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Billet de blog 15 septembre 2013

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Les médias au service du conformisme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chaque jour, les médias me sont un énervement. D'abord par le choix des invités, la plupart issus de la nomenklatura économique et sociale (ce jour, le baron Seillière invité comme "Grand Témoin" au journal de la mi-journée sur France Culture - un vieil héritier sans scrupule, énarque à tout faire, peut bien nous parler de la Syrie !). Ensuite par les partis-pris permanents des chroniqueurs (issus de la même nomenklatura) qui renoncent toujours au doute, à l'examen des thèses opposées et à l'idée de "compromis" (synthèse) en tranchant toujours dans un sens unique - celui de la pensée ainsi qualifiée, la doxa libérale dont ils nous rebattent les oreilles à chaque chronique.

Et puis observons le aussi, tout cela se passe sans aucun état d'âme, sans aucun trouble personnel, comme si cette appropriation était normale. Ainsi Mme Okrent rempile, à l'heure sonnée de la retraite, pour une émission sur France Culture, parrainée par Courrier International... Une évidence de notre République aristocratique : le haut personnel bien en vue des médias se comporte comme les propriétaires de charges de l'Ancien Régime. Les jeunes peuvent attendre le décès des vieux pour prétendre à l'héritage et à une part du gâteau !

A côté de cela, les voix les plus lucides et franches, trop discordantes comme celles de Schneidermann ou Kempf, sont isolées des grands médias dans lesquels des B. Couturier règnent avec un aplomb total. Apparemment, la caste des journalistes, entièrement mobilisés par leur carrière, ne réagit guère. Ils se rangent docilement aux ordres ou au plaisir de leurs directions... Là encore, toujours les mêmes, pas même inquiétés par la gauche revenue au pouvoir. Citons Olivier Poivre (le frère de PPDA), J-Luc Hesse et Ph. Val qui battent gentiment la mesure de ces ondes si conformistes. Et pour couronner le tout, la nouvelle directrice du Monde semble bien pâle au vu des éditoriaux de son titre ex "de référence" qui égrainent quotidiennement toutes les platitudes morales (entendez bien au service de l'Occident libéral) surannées.

Comment voudrait-on que les médias mobilisent les énergies ou soutiennent ou même laissent simplement entrevoir des pistes nouvelles, des choix originaux, des idées différentes ? Ils sont dans les mains d'une petite "élite", confortablement assise sur ses prérogatives et son réseau et dont l'ambition se borne à la seule notion de statu quo : "pourvou que ça dourre" ! Les mots d'ordre sans cesse martelés sont : effort, réformes du marché du travail, croissance, compétitivité, politique de l'offre, circulation des marchandises et des capitaux... Et si les résultats pour le commun des mortels ne sont toujours pas d'actualité (cela fait des années et même des décennies qu'ils ne le sont pas - et ne le seront très probablement jamais), c'est toujours l'optimisme forcé ou la méthode Coué qui triomphent... Le "ralentissement de la progression" du chômage fait alors retentir les trompettes de l'autosatisfaction ! On attend une reprise du marché de l'automobile et une augmentation des ventes des constructeurs français, une "embellie", un peu comme le soleil après la pluie : ne serait-ce pas dans l'ordre des choses ?

Si l'ont veut un jour véritablement sortir de l'ornière (si tant est que cela soit possible eu égard aux forces inertielles en présence), il faudrait d'abord que les médias ouvrent leur champ d'analyse et tiennent les citoyens pour des acteurs responsables de leur destin. Nous en sommes si loin... Même dans les supports de "haut" niveau ! De là vient mon désespoir.

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