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Billet de blog 13 mars 2011

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15 Mars 2011: viol du 15 Mars 1960?

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Bonjour!

Total respect pour les drames actuels, quels qu'ils soient. Je me sens avec tout cela en empathie et plein de questions. Ce n'est pas pour autant que je vais lâcher la question du sort de millions de malades psychiques, qui risquent de passer à la moulinette du sécuritaire dans le projet de loi présenté demain mardi à l'Assemblée. Il est au moins curieux, au plus cynique, de constater que ce projet va être voté pendant la semaine nationale d'information sur la santé mentale, et le jour anniversaire de la création de la politique de Secteur en psy, en 1960...

Aussi m'autorisé-je, une fois n'est pas coutume, à relancer sur ce blog le texte diffusé dans l'édition "Contes de la folie Ordinaire", si Monsieur Drupal me le permet.

Une chose est sûre, mardi, ne dormez que d'un oeil, la répression nous/vous guette!

« La raison du plus fort est toujours la meilleure, nous l’allons montrer sur l’heure » JDLFCeci pourrait se discuter, au vu des replis successifs de la gent monarcho-législative depuis quelque temps (cf. notamment loppsi 2) en matière de sécuritarisme et de risque zéro, au point de réduire celui que j’aimerais appeler Zébulon Ier à aller exporter ses biceps dans les lointaines contrées de la Cirénaïque. « Pourtant, pourtant, il faut que l’on vous dise : on déplore un tout petit rien… » De tout temps, et même après réflexion, j’ai eu tendance à penser, dans mes relations diverses avec les personnes psychiquement souffrantes, qu’il fallait éviter les effets destructeurs des secousses sismiques pour les bâtiments fragiles des pensées et des existences de gens déjà tant ébranlés. Mettre comme au Japon des sortes de silent-blocs dans les soubassements de nos échanges. En gros les protéger non des savoirs et des champs de la pensée, politique entre autres, mais des effets de la violence qui s’y exerce. « De la suffisamment bonne mère (Bion) et de ce qui suffit (Chaigneau) » Pour des gens dont, au moins partiellement, les filtres sont inefficaces contre les assauts de l’extérieur du Soi, du fait de la panne du sas de l’imaginaire, j’ai toujours eu tendance à penser qu’il y avait lieu de mettre en place des pare-excitation devant des situations vécues comme menaçantes, de faire tampon non contre la réalité des choses, mais contre le poids d’émotions et d’angoisse potentiellement générées par sa manière de s’imposerCeci n’est pas incompatible avec un « discours de vérité » ; souvent malades et familles m’ont dit : « j’aime bien, au moins vous êtes franc … ». Simplement, ce qui me paraît à cet égard nécessaire et suffisant, c’est de travailler dans l’échange les formes de la perception et de la réception des informations, et parfois de retenir les effets de réactivité excessive qui peuvent, plus que pour les « normosés », jaillir devant l’injustice et la violence des faits. « Lorsque s’effondrent les preuves, le poète répond par des salves d’avenir (René Char) » J’ai été obligé, ces derniers temps, devant les menaces et le mépris incroyables manifestés à l’encontre des gens dits malades mentaux, singulièrement le projet de loi modificative de l’organisation des soins en psychiatrie (entendez le massacre de la psychiatrie de Secteur et l’aliénation supplémentaire créée par l’assimilation de la souffrance mentale à la dangerosité et à la délinquance), de revoir ma copie. Car la violence n’est plus une menace, elle est un fait.Il ne s’agit plus dès lors de prévenir les chocs, mais de les traiter. La violence a déjà cassé, blessé, voire tué. Que sont devenues, dans leurs applications, les mesures de la loi sur les droits des malades ? Perverties! Qu’est devenue la politique de Secteur, action polymorphe et ouverte sur la cité et tous les partenaires ? Putréfiée, en particulier par les restrictions des effectifs soignants, par un enseignement aveugle dit consensuel, par l’amoncellement des modes de décomptes, de contrôles, d’instances de jugement administratif et comptable des actes de soins, par les ruptures instaurées contre nature entre soin et action médico-sociale, par les clivages entretenus voire attisés entre groupements de patients, de familles, de professionnels.Devant tant de stupide aveuglement à tout sauf aux clichés instantanés de la macro-économie, allant jusqu’à ignorer la réalité des « performances » de la psychiatrie de Secteur, les drames et surcoûts évités par un accueil et un accompagnement au quotidien, créant à tire larigot des structures alternatives astucieusement manipulées en vue de clivages et de maîtrise, je me suis résolu à admettre que les patients, comme on dit, sont et doivent être au premier rang de la reconstruction urgente d’une politique de soins psychiques décente. Bien sûr, pour certains, cela va déjà de soi, et des collectifs mènent déjà l’action avec toute la force de leur volonté et de leur authenticité. Prouvant là au passage que, comme dans les pays du sud Méditerranéen, et contrairement aux assertions commodes et idéologiquement aveugles des puissants, les gens en situation de faiblesse savent très bien manifester pacifiquement leur désir. Ces « premières lignes », nous avons seulement à les accompagner, à agir conjointement avec elles. Pour d’autres, plus en retrait, plus accablés par des symptômes douloureux, nous pouvons les aider à convertir la peur en ouverture d’espoir, dans un engagement citoyen dont la carence temporaire les prive de recours dans leur chemin d’existence. Chaque fois que, dans un club thérapeutique par exemple, des gens ont pu prendre des responsabilités à leur mesure, ils en ont tiré des bénéfices de progression personnelle.Je n’ai désormais plus le moindre doute quant à l’indispensable implication des gens en soins de prendre leur part active dans une refondation alternative et créatrice de la psychiatrie dans notre pays ; quitte à assumer, c’est notre métier, l’étayage et la modération que pourraient requérir les exaltations et angoisses que s’engager peut produire, chez certaines personnes mal protégées de leurs mouvements internes « non tamisées »Tous, tous, pour la pétition du collectif des 39 !JC Duchêne, psychiste

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