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Billet de blog 28 avril 2010

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1995, connais pas !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le sarkozysme nous ramènerait-il 55 ans en arrière à l'époque où Alain Resnais avait obtenu le visa d'exploitation de son film Nuit et brouillard "au prix d'une altérationd'un document photographique de 1941, où l'on voyait le képi d'un gendarme français au rassemblement des futurs déportés du camp de Pithivers (JacquesSiclier cité par http://www.sceren.fr/TICE/teledoc/dossiers/dossier_brouillard.htm), c'est que l'on est en droit de penser quand on lit sur le site du Nouvel Obs http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20100428.OBS3147/une-mairie-censure-la-lettre-d-une-ancienne-deportee.html) que le maire Nouveau centre de Parthenay (79) a refusé la lecture par des collégiens à l'occasion des cérémonies de la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation d'une lettre écrite par une ancienne déportée, comme le révèle LeCourrier de l'Ouest en date du 28 avril.

Dans cette lettre, l'ancienne déportée évoquait son arrestation par les gendarmes à 14 ans. Or il se trouveque la municipalité de Parthenay comprend un adjoint « chargé desaffaires patriotiques » et qui –on se demande pourquoi- est un ancien gendarme. Celui-ci a demandé à la professeure de la classe du collège de remplacer « gendarme » par « homme ». La professeur a accepté à contre-coeur. Mais visiblement cela ne suffisait pas pour le maire qui a tout simplement refusé la lecture de la lettre, même modifiéE, arguant dans une phrase dont il n’a certainement mesuré toute la profondeur, que ce texte «n’est pas de nature à apaiser les ressentiments à une époque où le repentir est malheureusement mis en exergue ».

Fermez le ban a dû conclure l'ancien gendarme « chargé des affaires patriotiques ».

J’ai voulu adresser au maire de Parthenay cet extrait du discours de Jacques Chirac prononcé le 16 juillet 1995 à l’occasionde la commémoration de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942 :

« Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par desFrançais, par l'Etat français. Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942,450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs,répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en régionparisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés àleur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.

On verra des scènes atroces : les famillesdéchirées, les mères séparées de leurs enfants, les vieillards - dont certains,anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France- jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la Préfecturede Police.

On verra, aussi, des policiers fermer lesyeux, permettant ainsi quelques évasions.

Pour toutes ces personnes arrêtées, commencealors le long et douloureux voyage vers l'enfer. Combien d'entre-elles nereverront jamais leur foyer ? Et combien, à cet instant, se sont sentiestrahies ? Quelle a été leur détresse ?

La France, patrie des Lumières et des Droitsde l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissaitl'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leursbourreaux. »

Mais le site de la Communauté de communes de Parthenay était inaccessible.

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