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Billet de blog 13 février 2011

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fous, un million, deux millions?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il était une fois -non, il était une à deux millions de fois en France- des gens que l'on disait schizophrènes, sans vraiment savoir ce que ça voulait dire.

Le mot était dans la bouche de tous les jounalistes et chroniqueurs de tous poils, pour dire, du moins l'espéré-je, qu'ils avaient quelque difficulté à gérer des contradictions de tous ordres.

Ce mot était aussi dans la bouche de certains de nos gouvernants, pour parler des criminels qui attaquent de manière insensée la vie de nos "chers" concitoyens.

Il était une fois un projet de loi qui allait enfin mettre un terme à tous ces atermoiements, et classer -enfin- tous ces parias dans la catégorie des gens dangereux et suspects, donc à fliquer.

Ce projet était porté par des gens bien, prompts à protéger la population contre les dérives mentales de certains d'entre elle, et de nature à -enfin- mettre tout sous contrôle.

On allait enfin suivre ces renégats de la pensée conforme jusque chez eux, afin de tuer dans l'oeuf leurs indiscutables pulsions meurtrières.

Il était une fois des "évadés" de cette cohorte de fous qui prétendaient vous parler de ça: des Antonnella Santa Cruz, des Anne Fontaine, des Gaulthier Roux, des Gemlalocomotive, des Cécile Aventurier, des Silenceontourne, des Marie Thérèse F., des Paul Machto, des Hervé Bokobza...

Bref d'outrecuidants locuteurs qui, notamment dans l'édition des "contes de la follie ordinaire", ont osé gâcher vos soirées avec des propos potentiellement délictueux sur ce qu'est la souffrance mentale, et que, oui, ce n'est pas que des histoires pour faire peur aux enfants le soir.

De un à deux millions de personnes atteintes de cette maladie étrange pour vous, mais surtout horrible pour ceux qui en sont porteurs, qui sont (je rappelle qu'ils sont plus nombreux que les agriculteurs ou les savetiers et les politiciens) méprisés par les "beaux esprits", et dont nombre d'entre vous disent qu'ils n'en ont rien à cirer (entendons: "je ne m'y connais pas")

Il était une fois une loi qui allait enfin mettre tout ce beau monde au pas: injonction de soins y compris ambulatoires, stigmatisation comme dangereux individus potentiels, voire dangereux par principe, "et qu'on n'allait pas quand même, vu ce qu'ils sont, remettre le paquet pour que leur accompagnement et les soins qui ne leur sont dus que par charité institutionnelle devienne efficace"... Le bracelet suffira!

Rigolez, citoyens! Des gens, sur ce site, me taxent de voyou parano, parce qu'en permanence je dénonce votre mièvrerie devant ce fait de société qu'est l'abandon en rase campagne du devenir des "fous". Ou vous acceptez les diktats du politique, consistant à assimiler la maladie à la délinquance, et vous pouvez vous attendre à en avoir une pseudo-confirmation dans les actes de désespoir que cela suscitera chez eux, ou vous arrêtez de dire que vous n'y connaissez rien, et vous militez avec plein de gens déjà au front, à commencer par le Groupe des 39 contre la nuit sécuritaire.

Entre 1 et 2 millions de gens en souffrance (chiffres de l'OMS), et que du baratin et de la défausse: ça vous parle? Allons, pas de défaitisme: libéralisons la haine, c'est un produit porteur, et débarrassons-nous du problème en disant que nous n'y sommes pour rien; la folie, combien de divisions, et quel quantum de pouvoir d'achat?

Au fait, quel sort est réservé aux "fous" en Tunisie et en Egypte?

J'aimerais bien vous lire en commentaires sur tout ça...

JC Duchêne, psychiatre.

PS. Merci à tous ceux que mes "retours" énervent de s'abstenir, ceci est une question sérieuse

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