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Billet de blog 8 janvier 2011

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On the road again...

Si loin que nous n'en voyons plus la poussière soulevée par nos pas et qui est retombée faute de mieux.Si fous que nous y croyons tous (ou presque) à cet instant magique, cette rencontre entre la France et sa jeunesse en ce mois de mai 81. Cet appétit, cette volonté, cette gourmandise de soleil et de vie qui chassait les nuages noirs, qui aspirait la sclérose des années Giscard.J'ai eu 18 ans en 1981, juste à temps pour avoir cette carte magique qui me permettait enfin d'être un adulte, de choisir, de m'engager au delà des discussions de lycée. Au delà de ce paternalisme que nous prodiguaient les militants du parti.

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Si loin que nous n'en voyons plus la poussière soulevée par nos pas et qui est retombée faute de mieux.
Si fous que nous y croyons tous (ou presque) à cet instant magique, cette rencontre entre la France et sa jeunesse en ce mois de mai 81. Cet appétit, cette volonté, cette gourmandise de soleil et de vie qui chassait les nuages noirs, qui aspirait la sclérose des années Giscard.
J'ai eu 18 ans en 1981, juste à temps pour avoir cette carte magique qui me permettait enfin d'être un adulte, de choisir, de m'engager au delà des discussions de lycée. Au delà de ce paternalisme que nous prodiguaient les militants du parti.
J'y ai cru, Putain, qu'est ce que j'y ai cru...
Que reste t'il aujourd'hui de ce formidable élan, de cette voie triomphale que nous empruntions, nous les nouveaux révolutionnaires, nous les sans-culottes qui allions changer le monde. Que reste t'il de nous ?
Ou nous sommes nous donc égarés ? Ou nous a t'on perdu dans les méandres des affaires, des compromissions, des jeux de chaises musicales et des intrigues florentines qui ont agité la cour de l'Elysée et ses alcôves aussi.
Peut-être sommes nous devenus maladroits à force d'être trop gauches. Peut-être que nos idéaux de papier ont été coupés net par le ciseau de la réalité, lui même cassé par la pierre que nous avons désormais dans le coeur et qui nous fait penser individu avant individus, indivisibles à force de se réduire, invisibles à force de se maudire de ce que nous fûmes et qui s'enfuit en fumée.
Comme le temps. Comme notre jeunesse. Comme notre vie. Pas celle charnelle dans les bras d'innombrables visages, non l'autre. Celle ou nous jouissions gravement à la pensée que nous allions changer la vie.
Mais nous n'avons rien changé, nous avons accompagné le changement. Plus ou moins de bon gré, plus ou moins par habitude, parfois involontairement par manque de volonté, parfois volontairement par manque de volupté. Et ce faisant nous avons changé nous aussi. Comme un vieil amant qui ne peut se résoudre à s'engager, comme une vieille maîtresse qui ne peut se résoudre à divorcer et qui restent ensemble par habitude. L'habitude des compromissions, des jeux de chaises musicales et des intrigues florentines... Mais ce changement n'était pas le nôtre.
Je suis un dinosaure avec mes vieilles Pataugas poussiéreuses et mon sac à dos. Je n'ai pas de nostalgie, je n'ai pas d'amertume, je n'ai pas de regrets. Je voudrais juste dire à tous ceux qui sont obsédés par le fric, la réussite et la dernière commode de chez IKEA et qui ne croient qu'aux valeurs du miroir aux alouettes que leur renvoie la société, et à l'individualisme forcené teinté d'un humanisme lacrymal par catastrophe télévisée, que nous, oui, nous y avons cru à notre idéal de société et que cela personne ne pourra jamais nous l'enlever.
La poussière retombe derrière mes pas.
On the road again

P.B. (Post Blogum) : Par honnêteté, je dois dire qu'il s'agit d'un texte que j'ai déjà commis ici et ailleurs. Mais voilà, j'avais envie de le ressortir du saloir ce 8 janvier 2011. Quinze après ce froid soir de janvier ou nous étions place de la Bastille à déposer une ultime rose...

"On the road again". J'ai choisi la version de Bernard Lavilliers pour l'accompagner. Mais selon vos goûts vous trouverez sur Youtube celles de Canned Heat, Katie Melua ou encore Johnny Cash

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