C'est l'exemple type de record du 400 m que l'on aurait préféré ne pas voir. Parce qu'aussi spectaculaire que soit l'image, aussi hollywodiennes qu'aient été les scènes qui se sont déroulées ce jour là, il ne s'agissait ni de sport, ni de cinéma. A Otsuchi, comme ailleurs, des gens sont morts, sous les décombres ou emportés par les flots.
Mais le bateau, lui est là. Soulevé comme un fétu, propulsé par la vague géante et ensuite abandonné par elle sur le toit d'un batiment à 400 m de son point de départ. Le tout en quelques secondes. Il trône là au milieu des ravages. Prêt à appareiller dans une improbable océan de ruines, de charpentes affondrées, de voitures renversées de routes eventrées. Il est la. Intact. Luisant de manière presque indécente, dominant cette houle sous sa carène. Un témoin. Un rappel. Un souvenir.
C'est ce que 160 universitaires ont proposé. Un souvenir. Un monument. "In Mémoriam". Qu'on le laisse là. Comme le Dome de Genbaku, cet unique batiment resté debout après Hiroshima et devenu un mémorial pour la paix.
Mais un bateau perché sur un batiment est il un symbole ? Ou un douloureux rappel ?
Peut-on honorer la mémoire des disparus au moyen d'une sur un tas de parpaings ?
Quel rapport , mis à part l'onde de choc entre la folie des hommes et les caprices de la nature ?
La vie doit reprendre son cours et les traces non pas effacées mais atténuées. Car Otsuchi ne sera jamais plus comme avant.
Avec ou sans bateau sur le toit
Après avoir un temps avalisé le projet, la préfecture d'Iwate à finalement décidé de démanteler le bateau d'Otsuchi. Et de faire table rase.
Encore une fois.