On apprend toujours trop tard que le voisin de palier est décédé. On se dit qu'au lieu du rapide bonjour et du silence géné pendant que l'ascenceur égrène les étages on aurait pu faire connaissance.
Mais bon. Il est parti, c'est comme ça et tôt ou tard un nouveau locataire arrivera auquel on ne prêtera pas plus d'attention que lui ne vous en prêtera.
Bah oui, ami lecteur. C'est comme ça. Quand une nouvelle triste arrive, on compatit, on culpabilise, on tresse des couronnes de lauriers en même temps que qu'on brode les lettres "A mon cher"... disparu, fils, père, mari, amant, militant, retraité, bouliste etc. Toutes les options sont envisageanbles à 0.5 cts d'euro la lettre. "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil"
Un départ récent a suscité une vague de ce type dans le microcosme Médiapartico-Médiapartien. Elle ne m'a pas éclaboussé. Pas une goutte.
Certes, J'ai une pensée pour les proches qui ont perdu un être cher.
Il serait inhumain et stupide de se réjouir de l'extinction d'une flamme. D'autres sur Médiapart le sont assez envers leur prochain pour m'oter toute velleité de m'abaisser à leur ressembler.
Et puis je n'ai aucun gout pour la valetaille, ni pour la volaille qui caquète son impuissance et sa betise dans des salmigondis pompeux à base pogroms, d'invectives à la lune, de hurlements faces aux injustices que toute sa vie durant elle a été incapable de combattre trop occupée qu'elle était à défiler sentencieusement, et que maintenant, le pouvoir de l'internet aidant, elle aimerait par procuration, par procuration seulerment, voir remplacée par cet horizon radieux qui n'est après tout qu'une ligne qui s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'en rapproche, tout en oubliant (ou feignant de l'oublier) que comme le disait Jean Yanne " Faire la Révolution, c'est prendre le pouvoir et la richesse. Pas les anéantir"
Ceci étant posé, je n'ai lu aucun article ou billet commençant par "A notre cher disparu" ou quelque chose de similaire. D'abord parce que l'information me suffisait et que les panégyriques m'ennuient et me font perdre du temps, ensuite parce que si j'ai, comme je l'ai dit plus haut, eu une pensée pour les proches, cela ne m'a occasionné ni joie, ni peine.
Je ne vois pas pourquoi j'aurais ressenti une émotion envers une personne qui ne me connaissait pas plus que je la connaissais mais qui s'était permis de me traiter de rat, de fasciste, d'ordure et d'autres noms d'oiseaux simplement parce que j'avais manifesté une opinion différente de la sienne. Ce n'est pas parce qu'il est désormais aux abonnés absents que je vais changer ma ligne de conduite.
Je précise pour ses successeurs que les insultes cela a toujours eu pour effet de rebondir sur moi, un peu comme le caillou rebondit sur le blindé sans même lui faire une égratignure dans la peinture.
Je suis de toute façon serein, la relève est assurée quand je lis certains commentateurs. Il faudrait peut-être même prévoir une primaire pour ces primates avant que la guerre de succession ne tourne au désastre et que l'on soit obligé d'ouvrir une rubrique nécrologique sur Médiapart. Chose qui ne manquera d'ailleurs pas d'arriver vu l'age moyen des abonnés et le désespoir des marchands de cannes à pêche dont la mine dépitée fait offense aux vendeurs d'informatique dans les maisons de retraites ou l'on pétitionne contre la dictature des marchés financiers.
Donc, je préfère prévenir. Ne comptez pas sur moi pour m'associer au concert de louanges, ou à verser des larmes feintes. J'ai trop d'ouverture d'esprit et pas assez d'hypocrisie pour m'acoquiner avec tous les esprits chagrins (dans tous les sens du terme). Je précise que le jour venu, je n'aurais pas besoin d'oraison funèbre non plus.
Cela fera gagner du temps à tout le monde.