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Billet de blog 2 juillet 2011

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Il y avait une hirondelle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonjour!

Il y avait une hirondelle qui voulait vivre avec moi

Un escalier extérieur, une ancienne porte de grenier. On entre, un grand espace charpenté dont j'ai fait mon bureau-foutoir.

Chaque jour, obstinément, dès la porte ouvert au frais matin, Clémentine l'hirondelle se projette à l'intérieur, fuseau-fusée aux lointaines fragrances d'agrumes d'une Afrique quittée en Mars.

Maintes toitures lui sont offertes, maintes granges béantes. Non, c'est là qu'elle veut nider et nidifier.

Lorsque je suis là, comme en tant d'aventures relationnelles entre des êtres vivants, elle vit un drame à la fois effrayant et excitant: cohabiter?

Volant au hasard, aveuglée de son audace, elle se plaint, raconte, volète, se pose et me regarde en coin. Je lui parle.

Mon odeur l'attire, elle la connaît et l'apprécie, selon un atavisme vieux comme mon histoire et celle des siens.

Partout où j'ai pu vivre en maison ouverte, ses soeurs se sont installées. Les vieux savaient déjà, et me l'ont enseigné, qu'il y a pour les hirondelles des humains fastes, d'autres à éviter; en écho des auspices du temps romain.

Mais ma forme, mon mouvement la glacent de terreur. L'accoutumance est un long apprivoisement. Devrais-je, et je m'en sens très con, laisser la porte ouverte en permanence, aux hirondelles et... aux maraudeurs?

Au bout de quinze jours, Clémentine a renoncé. Je m'en ressens un peu bête, un peu abandonné, faute d'oser l'oubli d'une porte de grenier, sas protecteur de l'avoir, forclusion du vivre ensemble.

Rêverie des espaces, désunion des destins...

JCD

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