Je me lève, il fait froid. Je n’ai pas encore réussit à arrêter ce courant d’air à travers les trous tout autour de vieilles fenêtres. Plus j’essaie de boucher les trous plus il s’en forme. Je fait des trous des p’tits trous encore des p’tit trous que j’entonne dans ma tête et je me dis que ceci résume bien mes emmerdements avec les administrations. J'avais justement rendez-vous à la mairie pour en parler. J'avez solicité de voir le maire de Toulouse Pierre Cohen. Je ne m'attendais pas à grand chose. C'étais une bouteille à la mer. Contre tout attente et à son honneur il m'avait proposé de voir son chef de cabinet adjoin. C'est bien mieux que rien.
Bref, après une douche, je me couvris bien pour ne pas attraper froid (ce serais emmerdant car je n’ai toujours pas de couverture médicale).
Je sors de ce trou ou je fais des trous.
Je traverse la ville. Je rêve, je divague, je vois des vagues.
Il pleut.
Et dans la brume au bout du quai
Je vois un bateau qui vient m’chercher.
Mais le bateau se taille
Je vois que je déraille.
Je me trouve devant la mairie. J’entre. Je me présente à la réception de la mairie, 1 Place du capitole. On me dit d’attendre.
La salle est très jolie et me rappelle Lincoln college et ma vie à Oxford. J’avais des fenêtres bien étanches et un grand lit où je dormais comme un bébé. Je me disais que j’avais eu plusieurs vies. En somme plusieurs réincarnations: le pays natal, la France, l’Allemagne, l’Italie, l'Angleterre, la France. Quelle errance ! Je me demande s’il eût été diffèrent si j’avais eu un bon Karma ? Si on atteignait le nirvana au bout de sept réincarnations, il ne m’en resterait qu’une. La vie est une souffrance, d’après le bouddhisme, et on n’atteint jamais la paix. Je comprends bien et pour preuve. Mais il ne parle ni de fils de dieu ni fils de…diable ni de vierges ni de vie éternelle au paradis à partouser. Bien dommage mais mieux vaut ainsi. La vie est donc une errance. S’évader, s’échapper, se délivrer de cette errance conduirait à un nouvel état : le nirvana.
Parfois je rêve, je divague, je vois des vagues
J’étais dans la salle d’attente, sans conviction particulière et encore moins de jouissance qui me conduirait à un quelconque nirvana. Je me disais que je ne suis sans doute pas le seul à présenter une doléance. Et puis quelle est la marge de manoeuvre d’un maire ?
Bref, vint le chef du cabinet adjoin et après l’échange d’amabilités on bavarda en résumant vingt cinq ans de ma vie en quelques mots. Il me dit que ma situation était intolérable. Je répondis que je ne la tolérais pas très bien depuis un bon bout du temps. Pour relativiser, il me raconta qu’ils aidaient souvent des femmes battues. Aurais-je eu plus de chance administrative si j’avais été homosexuel juif arabe converti à l’islam et battu ? Mais je me suis retenu de lui poser cette question qui aurait été mal perçue et aurait surement plombé l’ambiance.
Il me dit que le maire me soutiendra et me mis en contact avec quelques professionnels et associations de la région.
Comme une prière nous évoquâmes la fin du règne du nain et ses serviteurs, ses courtiers, ses contorsions, ses mensonges pour diviser et stigmatiser. Ils seront partit d’ici Mai, le joli Mai et le soleil reviendra. Espérons le. Amen.
Un brave gars. Il me conduisit jusqu'à la sortie.
Merci et au revoir.
Dehors il pleuvait, je me sentais plus optimiste que le ciel.
Un jour viendra, j ‘en suis sure
Où je pourrai m’évader dans la nature
J’partirai sur la grande route
Et coute que coute…