J'ai commencé à t'écrire, ami lecteur, en regardant "l'Amour est dans le pré". En général, je n'aime pas ce genre de concept. Celui qui consiste sous couvert de bons offices à montrer à la télé (la) réalité des gens, et qui exacerbe par sa seule présence, les tensions, les bas instincts et les mauvais penchants. La lie de l'humanité montée au pinacle de l'audimat...tout ça pour te coller une lessive ou un produit cosmétique. Pathétique.
Pathétique aussi, mais cela je l'ai subi en regardant les infos. Heureusement à dose homéopathique. Le bonheur dans le pré carré. Celui de la
Principauté ou règne celui qu'on croyait marié à Bob sleigh et dont on s'est rendu compte qu'il avait essaimé des enfants plus naturels que la poitrine de Victoria Silvstedt. Pathétique cet arrière goût de bonheur arrangé, de nostalgie assumée et de temps arrêté dans un monde Disneylandesque jusqu'au cauchemar. Jusqu'à avoir envie de faire caca en direct devant le palais, histoire que ce conte de fées à ciel ouvert ne reste pas immaculé, comme la conception de ces images de papier glacé. Glacé malgré le soleil, comme ce mammouth d'un autre age qu'on à retrouvé au pole. Un monde hibernatus en dehors de la réalité mais pas de la télé.
A la télé, c'est autre chose. Bien sur on ne va te parler de la grande distribution qui se fait du gras sur le porc tandis que le producteur fait carème. On ne te montrera pas non plus, ou si peu, la relation charnelle, presque viscérale entre les exploitants agricoles et la terre. La solitude, la dureté du travail. Même si c'est sous jacent, ce n'est pas le propos. Il faut le savoir, le nombre de suicide chez les agriculteurs est de 32 pour 100000, contre 28 pour 100000 chez les ouvriers. Cela fait en moyenne 1 par jour. Glaçant aussi. mais pour d'autre raisons que la pacotille et les pralines.Mais on nous en parle moins. Probablement parce que le téléphone ça nous touche plus que la ferme dont la plus proche est à des kilomètres de départementales.
Chez les Ingalls, le père ne coupe plus du bois tandis que la mère fait inlassablement des tartes. Non. Il est souvent seul. Et il en crève.
Malgré cette montagne qui est si belle...et si pure face au dome de pollution que l'on voit au dessus de nos cités.
Passé le générique sirupeux magnifiquement lacrymalisé par James "the pleurnicheur" Blunt et une fois pelée la pellicule du show, on entre dans un monde d'opposition. Pas seulement la ville et la campagne mais aussi, la simplicité et la sophistication (parfois), le silence et la parole, les cals et les cuticules. C'est l'opposition de deux solitudes, de deux souffrances, de deux mondes qui se jaugent et essayent de se comprendre et qui aspirent à la même chose.
Deux mondes réels qui se percutent, volent souvent en éclats et parfois arrivent à s'aggriper.
Pendant ce temps, à l'abri des regards désormais, le Prince et la Princese iront dans leur grand lit irréel à baldaquins qui ne le sont pas moins, repeupler la Principauté de nouveaux non-imposables avant de retourner chacun dans leur chambre particulière. Puis demain il agiteront la main comme des marionnettes et changeront trois fois de tenue pour le plus grand bonheur des tabloîds et de ceux qui les achètent.
A chaque age on à son théâtre de guignols.
Chez les Ingalls, peut être que Madame fera des tartes aux mytrilles et peut-être d'autres tartes avec des taches de rousseur qui se casseront la figure à chaque générique.
Charles Ingalls repartira alors vers la montagne en sifflotant pour couper du bois.
Plus heureux que tous les princes consorts et qu'on rentre pour les besoins de l'esbaudissement des masses aussi populaires que lui et pas moins laborieuses elles non plus...