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Billet de blog 17 octobre 2023

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Ca va pas bien se passer pour la fille qu'on appelle

Le téléfilm ARTE la fille qu'on appelle a tellement de parallèles avec les deux affaires qui traînent aux chevilles de notre ministre de l'intérieur préféré qu'on dirait que c'est fait exprès.

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En 2023 parait l'adaptation téléfilm de Charlène Favier (France, 2022, 1h27mn) de ''La fille qu'on appelle'' sur Arte. Il est disponible jusqu'en février 2024 sur youtube. https://youtu.be/N1WkHq9p6BI?feature=shar

Le film décortique les mécanismes d'emprise et d'abus de confiance et de pouvoir d'un édile pourri jusqu'à la moele sur la fille de son chauffeur personnel et la prise de conscience de sa victime de sa propre situation alors que l'homme politique, confiant un peu trop en son pouvoir de soumission absolue, devient ministre de la république

* Une jeune femme vient solliciter un édile pour l'aider à trouver un logement. L'édile se montre attentif à sa demande et commence à entreprendre les démarches nécessaires pour y accéder, tout en lui demandant un échange de coordonnées personnelles dans l'attente d'une future rencontre.   <ref>https://www.mediapart.fr/journal/france/280121/affaire-darmanin-deux-dossiers-aux-nombreuses-similitudes</ref>

*Il profite du service rendu et du sentiment d'obligation de la jeune femme pour exiger d'elle des faveurs sexuelles. A aucun moment il ne se soucie du bien-être de sa victime ni même de son consentement qu'il considère comme indéfiniment acquis et automatique à partir du moment où il n'y a pas de résistance physique autre qu'une indisposition passive de sa victime pendant les actes sexuels. La victime parle d'avoir le sentiment dêtre prise au piège, d'être dissociée de son corps et de ne pas arriver à bouger. <ref>https://www.youtube.com/watch?v=Cvb5dWJSICI</ref>

* La jeune femme s'interroge après-coup sur sa propre responsabilité dans la transaction avantage nature / acte sexuel sans consentement explicite et la conséquente perte de sa dignité personnelle, mais c'est la réalisation que la transaction n'est pas équitable, a cause du fait que l'édile vient d'être nommé ministre (Darmanin en 2017), qui lui fait prendre conscience du réel déséquilibre de pouvoir entre les deux individus. Ajouté au fait que le désormais ministre accepte toujours ses faveurs sexuelles mais n'accède plus à sa demande de contrepartie, la jeune femme se sent encore plus salie et humiliée. La scène ou Laura se rend compte que le ministre n'a même pas payé sa chambre d'hôtel fait penser à Sophie Spatz dsant "il n'y a pas eu d'échange". 

* Au contraire d'un rapport sexuel en présence de désir réciproque et de consentement des 2 parties, dans les 2 affaires, les victimes parlent de confiance brisée et du dégoût de l'autre "le goût de son sperme n'est toujours pas parti de ma bouche après 4 cafés."

* Réalisant enfin la gravité de la situation, de la dangerosité de son agresseur maintenant que son pouvoir a été décuplé du fait de son nouveau poste de ministre, ajouté à l'indignité de l'homme à occuper une telle fonction et recevoir les honneurs de sa nouvelle position, la victime décide enfin de porter plainte au commissariat.

* La police accepte sa plainte (parce qu'elle n'a pas le choix) même si l'un des officiers essaie de la dissuader en pointant du doigt tous les éléments qui pourraient compromettre la victime lors du procès qui promet d'être très médiatique. La policière lui pose des questions embarrassantes sans intérêt pour l'enquête mais dont les réponses peuvent desservir la victime au regard d'une opinion publique machiste.

* le procureur de la répoublique prévient le ministre directement de l'imminence de la médiatisation de son affaire. Le ministre en profite pour solliciter le soutien de son parti et de son gouvernement. Dans la réalité, à l'inverse de nombreux autres cas, où des élus ou responsables sont révoqués pour raisons éthiques, ce ne sera pas le cas pour Darmanin. 
<ref>https://www.mediapart.fr/journal/france/010318/me-too-le-gouvernement-face-ses-contradictions</ref> Bien au contraire, autant Emmanuel Macron qui prétendait faire de la cause des femmes une priorité gouvernementale, Christophe Castaner, responsable de la sécurité intérieure  et Marlène Schiappa prétendument féministe, annoncent ne prendre aucune mesure de révocation de leur collègue à moins d'une condamnation judiciaire. Le ministre en question sera même applaudi par les députés macronistes 3 jours après la publicisation de l'accusattion le visant. 
<ref>https://www.revolutionpermanente.fr/Accuse-de-viol-Darmanin-a-le-droit-a-une-standing-ovation-a-l-Assemblee</ref>

* Côté médiatique, le cabinet politique du ministre déniche des photos dénudées de la plaignante et s'en sert pour essayer de noircir son image auprès de l'opinion publique. Dans la réalité, le JDD se fait la boîte de résonnance de la contre-offensive du ministre envers la réputation de la plaignante en mettant en doute sa parole, à l'inverse des plaintes émises contre elle dans le moindre détail dans  une affaire précédente. En outre, ce même journal use et abuse de la culture du viol en laissant entendre qu'une femme ayant côtoyé ou plongé dans la prostitition ne peut pas, par nature, être violée. <ref>https://www.lejdd.fr/Societe/le-trouble-passe-de-celle-qui-accuse-darmanin-3563864</ref>

*le ministre non-démissionnaire, non-content de "démentir fermement" les "calomnies" et "injures", ne se contente pas non-plus de contrattaquer par des moyens médiatiques et avec des arguments aussi nauséabonds que malhonnêtes.  Dans la réalité, notre premier flic de France contrattaque également sur le plan juridique en menaçant des hommes et femmes politiques, médiatiques et militants et parfois en portant vraiment plainte conte elleux pour diffamation.<ref>https://www.youtube.com/watch?v=3SK5I6461Ww</ref>

* Au final, le dossier sera bâclé et la plainte classée sans suite. la seule condamnation qui aura lieu sera du côté de la plaignante.
EN réalité, Darmanin n'a toujours pas été condamné ni pour viol, ni pour traffic d'influence, ni pour abus de faiblesse, ni pour corruption sexuelle alors qu'il existe des précédents dans la loi.<ref>https://www.mediapart.fr/journal/france/270218/l-affaire-darmanin-le-droit-et-la-corruption-sexuelle</ref>

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