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Billet de blog 3 mars 2017

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Coaching : les silences de Pompidou

En cette période d’élections de toutes sortes et en tous lieux, il peut être curieux d’exhumer les images d’un président de la république française décédé en 1974. Et surtout de le faire pour des mots qu’il n’a pas prononcés !... C’est en fait un silence assourdissant dont je souhaite vous parler.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

ina - Conférence de presse de Georges Pompidou © INA

Silence d’une force pesante, remuante rarement vue, inclus dans une communication non-verbale dont on peut analyser chaque seconde.

N'épiloguons pas sur les vociférations politiques de nos présidentielles pour en rester à ce qui pourrait être une démonstration d’école en relation à l’autre.

Quelques mots du contexte : Georges Pompidou répond aux questions des journalistes dans une traditionnelle conférence de presse quand, à la fin, il est interrogé sur l’affaire « Gabrielle Russier ». Il s’agit d’un professeur qui s’est suicidé après sa condamnation pour détournement de mineur, alors qu’elle vivait une histoire d’amour avec un élève.

Le président de la République accueille la question avec gravité : on sent qu’elle restera probablement dans l’histoire de la société française. Un silence suit, interminable, animé d’une gestuelle semblant montrer que l’homme Pompidou va se dévoiler. Il faut le temps de se débarrasser du costume du personnage public pour retrouver celui de l’humain.

Transition fragile appuyée de mains jointes, puis écartées, d’une réflexion apparente jusqu’à ce que l’homme de lettre apparaisse. Il abandonne la politique dans la réponse, car il convoque un poète qui pourrait paraitre incongru dans les références d’un homme de droite : Eluard. C’est ce poète qui ramène le normalien à la réponse d’un humaniste face à un problème douloureusement humain.

Vous le verrez si vous avez la curiosité de revisionner cette séquence, le temps de silence parait interminable. Il dure 10, puis 2 et 6 secondes … Ce n’est rien. Même pas le temps d’un clic mais il est interminable et exprime en si peu de temps l’essentiel de la pensée.

Cette observation est passionnante et nous montre à quel point, ce silence si gênant à vivre, nous qui évoluons au rythme des 200 voire 300 mots par minutes sur les médias audiovisuels. Nous nous refusons souvent à la lenteur ou aux poses d’un silence, pensant qu’il faut occuper le temps pour conserver la relation à l’autre. C’est souvent le contraire, c’est la raison pour laquelle je vous recommande d’observer pour en apprécier la force en regard à la nocivité de bien des bavardages. 

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