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Billet de blog 16 novembre 2011

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L'Archipel du Capitalisme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le capitalisme, dont l’apparition se situe vers le quinzième siècle, est un phénomène qui s’est développé en même temps que l’économie de marché. Au vingtième siècle, le nombre des acteurs du capitalisme a augmenté au point de former une contrée virtuelle comptant près de cent millions d’habitants, sans gouvernement et sans frontières, que l’on pourrait nommer l’Archipel du Capitalisme. Ce pays comporte un grand nombre d’îles (bourses de Londres, Paris, New-York, Tokyo etc.) dont tous les habitants sont soumis à des règles communes. Avec l’apport des pays asiatiques ayant acquis une influence sur l’économie mondiale, la population de l’Archipel augmente mais elle devrait bientôt se stabiliser.

La communauté de l’Archipel est hiérarchisée. Au sommet se trouvent les dirigeants des sociétés d’investissement. A la base se trouvent des personnes qui sont impliquées dans les transactions sur les capitaux, souvent de façon très modeste, par exemple les titulaires des fonds de pension. La règle générale est de faire fructifier son capital le plus vite possible. Dans l’Archipel, le flux de capitaux pour des raisons spéculatives est plus de trente fois supérieur au flux de capitaux pour des raisons simplement commerciales.

Comme l’a fort justement remarqué Fernand Braudel, le capitalisme n’est pas le simple fait d’insérer le capital dans la production, mais un système qui a son propre but d’enrichissement. L’expansion du capitalisme le porte à dominer le monde de la même façon que l’expansion des grandes puissances maritimes les conduisait à créer des colonies. On peut dire également que le capitalisme soutire les ressources du monde de la même façon que ces pays soutiraient les ressources de leurs colonies. Mais la ressemblance s’arrête là car les méthodes modernes de domination ne sont pas fondées sur l’appropriation des personnes comme les anciennes méthodes de colonisation et d’esclavage. Leur élégance tient à ce qu’elles font l’économie de relations coûteuses et violentes sans pour autant perdre de leur efficacité en termes de résultats.

On parle beaucoup de la mondialisation de l’économie, qui est un phénomène inéluctable en tant que simple conséquence des progrès en matière de transports et de télécommunications. Mais il ne faut pas confondre la mondialisation avec la domination du monde par l’Archipel. La confusion est d’autant plus facile que les dirigeants de tous les pays sont aussi les hôtes de l’Archipel. Le capitalisme provoque dans le monde d’immenses désordres sans avoir de tête pensante ; sa domination ne résulte pas de la volonté d’hégémonie de quelques personnes. Il est donc très difficile pour la société d’identifier l’ennemi.

La situation ne devrait pas évoluer tant qu’on n’aura pas compris avec une précision suffisante comment fonctionne l’Archipel et quelles sont ses relations avec le reste du monde. Ensuite on peut prévoir que certaines nations lutteront contre le capitalisme pour conquérir une relative indépendance. Ce n’est pas l’économie de marché, mais la tyrannie d’une minorité de capitalistes, qui sera mise en question.

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