Disons le tout de suite, je ne suis pas journaliste ; je n'ai pas fait d'école de journalisme ; je n'ai pas de prétention à l'être ou le devenir. Mais ! Je suis un lecteur, un auditeur ou un téléspectateur et là, permettez-moi mesdames et messieurs les journalistes d'avoir une petite idée de ce que j'attends comme production de votre part. Là, vous ne pourrez contester ma légitimité de client (pourtant un affreux mot) !
Souvent j'entends discuter savamment de journalisme anglo-saxon qui collecte les faits et les chiffres contre un journalisme d'opinion qui sert une soupe politique et tord la réalité pour qu'elle s'ajuste aux doctrines. Mais que puis-je observer ? Que nos partisans de l'approche anglo-saxonne sélectionnent prudemment ou intentionnellement les faits et chiffres qu'ils vont commenter et "analyser" afin de mettre en exergue certaines tendances puis d'abonder dans le sens qui leur convient. Alors qu'ils démentent être de parti-pris ! Un B. Couturier nous fait alors bien rire, jaune.
En réaction, je voudrais formuler ce que serait pour moi, un "bon" journaliste ! Un honnête homme sage et tempéré qui se fixe à lui-même une ligne de conduite éthique :
- il cherche toujours à identifier les causes, sans restriction, des phénomènes observés ;
- il s'efforce sans cesse d'élargir sa vision : les domaines connexes, les zones géographiques alentour et sur l'axe temporel (historique, rétrospective et prospective) ;
- il recherche et collecte les éléments à décharge tout autant qu'à charge quand il commente les résultats d'un gouvernement ou d'une personne et alimente son sujet en visant un équilibre ; avant de se "ranger" à une opinion, il cherche à évaluer les parts du pour et du contre ;
- il s'interroge en permanence sur son implication au regard du facteur observé : ce qu'il aurait à y gagner ; ce qu'il aurait à y perdre et comment il peut s’honorer à éviter défendre ou servir ses intérêts propres ;
- il valorise tous ceux qui sont porteurs d'une opinion différente de celle qu'il pourrait avoir spontanément afin de comprendre les spécificités de leurs points de vue et ce qui peut les renforcer dans leur opinion afin d'élargir sa propre perception ;
- il ne se laisse jamais aller à la facilité et exerce systématiquement son autocritique !
Est-ce si compliqué ? N'est-ce pas personnellement valorisant et intellectuellement stimulant ?
Mesdames et messieurs qui publiez dans la presse, vos clients en attendent tellement plus de vous ! Au plaisir renouvelé de vous lire.