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Billet de blog 23 juin 2014

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A l'heure où le gouvernement s'affole de la possible mort de la gauche, on observe des manoeuvres à la fois honteuses et désarmantes de la part du gouvernement.

Les migrants sont là, dans nos villes, livrés à eux-mêmes, à la rue, la misère et la crasse.

De destructions de camps en expulsions de squats, douze ans se sont écoulés depuis la fermeture de Sangatte... Des années de détresse pour de nombreux être humains considérés comme des "sous chiens" par une partie de la population calaisienne qui flirte dangereusement avec les pires idées du régime nazi.

Une population stigmatisée par des élus locaux qui n'ont pas hésité à profiter de la situation pour jouer la carte de l'insécurité en appelant à dénoncer les squats de migrants... Une campagne de désinformation impressionnante où il est question d'une pauvre vieille dame à la rue car elle aurait trouvé sa maison squattée à son retour de l'hôpital... En réalité, une propriétaire de 82 ans certes, mais qui ne vivait pas sur place, une maison qu'elle n'avait donc jamais habitée et qui se trouvait à l'abandon depuis 2 ans. Alors bon, squatter c'est pas terrible... Mais mentir non plus, surtout de la part d'élus municipaux. Mais tout est bon pour gagner des voix ?

Une population criminalisée par un gouvernement qui bafoue les droits de l'homme... Déclaration Universelle des Droits de l'Homme :

Article 13

1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Article 14

1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.

Mais le préfet du Pas-de-Calais parle de personnes "dont le projet est de violer la loi française", parce que ces gens sont entrés illégalement en France. C'est donc tout ce que retient ce représentant de l'Etat français... Que ces enfants, ces femmes et ces hommes aient fuit la guerre, la dictature et/ou les tortures importe peu. Une lecture administrative de la situation permet de prendre sans problème de conscience des mesures arbitraires, violentes, absurdes et inutiles.

La destruction des camps orchestrée à grand renforts de médias sous prétexte de gale a mis plus de 600 personnes dans une précarité encore plus importante que celle qu'elles vivaient déjà.

Cette destruction n'a fait que déplacer le "problème" de quelques mètres à peine, les migrants s'étant réfugiés sur l'aire de distribution des repas sur le trottoir voisin.

Aujourd'hui, c'est l'impasse. Plus de 400 personnes vivent entassées sur cet espace entouré de grilles. Trois toilettes chimiques, les trois uniques toilettes mis à la disposition des migrants de Calais (environ 800 au total). Les normes mondiales de l'aide humanitaire exigent un toilette pour vingt personnes... Calais est donc le tiers-monde de l'humanitaire.

Des hommes entassés, vivant sous des abris faits de bâches, de couvertures, de palettes de bois, de petites tentes. Ils mangent à même le sol et se lavent en plein air, à l'unique point d'eau (froide) auquel ils peuvent accéder dans la ville.

La mairie ne veut pas d'eux. L'Etat ne veut pas les aider. On leur demande de quitter les lieux. Aller ailleurs... Mais où ?

Aucun terrain n'est mis à la disposition des migrants. Les associations se battent pour obtenir du soutien, un terrain, des mesures cohérentes. La réponse de l'Etat: des mesures exceptionnelles. Qui se résument à proposer une accélération des procédures de demandes d'asile. Procédures qui ne sont pas garanties de voir aboutir la demande. Procédures qui ne concernent qu'une minorité de migrants. Procédures qui ne règlent en rien la situation. Car la majorité veut tenter sa chance, passer en Angleterre, y rejoindre un parent, un proche de confiance. Ils ont parcouru des milliers de kilomètres. On voudrait nous faire croire qu'il suffirait de dire "repartez chez vous, les anglais ne veulent pas de vous"... Pourtant ceux qui passent ont des papiers, du boulot. Ces individus qui ont tout perdu, ont risqué leur vie, préfèrent aller au bout de leur voyage. Entre Calais et l'Angleterre, une cinquantaine de kilomètres. On ne fait pas renoncer les migrants pour cinquante kilomètres. Même s'ils sont les plus durs à parcourir.

Ils sont là, il en arrivera toujours d'autres, parce que les guerres et les dictatures ne disparaitront pas demain.

Faut-il les laisser vivre comme on n'oserait pas faire vivre des animaux ?

La gale... Qui a servi de mobile. Les autorités n'en parlent plus. Pourtant, avec moins de cinquante personnes qui auraient pris le médicament on peut douter du fait que l'épidémie ait pue être éradiquée... Aucun suivi des "malades". Combien y en avait-il ? Combien aujourd'hui ? Une épidémie, vraiment ?

Le gouvernement se cache. La gauche se meurt... Peut-être que la gauche survivrait si elle osait enfin tendre la main à ceux qui sont dans la détresse. Elle ne mourrait pas si elle ne faisait pas le jeu du Front National. A Calais les électeurs du FN ne se cachent plus d'être racistes et certains soutiennent des mouvements néo nazis.

Un migrant s'est fait tirer dans le dos... Sans motif. Il était là.

La situation est à la fois douloureuse et indécente. Inhumaine.

Car le fait est : le gouvernement ne fait absolument rien pour venir en aide aux migrants, pour les accueillir dignement.

La question qui se pose: POURQUOI ?

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