à la paix civile. Choix funeste !
Vous n’aimez pas les gens.
Menace contre les syndicats, contre notre jeunesse, contre des « factieux » - qui sont-ils? Nommez les !- , contre les ouvriers ceux des première et seconde lignes, ceux du front en temps de crise, ceux qui, de jour comme de nuit travaillent, avancent, rêvent à des jours meilleurs et qui inquiets, unis, mobilisés ne formulent qu’une demande, une seule, essentielle : le retrait de ce texte scélérat. Votre réponse ? Un non rapide furtif et net. Circulez. On continue.
Vous n’aimez pas les gens.
Que vous a donc fait la France pour tant dévaluer son peuple qui ne s’y attendait pas ? Nos voisins ne comprennent plus. De Berlin à Londres, de Bruxelles à Madrid, on s’interroge, on s’inquiète. Qu’a-t-il donc ce champion ? Est-il souffrant peut-être ? Un tel entêtement tourne à l’obsession. Suffit-il de quelques minutes hier à la télévision pour jeter à la face de toutes et tous des mots injurieux, blessants. Pourquoi ? Aveugle et sourd, vous ignorez absolument l’existence des gens, les replis sensibles de leur vie. Injurieux et dégradant. Pourquoi ?
Vous n’aimez pas les gens.
Et la colère s’installe. Et vous l’attisez et vous continuez, et vous vous répétez et allez, et encore… Qu’on « aille vous chercher ». Vous ne comprenez plus rien. Vous larguez les amarres. Et les gens n’écoutent plus. Ils vous disent compter chaque jour l’inflation galopante, les salaires à l’arrêt, les services publics sinistrés. Que répondez-vous ? Trimer et crever. Est-ce ainsi que les hommes « doivent » vivre ? Aucun doute. C’est non. Mille fois non !
Vous n’aimez pas les gens.
Avec vous finalement rien de beau, de doux, de calme ne subsiste. Tout se dégrade, agresse, souille et méprise. Récrivant Dante vous dites aux Français : « Vous qui vivez [en France] abandonnez toute espérance. » Mais c’est à l’inverse qu’aspire le pays. Vous faites fi de la sagesse du chef d’État qui n’est pas roi ni dieu en France mais élu par le peuple qui reste, ne vous en déplaise, le souverain et non le souillon braillard que vous peignez. Votre pouvoir reste légal strictement légal. Légitime ? Beaucoup s’interrogent et en douteront tant il est vrai qu’il faut aimer les gens pour gouverner la France. Et sur ce point, aucun doute n’est permis, vous avez failli.