Que faut il faire aujourd'hui pour échapper à une catastrophe naturelle ? Se boucher les oreilles afin de ne plus entendre un chanteur hawaïen à la voix inversement proportionnelle au volume physique massacrer "Over the Rainbow" au yukulélé ? Se boucher le nez afin de ne pas sentir les relents populistes deversés par tombereaux entiers par des bons aryens ? Fermer les yeux sur la tête de timbré de Gérard Longuet ?
Je ne sais pas, mais en tout cas il y en a qui feraient bien de se taire. Car à trop parler en tous sens et en toute cacophonie pour leur vanité, qu'elle soit personnelle, politique ou démagogique, pour ma part je commence à ressentir des démangeaisons.
C'est sans doute la première étape. L'irritation n'est plus très loin.
C'est bien sur terrifiant ce qui s'est passé au Japon. Tout d'abord pour les populations concernées et qu'on a presque fini par oublier au fil des "Editions spéciales", des flash d'infos et du tsunami médiatique qui fait monter en vagues croissantes la tension et l'anxiété à travers toute la planète. Ces populations dont on ne s'est souvenu, fort intelligemment je trouve, que pour souligner ici et là qu'on ne voyait pas les cadavres flottants au contraire des voitures partant tout droit vers une prime à la casse.
C'est vrai qu'un tsunami sans corps langoureusements enchevetrés dans les branchages ou les débris de sa maison, ce n'est pas un tsunami. En plus il n'y avait même pas de people comme la dernière fois. On comprend mieux pourquoi, frustrés de belles images et d'histoires lacrymales de détresse humaine et de retrouvailles miraculeuses, la presse dans son ensemble se soit tournée vers l'une des peurs les plus répandues : Celle de l'ultime atome.
Et la on a tout eu. Jamais une cocotte minute n'aura été surveillée comme ça. A croire qu'il mijotent un boeuf mironton dans la centrale
nucléaire. Un boeuf de Kobé bien sur, pour le rappel technique à l'autre séisme qui a tant couté aux japonais, MAIS à une autre époque ou le pays n'était pas autant endetté. Du coup les charognards économistes s'en sont mêlés à grands coups de SI. SI les japonais rapatrient leur épargne, SI la production ne repart pas, SI les importations de pétrole augmentent pour compenser l'atome, SI, SI, SI...
Tiens ! Et SI à force de rumeurs on faisait plonger les bourses mondiales afin de ramasser un bon paquet en rachetant à bas coûts une fois la crise passée ?
De l'autre coté, tous ceux qui veulent faire pousser des chèvres dans le Larzac se sont réveillés entre deux bouffées de leur foin marocain. On va tous mourir qu'ils disent. Ils sont la, ils mugissent ces féroces atomes prêts à irradier nos fils et compagnes. Il faut sortir du nucléaire et tout de suite encore brâment t'ils, car le tsunami c'est comme la "Hola" au Stade de France. Une fois qu'on croit qu'on a fini de passer le match les bras en l'air, il y a toujours un con qui se lève et ça repart dans l'autre sens. Du coup je n'ouvre plus le robinet de ma douche qu'avec un balai, tellement j'ai peur de recevoir une vague de dix mètres sur le coin de la figure. Le pire c'est que se sont les mêmes qui ont pronés les éoliennes pour finalement manifester contre à cause du bruit, des oiseaux déchiquetés et du paysage gâché.
Ces charognards alarmistes se moquent des populations sinistrées. Elles leur servent juste d'épouvantail pour exister politiquement et exarcerbent juste les tenants du "tout nucléaire" dont la betise insondable n'a d'égale que la cupidité quand il s'agit de ne le justifier que sur le plan économique. Les uns comme les autres ne sont que l'avers et le revers de la même pastille (d'iode sans doute) qu'on cherche à nous faire avaler.
Et puis il y a la cohorte des experts en tout genres. La main sur le projecteur de la visio conférence. Eux ils réfléchissent. A quoi on ne sait pas vu que chaque information contredit l'autre ou fait de la surenchère. Bien planqués dans leur placard naphtalineux, sortant d'organismes fantômes dont la principale activité est d'obtenir des subventions, ils ont une occasion unique de justifier leur budget et leurs émoluments. Alors ils s'expriment. Partout. Dans les débats, à la radio ou sur les chaines d'infos pour qui ils coûtent moins cher que l'achat d'images. Image que de toutes façon elles passeront en boucle quand elles n'en feront pas des best-of (lisez : "Résumé de la journée"). Ah j'oubliais les blogueurs qui ont une occasion unique de passer à la Une de Médiapart en donnant leur opinion...J'espère qu'ils donneront aussi leur opinion dimanche dans les urnes, c'est moins valorisant mais bien plus gratifiant pour soi et la collectivité.
Bref tous ces gens là irradient de manière toxique et bien plus qu'un nuage radioactif.
Ils irradient l'irrespect pour les japonais, ils irradient leur propre incompétence, ils irradient leur volonté d'exister au lieu d'être.
Depuis 5 jours nous sommes exposés à une irradiation indécente. Espérons que cela s'arrêtera rapidement.