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« Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question », déclarait Simone de Beauvoir en 1974. Un demi-siècle plus tard, ses propos s'avèrent bien trop actuels.
Aucune vie ne vaut plus qu'une autre, selon l'ultra-libéral à la tête de la 3e plus grande économie d'Amérique latine. C'est aussi l'un des nombreux pays à normaliser les violences envers les femmes ; à remettre en question le droit à l'avortement, à nier les inégalités salariales et à s'en prendre au service public. Suppression du ministère en charge des droits des femmes dès l'arrivée à la présidence du fou de la pampa. Résultat : quelque 500 employés au chômage.
En plus d'une violence physique, s'ajoute une violence institutionnelle, systémique et économique. Fallait-il s’attendre à autre chose de la part d’un polémiste ayant brandi une tronçonneuse comme symbole politique ? Si son image publique repose sur une communication agressive et spectaculaire, ses déclarations ne font que prolonger cette posture.
Le 8 mars 2025, journée internationale des droits des femmes, la Casa Rosada publiait une vidéo sur Instagram glorifiant son engagement, non pas pour les femmes mais contre "l'idéologie woke", en soulignant l'immense effort et les multiples réussites du gouvernement : "Nous avons réussi à baisser le taux d'homicides (...) à combattre tous les délinquants, et les femmes en ont été les principales bénéficiaires".
À une époque où la vérité objective semble se dissoudre, la post-vérité s’installe progressivement comme une norme, modifiant la manière dont les individus interprètent les faits et façonnent leurs opinions.
Si l'injustice structurelle subie par les femmes n'a pas été totalement occultée, c'est probablement grâce aux efforts de la Chambre des députés. Le Parti libertarien de Milei reste minoritaire, tandis que le Parti d'opposition Unión por la Patria, péroniste de centre-gauche, représente le premier bloc. Le pire, l’inertie ou le meilleur, est encore à venir.
Pendant ce temps, les retraités se battent pour l'obtention d'une pension décente, alors qu'elle n'atteint actuellement que 300 euros par mois ; les communautés autochtones luttent contre le climatoscepticisme et le défrichement des forêts natives après la suppression du Fonds de protection des forêts ; quant à la communauté LGBTQ+, elle se retrouve comparée à la pédophilie par le président lui-même.