@ Laurent Mauduit.
Cher Monsieur,
Hollande ne saurait remettre en question le cadre européen et international... Il se veut donc le bon élève discipliné qu'il a surement toujours été. L'Etat connaît et va connaître encore plus de difficultés de financement dans les prochaines années : pour y faire face, il importe de disposer d'un système robuste et juste de calcul et de prélèvement de l'impôt. Ceux qui disent qu'il n'est pas bon de réformer dans la tourmente ont tort car sa gravité va croissant ! Rien ne sert de nier l'évidence : les temps d'abondance pour l'Occident sont révolus. Etre "pour ou contre l'austérité" est une posture sans intérêt. Huit milliards d'humains, un écosystème dégradé qui va nous faire payer nos années d’insouciance, des économies occidentales qui survivent par l'endettement et surconsomment les ressources au-delà des capacités naturelles de la Terre, un système de sécurité sociale rendu possible grâce à notre histoire (ex. richesse d'ex-empires coloniaux), des pays émergents qui ont légitimement droit à leur part du gâteau... Voilà des réalités qu'il faut prendre en compte avant de vouloir relancer une machine productiviste et surconsumériste trop axée sur le quantitatif et le court terme. Je ne suis donc pas sûr que l'austérité soit uniquement liée à des considérations d'orthodoxie budgétaire... Et que la situation du monde et la nôtre dans ce monde nous laissent d'autre choix...
Sinon, plus directement sur le sujet...
Plutôt que de battre monnaie (dilution entre tous via l'inflation générée), les Etats se financent par la dette et ponctionnent en impôts la charge de cette dette qui fait le business des banques et dont les profits alimentent ou les bulles spéculatives ou, mieux, les prêts à l'économie réelle. Il est clair que cette manière de financement des Etats n'est pas aussi "durable" (effets psychologiques) que la première. Et qu'elle pénalise ceux qui sont les plus touchés par l'impôt mais favorise aussi tous les intermédiaires du système financier (qui se sucrent au passage). Dans les deux cas, les catégories modestes sont les plus exposées (pas de patrimoine immobilier ou mobilier protégé de l'inflation et des taux d'imposition TVA proportionnellement fort).
Une simplification de notre système archaïque d'impôts et charges (qui se réfère aux années -1 et -2) va dans le bon sens. La retenue à la source sera aussi un vecteur de simplification et de modernité (temps "réel").
Cette réforme fiscale comme le choix d'un financement "propre" de l'Etat me semblent nécessaires et ne sauraient être encore repoussés. Et si l'Etat peut ainsi mieux se financer, avec efficience, ni découragement des citoyens et entrepreneurs, cela sera toujours mieux.
Dans l'attente de vous lire, bien à vous,
S. C.