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Billet de blog 4 novembre 2014

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Mr Cazeneuve est allé à Calais. Et maintenant ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est donc venu, il a vu et il a donné.

Il a donné un espoir à des tas de personnes, celui d’une amélioration de la situation. Mais quoi d’autre que l’espoir ?

La convention entre l’état et l’association La Vie Active est signée, le centre d’accueil de jour Jules Ferry sera donc ouvert, selon les médias il est annoncé pour dans 3 semaines ou fin janvier…

Mais ça va changer quoi, concrètement ?

Un centre d’accueil de jour qui en l’état ne peut accueillir les plus de 2000 migrants à Calais. Il va falloir des travaux, ne serait-ce que pour les sanitaires qui sont prévus pour des enfants (c’était un centre de loisir). Il n’y a pas de chauffage dans cet endroit. Et ce n’est pas si grand…

Oui, plusieurs associatifs trouvent ce projet non viable. Parce qu’il est mis en place dans la précipitation, ne prenant pas en compte certains aspects  concrets du travail auprès des migrants. Mélanger les communautés en un seul lieu par exemple, qui peut être source de conflits. Comme leur nombre. Ce projet aurait été parfait il y a un an, quand des dizaines de migrants « squattaient » le trottoir devant le squat Hugo pour avoir un thé chaud ou recharger leur téléphone…

Monsieur Cazeneuve dit «  […]La Vie Active chapeautera d’autres associations »… Je trouve l’expression chapeauter relativement péjorative dans le sens où les associations qui travaillent quotidiennement auprès des migrants depuis des années n’ont pas besoin d’être chapeautées et l’on peut considérer que ce sont ces associations qui devront chapeauter La Vie Active qui n’a qu’  une expérience très limitée du public migrant…  Mr Cazeneuve montre par là qu’il ne connait donc pas les associations et leurs compétences. 

Monsieur Cazeneuve dit qu’il demande pour 2015 l’ouverture de 500 places supplémentaires en Centres d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA). C’est formidable, en effet ça manque… Cruellement puisque les demandeurs d’asiles sont contraints de vivre dans la rue, les camps ou les squats… Mais est-ce la solution ? Non.  D’ailleurs, le préfet Denis Robin promet des places en hébergement depuis des mois ! Mr Cazeneuve demande, rien ne dit que ce sera effectif si l’on en juge par les promesses de ces derniers mois.

Car l’urgence humanitaire concerne plus de 2000 personnes dont le souhait n’est pas de rester en France.  Et d’ailleurs, la semaine dernière Mme Bouchart parlait de ces 36£ par semaine perçues en Grande-Bretagne par ceux qui y parviennent… L’équivalent de 180€ par mois serait donc la raison pour laquelle les migrants sont prêts à tout pour passer en Grande-Bretagne ? Pourtant, un demandeur d’asile perçoit 334€ par mois en France… Donc ? Donc les migrants  veulent passer en Grande-Bretagne pour d’autres raisons que les aides sociales. L’une d’elles est le fait qu’ils sont quotidiennement contrôlés et inquiétés en France, qu’il existe réellement un racisme important chez nous et qu’ils savent qu’il n’y a pas moyen d’y travailler contrairement à la Grande-Bretagne où il est encore possible de faire des petits boulots même au noir…  Mr Cazeneuve oublie également qu’il faut en moyenne deux ans pour qu’une demande d’asile soit traitée. La réalité, c’est que la plupart des migrants espère pouvoir rentrer chez eux. Ils sont donc des citoyens du monde de passage chez nous. Ne faut-il pas accepter ce statut et faire en sorte d’intégrer ces citoyens en Europe dans les meilleurs conditions ?

Les solutions sont donc ailleurs, bien ailleurs.

Mme Bouchart dit « je veux régler le problème et non pas le gérer »… Régler le problème passe par un accueil humanitaire d’urgence, jour et nuit. Régler le problème passe par cesser la répression abusive et systématique.  Revoir cette loi Dublin et permettre  aux exilés de faire le choix du pays dans lequel ils souhaitent vivre. Permettre aux exilés de s’intégrer dans la vie sociale en Europe pour acquérir ou développer des compétences qui leur seront utiles quand ils rentreront chez eux.  Leur rendre la possibilité d’être maîtres de leur vie.

Madame Bouchart veut régler le problème… Comment empêcher les migrants d’arriver ? Des murailles de 5m de haut de changeront rien. Ils ont traversé des frontières barbelées et armées… 

Alors Mr Cazeneuve annonce des policiers en plus. Il n’a pas conscience qu’il fait le jeu des passeurs et donc des mafias ! Car la pression policière contraint ceux qui veulent passer à prendre des risques encore plus importants, risques qui se sont traduits ces derniers jours par le décès de 3 personnes…  Les mafias peuvent donc s’installer car elles deviennent le moyen le plus sûr de passer, a priori.

Oui, je suis inquiète de la manière dont est gérée cette situation. Parce que ce centre ne va  rien résoudre et si par malheur il devient un échec, alors ce sera la fin des négociations avec l’état qui n’aura plus qu’à annoncer « nous avons essayé, mais ça ne marche pas, il ne nous reste plus que l’expulsion ».

Oui, des associatifs sont inquiets. Mais les associations n’ont pas le choix. C’est clairement ça ou rien, et rien ça peut aussi vouloir dire « on vous coupe les subventions ». Elles sont déjà dans le rouge. Une association fonctionne actuellement grâce aux économies personnelles de son directeur.  Faut-il qu’il exprime clairement ses craintes et soit contraint de mettre la clé sous la porte ?

Il y a un constat à faire, il est simple, il est terrible. L’état va donner à Calais 3 millions d’euros par an. Et les migrants continueront de dormir dehors.  Est-ce que ce simple fait ne constitue pas un véritable scandale ?

Sans oublier que Mme Bouchart insiste sur un point : évacuer les squats. Plus de 2000 personnes dans les rues la nuit ? Je crains le pire, les tensions entre migrants et calaisiens ne vont faire que grandir. Faudra-t-il un mort de plus, tombé sous les coups des uns ou des autres pour qu’enfin on considère que le véritable problème vient du fait qu’on laisse vivre des êtres humains dans des conditions aussi inhumaines qu' indignes d’un pays comme la France.

Combien d’argent dépensé pour des barrières, des renforts policiers, des outils de contrôle pendant qu’on laisse des enfants, des femmes et des hommes dormir sous la pluie à même le sol ?

Monsieur Cazeneuve est venu. Il a au moins fait l’effort d’aller rencontrer les femmes et les enfants exilés qui vivent Route de Saint-Omer. Même si ses solutions sont loin d’être les bonnes, il a le mérite, contrairement à ses prédécesseurs, d’avoir permis un pas en avant. Espérons que ce ne sera pas pour en faire quatre en arrière…

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