Bah oui ! Je sais. Le Lundi de Pâques on parle d'oeufs, de poules, voire de lapins et à la rigueur de cloches. Mais pas de canards. Le canard est pourtant notre ami. Il trempe volontiers pour nous dans le café, est parfois enchaîné pour dire des vérités et nous donne son foie pour que l'on puisse engraisser le notre.
Tant qu'on y est n'oublions pas dans les multiples fonctions du canard, celui de remplacer avantageusement pour la gente féminine le cochon qui sommeille en tout homme, qu'il dorme ou pas, mais dont la disponibilité est réduite autant que la mobilité avec un litre d'essence que l'on paye déjà au prix du caviar, et que si ça continue on aura interêt à trouver un moteur qui fonctionne au Shalimar pour que ça nous coûte moins cher.
J'en vois déjà qui qui froncent leurs sourcils en se demandant pourquoi dans un journal aussi sérieux que Médiapart on vient leur parler de volatiles pour onanistes alors que l'heure est grave entre un réacteur qui n'en finit pas de ne pas exploser, une révolution qui n'en finit pas de se terminer, un candidat qui n'en finit pas de faire durer le suspense, une autre qui n'en finit pas de nous jouer l'éternel retour et un quinquennat qui n'en finit pas tout court.
C'est pas grave, je fais avec (voire sans). Mais revenons à nos canards. Ceux qui font avancer la recherche scientifique.
Précisons tout de suite avant que Bougrain-Dubourg ne sorte de son pigeonnier qu'il ne s'agit pas d'expérimentation animale. Pas la peine d'aller vilipender les chercheurs qui lèchent les anus de babouins pour tester la douceur du rouge à lèvre qui à été délicatement posé dessus. J'ouvre d'ailleurs une parenthèse pour faire remarquer combien ce métier est difficile. Non pas pour le test en lui-même, mais parce d'abord il faut aller attraper le singe avant de lui faire prendre la position ad-hoc pour le tartiner de la pate, rosatre ou violacée, selon que le produit soit destiné à accompagner une soirée romantique au restaurant avec l'homme de votre vie, ou faire une virée au cimetière pour faire des incantations sur les tombes avec vos potes gothiques. Fin de la parenthèse.
Donc nos canards chercheurs sont jaunes, fluo, et en plastique. Les mêmes que vous offrez à vos enfants pour leur bain ou à ...Mais bon on ne va pas s'étendre dessus. De toute façon c'est vous qui le faites.
Au départ celà à été fortuit. Il a suffit qu'un porte conteneur perde 29000 de ces jouets en plein Pacifique le 10 janvier 1992 exactement à 44.7°N, 178.1°E (pour l'heure
exacte appeller l'horloge parlante). Certes il y avait aussi des tortues bleues, des grenouilles vertes et des castors rouges. Mais seuls les canards ont vogué. On en a repêché 19000 répartis entre l'Australie, l'Amérique du Sud et l'Ecosse soit à plus de 30000 km et après avoir franchi le pole.
Les scientifiques, les vrais, pas ceux qui courent après les babouins avec un baton de rouge, s'en sont servis pour modeliser les divers courants marins notamment pour les navigateurs.Le Dr Curtis Ebbesmeyer océanographe à Seattle les suit ainsi à la trace depuis 19 ans. Finalement ça tient à peu de choses une victoire dans le Route du Rhum..
En tout cas si vous trouvez un de ces canards, sachez qu'il peut rapporter 1000 $ l'objet étant devenu culte, ce qui est toujours mieux que les 100 $ offert par la Nasa qui en à largué 90 non pas sur la lune mais sur le Jacobshavn, le plus grand glacier du Groenland (la ou il fait un froid de canard justement), et qui pour le moment n'en a retrouvé aucun.
J'attends impatienmment de voir le chercheur qui recevra le Prix Nobel pour ses travaux sur le réchauffement climatique, la fonte des glaciers et les courants marins expliquer que tout cela est du à un jouet à 5 €...
Et toi ami lecteur, je suis sur que tu ne regarderas plus du même oeil le canard qui trône sur ton étagère ou tout autre endroits qu'il soit avouable ou non.