Bonjour!
Monsieur le Président Marzouki,
Je tiens à exprimer publiquement sur ce site mes regrets et ma consternation pour le traitement que vous a infligé france inter ce matin du 13 Janvier 2012.
Monsieur le Président, je ne vous connais pas, ou si peu, par quelques articles diffusés ici récemment. J'ignore donc si vous êtes un affreux islamiste, un cannibale, un anti-français...
Par contre, ce qui a émergé de cette matinale inique, et c'est indubitable, c'est la clarté de vos propos, le calme incroyable dont vous avez fait preuve, l'urbanité et la patience que vous avez su, contre vents et marées, faire entendre de vous dans un contexte résolument agressif, voire hostile.
Pour ce qui est de vos interlocuteurs, le "potentat Cohen", le décevant Guetta, et l'auteure d'une revue de presse en forme de libelle destructeur et irrespectueux, j'ai ressenti un vrai dégoût: auraient-ils parlé ainsi avec môssieur Sarkozy? Ou les a t-on entendu, naguère, questionner de la sorte votre "illustre" prédécesseur?
Le media que j'incrimine, (désormais aux ordres?) vous a, de mon point de vue, traité comme on agissait en europe au temps des colonies, et/ou comme un dangereux terroriste fanatique potentiel...
Voyez-vous, je trouve que les medias modernes, leur rapidité, leur avidité de gloser jusqu'avant les évènements-mêmes, infestent le paysage humain et trafiquent jusqu'à la réflexion de base, qui demande du termps et du recul.
Vous aviez eu beau leur répéter que vous étiez en fonction depuis trente jours, ça ne les intéressait pas; ils voulaient juste vous demander compte de tout ce que leurs fantasmes et leurs intérêts bien compris projettent de leurs craintes sur la figure que vous représentez.
Ne nous y trompons, pas, Monsieur le Président: si la démocratie que vous appelez de vos déclarations, si la liberté des femmes et des hommes, si l'humanisme laïc sont entraînées avec vous, ou même contre votre gré, vers des dérives théocratiques, je serai prompt à reconsidérer le choix que je fais aujourd'hui: celui du respect, de l'espoir, et...de la non-ingérance, contrairement à ce que vous a servi notre radio d'état.
Nous sommes sûrement beaucoup à attendre de la part de votre peuple et de ses dirigeants le signal que Fanon, Césaire et bien d'autres ont adressé aux ex-puissances coloniales: une co-existence de gens et de pratiques différentes mais liées entre elles par autre chose que la cupidité et le pouvoir coercitif.
Veuillez croire, Monsieur le Président, à l'assurance de mon respect très profond, et à mes voeux pour l'avènement d'un pays neuf et heureux.
Jean Claude Duchêne, psychiatre.