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Billet de blog 21 février 2011

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Pourfendeurs, attention!

Si j'écris ici sans vergogne des choses dérangeantes, c'est que je sais avoir atteint un point de non-retour biologique et psychique, et que, du coup, "mon narcissisme à moi" ne saurait en être douloureux. Rentré "en fraude" dans ce journal, je suis amené, c'est mon choix, à lire et des articles d'édition, et des blogs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si j'écris ici sans vergogne des choses dérangeantes, c'est que je sais avoir atteint un point de non-retour biologique et psychique, et que, du coup, "mon narcissisme à moi" ne saurait en être douloureux. Rentré "en fraude" dans ce journal, je suis amené, c'est mon choix, à lire et des articles d'édition, et des blogs. Pour les articles, il en est de toutes natures, sur lesquels on peut prendre parti ou simplement s'interroger, voire laisser une pensée s'ébattre librement...

Pour les blogs, ce qui paraît le plus évident, c'est le caractère "lié" de ce qui s'y dit, entre l'assertion d'un seul, en réaction à d'autres ou en initiant une question nouvelle, et les commentaires, qui proposent des réponses et/ou produisent des ponts inédits entre différentes publications, quand ils ne se font pas d'emblée pourfendeurs du scripteur.

Ces blogs ne sont pas que cela, mais aussi une manière d'affiliation à un système langagier, appelé pour le lieu et l'instant Mediapart, mais qui pourrait, c'est le cas ailleurs, s'appeler de toutes sortes de noms. Ceci me semble produire un effet étrange, qui serait la "reconnaissance de la signature, à défaut de visage, de l'autre, locuteur". Effet qui engendre des positionnements binaires de type "pour ou contre", "ennemi ou ami"...

Sur un blog récent, quelqu'un a parlé du sentiment d'injustice, évoquant Rousseau. La position de Rousseau me paraît, c'est mon choix, redoutablement contestable eu égard aux comportements qu'il a eus dans sa vie personnelle, mais bref, là n'est pas l'essentiel.

Si je voulais toucher à cette notion d'injustice, j'irais jusqu'à dire qu'elle n'a de sens que dans la mesure où quelqu'un juge. Ceci appelle quelques questions. D'abord, qu'en est-il des références d'un jugement? Sont-ce des référence à des règlements édictés en si haut lieu soit-ils, et qui ne font que véhiculer, pour un moment donné, la force de représentations imaginaires, liées aux circonstances et à ceux qui prétendent les gérer? Ou s'agit-il de cette "force de loi" à forte teneur symbolique qui tente, contre la pulsion barbare de l'espèce humaine, de générer un peu les possibilités du "vivre ensemble"?

Ensuite, qu'en est-il de celui qui juge, de sa supposée impartialité, de ses références à l'intérêt commun, lequel doit transcender les intérêts particuliers? Sur quelle nature du Droit s'appuie t-il? La tentation est forte de s'étayer de convictions, plutôt que de principes, pour juger celui que l'on a déjà cloué au pilori des nos haines et rancoeurs personnelles...

Il semble qu'actuellement, chacun, devant la carence des forces symboliques de la loi, s'arroge le droit de réparer et faire réparer les vécus d'injustice à titre personnel, sans la moindre référénce à un contrat social, lequel serait bien autre que celui, je répète, à mon sens inepte, de JJR.

Qu'il s'agisse du tueur en série, qui "règle ses comptes" avec soi-disant la société, en réalité avec ses fantasmes d'injustice (et donc de toute puissance auto-proclamée), ou du blogueur d'ici ou d'ailleurs qui venge son "point de vue" par des anathèmes au mieux, des violences verbales au pire, le combat paraît le même: se constituer d'abord en victime, se faire juge de l'autre, et enfin exécuter la condamnation qui, dès lors, lui apparaît fondée.

Il n'est pas rien de constater que les prises de bec les plus violentes sur ce site se réfèrent à la question des relations palestino-israêliennes (passons sur les rêves jouissifs de "prise de pouvoir sur la parole au sein du club", images désolantes de la paranoïa au petit pied, et des complaisances humaines pour l'arrosage méthodique de l'ego, faute de mieux).

Le paradigme convoqué sur ce thème, ça me paraît être celui des croyances; du style "j'ai raison contre la raison, puisque, croyant, je sais"... Repensant à mon maître Devos, j'ai pourtant envie, en permanence, de clamer "y'a un doute, y'a un doute". Comme dans l'espace du dire potentiel, on pourrait dire: "y'a de l'air, y'a de l'air".

Si je parle d'air (de préférence respirable) et de doute, c'est qu'il me semble qu'il existe là un autre paradigme du fonctionnement de nos sociétés: les articles et billets qui s'encombrent de moult commentaies tous plus "avertis" et agressifs que les autres deviennent étouffants; ils m'évoquent l'incapacité des humains, réunis dans ce concept curieux au moins, raciste au pire, de nations (j'éviterai de dire "communauté mediapartienne"), d'admettre l'équivalence ( l'"équi-valeur") de l'autre, de se représenter sa position comme aussi respectable et pertinente;

genre "vérité en deça des Pyrénées, mensonge au delà..." Et de créer des espaces de respiration partageables.

Si la folie des nations s'approprie et s'aliène le concept de "droit divin", où s'arrêtera la folie vengeresse contre tout ce qui n'est pas soi? Et que serons-nous, pauvres locuteurs d'occasion, dans ce maëlström de conditionnements politico-idéologiques que nous têtons ainsi depuis notre premier allaitement? Tous dieux mis à part, sortons de là, ne serait-ce que pour tenter de comprendre, ce qui est loin d'être fait par les chroniqueurs de tous poils, ce que nous suggèrent des gens de pays autrefois colonisés, et actuellement en tentative d'un dire dont, sauf prétention inouie, nous ne savons pas grand chose...

A suivre, si vous le voulez bien!

Jean Claude Duchêne

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.