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Billet de blog 14 juin 2010

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Des nouvelles du paradis (Tahiti)

Pendant que les médias nationaux n'ont d'yeux que pour les terrains de foot Sud-africains de la coupe du monde, la Polynésie française est paralysée par une grève générale depuis vendredi.

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Pendant que les médias nationaux n'ont d'yeux que pour les terrains de foot Sud-africains de la coupe du monde, la Polynésie française est paralysée par une grève générale depuis vendredi.

Les revendications sont vastes : les syndicalistes demandent la mise en place d'une caisse de chômage, inexistante ici, la fin des "licenciements massifs", le remboursement par l'Etat des sommes dues à la CPS, la sécurité sociale locale, pour les soins des anciens travailleurs malades du CEP ou encore que l'Etat tienne sa parole à propos d'un régime alternatif à l'ITR, ces ex sur-retraites des fonctionnaires d'Etat outre-mer.

Depuis vendredi, les négociations piétinent. Les administrations sont bloquées. Les vols internationaux sont rendus impossibles à cause d'une poignée de pompiers en grève à l'aéroport de Tahiti qui ne permettent aux avions de décoller ou d'atterrir. Et dimanche, près de 3500 passagers, touristes ou résidants étaient toujours bloqués à Paris, Los Angeles, Tahiti ou ailleurs.

La mobilisation n'est pourtant pas très forte et les syndicalistes subissent la même défiance que les politiques. Mais l'un des leaders du mouvement, Patrick Galenon, du syndicat CSTP-FO, reconnaissait que le niveau de la mobilisation n'avait aucune d'importance. La veille de la grève, il estimait que le mouvement pourrait durer plus de dix jours.

Les négociations ont débuté jeudi soir dernier, et ont repris le lendemain à 11 heures, juste après la fin du match de l'équipe de France (comme le reconnaissent certains syndicalistes). Les négociations n'ont ensuite repris que samedi soir, après que le président du Pays, Gaston Tong Sang se soit rendu sur l'ile de Tubuai, pour constater l'avancée des travaux de reconstruction après le passage dévastateur du cyclone Oli, début février, et qu'il ait assisté à l'élection de Miss Dragon, la reine de beauté de la communauté chinoise...

Ces dernières semaines, l'actualité a été marquée par les difficultés financières extrêmes du Pays, le président du Pays reconnaissant même que les salaires des fonctionnaires ont failli ne pas être versés. Auparavant, on parlait de crise économique qui s'accélère et du nombre d'emplois perdu. Début mars, une étude sur la pauvreté réalisée par deux chercheurs de l'INSEE et de l'IRD soulignait les inégalités sociales grandissantes et le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté s'élevant à près de 30% des ménages polynésiens. La Polynésie a perdu 15% de touristes au mois de mars 2010 par rapport à mars 2009, alors même que l'année dernière était une année particulièrement noire pour le tourisme en Polynésie.

Côté politique, le gouvernement Tong Sang continue à survivre mais sans majorité à l'assemblée. Du coup, l'opposition menée Gaston Flosse et par l'UPLD d'Oscar Temaru ralentit l'examen de tout projet. Et l'on imagine une nouvelle fois la main de Gaston Flosse derrière ces blocages politiques et syndicaux dans un pays patient, mais exsangue.

Les commentaires de colère se multiplient ces derniers jours sur Internet ou sur les répondeurs des radios.

Les esprits s'échauffent, on évoque un durcissement du mouvement.

L'Etat, de son côté, est aux abonnés absents.

PS : le mois dernier, on apprenait qu'il y a une vingtaine d'années, Gaston Flosse, maire de la commune de Pirae, avait fait installer une station de pompage pour sa résidence de l'époque, au frais de la mairie. Depuis, une vingtaine de foyers s'y sont raccordés. Depuis, ni Gaston Flosse ni ses voisins raccordés n'auraient payé leurs factures d'eau. Selon les comptes-rendus du conseil municipal, sa consommation en eau est 15 fois supérieure à la moyenne. L'actuelle équipe municipale a décidé de porter plainte.

On apprenait également que Gaston Flosse avait fait installer l'éclairage public sur une servitude...privée, qui mène à son actuelle demeure. Toujours aux frais de la mairie!

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