Hey, je suis celui que tu aimes lire, ou que tu detestes voir. C'est selon. Je suis celui qui t'irrite, qui t'agresse, qui ronge tes certitutes et qui te ronge aussi. Je suis l'éruption cutanée rien qu'a voir le titre de mes billets. Je suis celui que tu méprises que tu traiteras de tous les noms d'oiseaux que ta morale t'autorise.
Ah! Ta morale, coincée entre ton vocabulaire et ta peur de me ressembler. Tes valeurs apprises pieusement au point d'en devenir ce qu'elles ne devraient jamais devenir. Une religion. Tes convictions aussi. assénées , martelées, forgées par tes années de militantisme. Au point que tu ne voit plus que par ce prisme déformant. Parce qu'il te rassure. Parce qu'il est le monde meilleur, enfin l'autre, celui auquel tu as aspiré depuis ton enfance et dont tu voudrais transmettre la recette que tu n'as jamais réussi toi-même. Pauvre goéland aux ailes brisées. Jonathan Livingstone qui n'a même pas été banni. Juste toléré par eux.
Eux. Eux il t'ont trahi. Tes idéaux d'abord, ta pensée un temps rebelle, maintenant inféodée aux maquignons de la fripe, de la téléréalité illusoire des grandes gueules anti-tout. Etat, gouvernement, politique, tout y passe dans ce tryptique saumatre ou tu t'es englué dans tes pataugas et tes revendications inabouties faute de crédibilité.Utopies dégonflées.
Moi je suis toujours là. Je suis ton seul receptacle à tes mauvaises pensées. A ta colère rentrée, à tes inhibitions inavouées. Je couche verticalement sur l'écran tes cauchemars. Ce que tu n'admet pas, ce que tu ne connais pas et que par ignorance tu hais. Je te donne l'occasion de te venger un peu, de rire parfois.
Je sais que aimes te défouler, je sais que tu as envie de transgresser. Mais tu es pris dans le carcan de la normalité. Alors tu fais mine d'ignorer, parfois tu tu te laches...enfin un peu . Comme si tu avais peur de te faire gourmander. Alors tu fais à la va-vite ton commentaire et puis tu te tailles. Mais je sais que tu reviens. Voyeur. Tu guettes la réaction. Tu te sentiras mieux si tu es soutenu, tu te sentiras fort si je te réponds, tu te sentiras victorieux si je ne te réponds pas, pensant que tu m'auras cloué le bec. Alors que je t'aurais ignoré.
Tu as besoin de ça. La reconnaissance. Inconnu dans ta cage d'escalier, reconnu sur Médiapart ou ailleurs ou tu vas de montrer. Dans ton blog à paillettes ou à l'insolence savamment calculée. Sans compter le nombre de contacts qui te rassurent. Des amis virtuels plus là pour squatter et chez qui tu fais aussi le coucou. Les réseaux dits sociaux n'ont jamais engendré que des connivences, jamais de véritables amitiés. Mais tu t'en contentes. C'est dans l'air du temps.
Tu n'aimerais pas faire mon sale travail quand je dénigre, quand j'offense, quand je ridiculise. Quand je fais tourner en bourrique aussi. Je suis la detestation et le pilori assumé. Je suis celui qui va aller à contre courant de la légitimité assurée. Quasi monacale chape de plomb auquel tu voudrais échapper. Je suis la haine quand tu voudrais de l'amour, je suis la douleur quand tu t'écorches. Je suis la pièce de Double-face.Tu ne sais jamais si je vais retomber sur la face égratignée ou pas...
Je suis l'avers et le revers de ta personnalité, celle que tu acceptes et celle que tu refoules.
Ouvres tes yeux
Je suis TOI. Mais tu me renieras
(Sad but True)