Traditionnellement, on attendait le tsunami en Asie. Béatement installés dans de confortables canapés à voir passer en boucle la misère du monde sous la lame de fond. Ou alors en Haïti... quoique à force...ils finissent par nous fatiguer avec leurs problèmes alors que St Domingue à coté est si jolie. On avait presque oublié qu'enfouis sous 10 cm de neige les aventuriers de la N118, ces nouveaux réfugiés climatiques avaient eux aussi souffert malgré l'absence de pagaille imposée par le Ministre de l'Intérieur.
En voyant les Champs-Elysées à moitié vides, on se disait que dans ce nouveau monde sécuritaire, il nous faudrait bientôt un visa pour passer du 31 décembre au 1er janvier et que le Secret Défense engloberait à la fois Karachi et les banlieues outre-périphérique qui ne sont, comme « chacun » sait, que le prolongement des tentacules islamistes qui viennent sournoisement égorger nos fils et nos compaaaagnes...C'est du moins ce que l'on tente de nous faire avaler,
Bref, on cherchait notre indignation tandis que les marchands de patchs faisaient leur pub histoire de nous rappeler nos identiques bonnes résolutions reprises d'années en années entre deux coupes de champagnes, histoire de donner une once de gaité alors que ne pointait même pas l'ombre d'un Kerviel,,,
Et la Paf ! On l'a eu notre scandale, notre révolte, notre indignation, Bref notre sursaut !
De quoi parler à la machine à café, dans tous les éditoriaux et surtout dans tous les débats dits « d'experts » sur les chaînes d'infos ou les moins méritantes des larves qui se prétendent éclairées viennent se montrer devant le micro ou la caméra et jouent à la joute verbale pour le bon plaisir de l'audimat,
Les 35h voilà donc le sujet qu'il fallait aborder en ce début d'année.
C'est que tout le monde y tient à ce chiffre, Les uns au nom des acquis sociaux, les autres pour les aides qu'il en obtiennent. Sans compter ceux qui à droite comme à gauche se parent d'une couche de « social » en vue d'une place sur l'estrade de la foire quinquénale ou ils défileront briqués comme des sous neufs en nous chantant, au choix, les louanges des lendemains brillants ou le regret du passé terni,
Mais les 35h n'existent plus.
Depuis leur mise en place, d'accords d'entreprise en modifications légales ou de renégociations à minima des conventions collectives, on maintient artificiellement le chiffre. Mais la loi elle-même a été vidée de son contexte, comme de sa substance. Le PS à bien du s'indigner, mais faiblement. Par pudeur sans doute...ou de peur qu'on l'entende.
Alors que nous vivons une décennie de régression sociale, de précarité, de destructions d'emploi, de démantèlement des services publics, de baisse du pouvoir d'achat, croyez vous que miraculeusement les 35h y aient échappé ?
Croyez vous que cela vaille le coup de retrouver sa voix en vue des élections quand on a depuis si longtemps baissé pavillon et tacitement accepté la mort de la loi pour cause de réalité économique, et n'en garder qu'un chiffre emblématique que l'on ressort comme un étendard mité par 10 ans de renoncements ?
C'est d'emplois décents dont nous avons besoin et de vrais salaires en rapport avec les heures effectivement travaillées.
C'est d'une application du code du Travail dont nous avons besoin, et notamment sur ces heures matinales, tardives, ou prises sur l'heure légale de dejeuner pour cause de surcroit de travail et toujours non payées ou en "récupération". Comme si quelques heures grapillées à l'usine remplissaient le caddie chez Carrefour.
C'est de créations d'emplois et pas de délocalisations financières dont nous avons besoin.
C'est sur ce terrain là que le PS doit se mobiliser.
Pas de s'indigner de manière factice sur un chiffre auquel économiquement il ne croit plus mais qu'il arbore toujours démagogiquement.