La Somalie crève, ami lecteur. Elle crève de cette irradiation qui n'a rien à voir avec celle qui paraît-il nous guette. Cette irradiation que tu ressens quand tu n'as pas de clope pour accompagner ton café. Cette douleur lancinante quand tu attends le coup de fil de l'autre sur ton couteau suisse électronique. Cette peur du vide quand tu regardes ton portefeuille boursier, et que tu te demandes comment tu vas faire pour acheter la sciure pour la caisse du chat que tu nourris de boites vitaminées pour qu'il ait un beau poil, de jolies griffes et qu'il continue à ronronner engraissé sans cholestérol.
Comme toi. Pas comme eux.
Eux, ils sont 12 millions à subir la pire sécheresse depuis un demi siècle. Toi tu es là avec tes 4986 amis sur Facebook à prendre des demis virtuels en te prenant pour l'homme à suivre du siècle....
Il fut un temps ou pour nous dédouaner de notre vide de nantis, les maquignons du disque regroupaient tous les poulains, les juments et les vieilles carnes de leur écurie et leur faisaient chanter sur une musique sirupeuse des paroles lénifiantes aux relents de dames patronesses.
T'as raison mon con. 2 paters, 3 avés et tu avales l'hostie sous forme de galettes brillante que tu as achetée parce que tous les bénéfices seront reversés.
Amen.
Bénéfice ne veut pas dire chiffre d'affaires.
Au juste , on en a sauvé combien avec Bob Geldof ? avec Michael Jackon ? avec Renaud ? avec Obispo...Avec Coluche et Goldman aussi ?
Ah Ouais...C'est vrai..."Aujourd'hui on n'a plus le droit d'avoir faim ni d'avoir froid"
Ca fait quoi ? 25 ans qu'on chante ça ? Comme on a chanté pour l'Ethiopie, le Tsunami, les sans-abris, Le Kosovo, pour sauver les baleines, pour sauver le PSG, pour Haïti, pour les morts de faims, pour les crève la dalle, pour les maladies orphelines, pour les orphelins des maladies, pour l'école privée, pour l'école publique, pour le Tibet, pour la liberté (ailleurs, comme si on avait honte de la notre), pour les mines anti-personnel , contre la direction du personnel, contre la marée noire, pour les noirs, pour les blancs, pour les jaunes, pour les gays, pour les tristes. Pour tout. Pour n'importe quoi.
Pour n'importe qui. Pourvu qu'il soit plus miséreux que nous.
Et c'est pas difficile...
Alors on achète nos sacs à sapin dont le bois servira peut-être à les enterrer, à moins qu'il ne serve pour le meuble ou on aura pieusement rangé les signes de notre absolution. De notre humanité montrée en galettes argentées. Un peu comme avant la vignette montrait l'age de notre voiture.
L'age de nos illusions.
On n'a rien fait. On a juste meublé nos étagères et ensuite on est retourné vaquer à nos occupations, l'esprit apaisé et la bonne conscience en bandoulière.
On n'a pas agi.
Alors pour une fois. Pour une fois seulement,ce serait bien qu'on n'en fasse pas une chanson.