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Billet de blog 10 janvier 2011

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Elle s'appelait Fait Divers...

C'est passé presque inaperçu, Parce qu'à ce moment là les feux de l'actualité étaient incandescents à en devenir indécents sur deux autres victimes, de la barbarie celle là, et sur leur famille. Faisant fi du deuil des familles, « interwievant » tout vivant qui pouvait se trouver à proximité, filmant en plan large et en images fixes les maisons des parents éplorés, recueillant chaque miette du recueillement. Remplissant colonnes et Unes et JT en boucle par « envoyés spéciaux » dépêchés pour tenter de donner la dernière dépêche. L'autre guerre, celle de l'Info, battant son plein à 2 heures des rédactions. L'émotion ad nauséam.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est passé presque inaperçu, Parce qu'à ce moment là les feux de l'actualité étaient incandescents à en devenir indécents sur deux autres victimes, de la barbarie celle là, et sur leur famille.

Faisant fi du deuil des familles, « interwievant » tout vivant qui pouvait se trouver à proximité, filmant en plan large et en images fixes les maisons des parents éplorés, recueillant chaque miette du recueillement. Remplissant colonnes et Unes et JT en boucle par « envoyés spéciaux » dépêchés pour tenter de donner la dernière dépêche. L'autre guerre, celle de l'Info, battant son plein à 2 heures des rédactions. L'émotion ad nauséam.

C'est passé presque inaperçu aussi, parce cela s'était déroulé loin. Sur un autre continent. Dans un pays d'autres moeurs, d'autres gens, d'autres civilisations. Vivant à cheval entre traditions et modernité importée. Avec des recoins dangereux, pas « stables », comme si l'on décrivait des sables mouvants, et toujours ces groupuscules terroristes. Les vrais ceux là, pas les pseudos qu'ils soient excités de la cagoule peuplant un village corse, ou pères de famille dépassant, sans pagaille eux, les limitations de vitesse d'un ou deux km/h.

C'est passé presque inaperçu par qu'il y avait tous les ingrédients d'une « histoire » avec poursuite des méchants en 4x4 et intervention d'un corps expéditionnaire en hélicoptère comme dans un blockbuster.

C'est passé presque inaperçu enfin parce que ce n'était pas froid et glauque comme la découverte d'un cadavre pendu dans une forêt des coins huppés de l'Ile de France. Un de ces bois familiers ou il faut bon se perdre dans les sentiers de GR au printemps, et pique-niquer au dessus d'une abbaye médiévale transformée en Relais et Châteaux, tandis que passent des cavaliers et que s'égosillent des oisillons. Un lieu ou le malheur ne doit pas avoir le droit d'exister à part dans les contes pour enfants que nous ne sommes plus.

Et puis la mort, nous renvoie à notre propre vie. A nos interrogations, à nos choix. Non pas que ces deux jeunes hommes aient choisi de finir sous les balles bien sur. Eux n'avaient rien demandé et surtout pas à passer en boucle à la télé.

Je veux parler de la mort, quand on la planifie, qu'on la projette et qu'on la met à exécution. Celle là nous met mal à l'aise.

Il ne s'agit pas du mal-être des partisans des pogroms en tous genre qui auraient préféré, histoire de gloser une fois de plus sur l'insécurité, les hordes transfrontalières ou le manque de sévérité de la justice qu'on la retrouve souillée, victime d'improbables tortures.

Non, il s'agit de chacun d'entre nous qui un jour ou l'autre avons vu, pas vu ou fait semblant de ne pas voir la détresse d'un parent, d'un ou d'une amie, d'un proche. Fort heureusement, cela n'est pas systématiquement sanctionné par une issue fatale, mais peut-être gagnerions nous à plus d'écoute, plus d'humanité, plus de solidarité.

C'est passé presque inaperçu...Et c'est tant mieux.

Cela doit pourtant nous faire réfléchir.

« Elle s'appelait Fait Divers

Une fleur fanée en plein hiver... »

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