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Billet de blog 18 octobre 2011

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La loi, les règlements, la connerie institutionnelle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Désolé, je récidive

Cher Jean Pierre Sueur

Je n’aurai pas l’outrecuidance de rappeler les combats que nous menâmes ensemble, les lecteurs n’en ont rien à faire.

Mais voilà, si mes informations sont bonnes, que vous vous retrouvez président de la Commission des Lois du Sénat. A ce titre je vous adresse cette lettre ouverte.

Car cet évènement vaut son pesant d’or, si vous savez vous en servir. En effet, il est depuis des décennies une manie bien étrange dans notre supposée République, qui consiste à produire des textes dits de loi sur tout et sur rien…

Une manière bien « bonapartiste » de légiférer au nom du « risque zéro », du « principe de précaution », dans une judiciarisation systématique des échanges entre humains, et, de facto, de confondre les concepts pourtant si différents de « loi » et de « règlements ».

La loi est chargée, dans une communauté humaine, de rappeler en permanence, sur un plan symbolique, ce qui se peut et ce qui ne se peut pas dans les interactions entre les membres d’une communauté. Le règlement ne procède que des volontés de ceux qui gouvernent, d’essence imaginaire, pour tenter de maîtriser ce qu’ils croient gouverner.

Lorsque s’effondre la base idéologique d’un Etat, tous les efforts des décideurs se trouvent tendus vers le contrôle à tout prix de ce qui, par essence, je veux dire le désir des gens, ne peut que leur échapper. Ainsi les flux incontinents de textes règlementaires ne représentent que la vanité de l’illusion du pouvoir.

Si je m’adresse à vous, c’est que, de votre nouvelle et précieuse place, vous allez pouvoir, du moins je l’espère, donner à l’action législative une autre dynamique.

Les textes se rapportant à la loi fondamentale, disons à l’art et à la capacité de vivre et d’avancer ensemble, se doivent d’être parcimonieux, éthiquement incontestables, et méritent d’être assortis d’une démarche systématique de pédagogie et d’élucidation permettant au Peuple de se l’approprier sans ambiguïté.

Les formules de régulation, appelées règlements, pour le fonctionnement des pratiques et des échanges entre humains, ne doivent pas emboliser des hautes chambres qui ont vraiment mieux à faire, mais elles méritent par contre un réel contrôle de leurs attendus et de leurs effets. Votre haute assemblée devrait y veiller scrupuleusement.

J’espère, cher Jean Pierre Sueur, que vous garderez à l’esprit, comme jadis, le principe suivant : la seule loi qui vaille, c’est le respect de la constitution, des droits de l’homme et de la femme.

Ainsi en va-t-il des questions relatives aux Roms, aux « fous », aux gens qui se tuent de ne plus voir d’horizon, aux licenciés de tant de boîtes faisant des profits, aux migrants traités comme des punaises à écraser, aux enfants livrés à la vindicte pour la seule raison qu’ils n’ont pas eu droit, et leurs parents itou, au respect et à la considération de la république, aux gens de la rue et aux sans abris qui, en total déni des lois, ne trouveront pas de lieu cet hiver, une fois de plus, aux femmes malmenées, ou plus, qui n’ont d’écoute qu’une certaine « bienveillance passive », aux travailleurs des lieux médicaux et médico-sociaux qui galèrent sans appui et sans considération, aux innombrables domaines où la marchandisation de tout enlève toute possibilité d’humanité. J’en passe, tellement la gestion actuelle de la supposée vie commune est pervertie par le culte indécent d’intérêts privés et oligarchiques…

Cher Sénateur et ami, je me permets de vous rappeler votre place et votre fonction : éminentes, pour réaliser ce que, je crois, vous appeliez de vos vœux. Vous n’y serez pas seul, si vous le voulez bien…

Très amicalement

JC Duchêne

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