Amis lecteurs, bonjour; amis de la rédaction, je ne vous dis pas bonjour!
Voilà des mois que, ici comme sur d'autres supports, un vent s'est levé pour faire front à un projet de loi, présenté à l'Assemblée Nationale le 15 Mars, concernant la réforme de la psychiatrie.
Voilà des mois que des gens, comme Yves Gigou, Paul Machto, Cécile Aventurier et d'autres sur ce site, ont rédigé des articles et proposé une pétition contre la judiciarisation des maladies mentales et leur mise en posititon d'être abordées comme des délinquances menaçantes pour le "bon peuple" (Cf. Collectif psychiatrie-Groupe des 39 contre la nuit sécuritaire). Vous trouverez, si vous le souhaitez, maintes références à cette question en "fouillant" dans les archives de Mediapart.
Dans les archives, oui, car, contrairement aux entêtements obstinés et sûrement courageux de ce journal sur différentes affaires (Karachi, Woerth- Bettencourt, MAM, et j'en passe), la rédaction n'a pas jugé bon de faire de la défense d'une psychiatrie humaniste et accueillante un thème militant à poursuivre au moins jusqu'au vote de la loi inique, voire au delà.
Aucune enquête, aucun témoignage de personnes politiques, aucun éditorial. Voilà qui parle de l'intérêt commercial bien pensé de qui pense à ... vendre sa prose plutôt que de militer pour des causes justes. Pourtant ceci concerne plus de un million d'exclus potentiels dans notre pays, du fait de leur maladie, plus un gros paquet de soignants et d'accompagnants, plus des quantités de familles peu ou prou en difficultés avec cette question douloureuse.
Demain est le jour de la prise forcée, obligatoire, des pilules accréditées (par les laboratoires pharmaceutiques et leurs alliés consensuels des "bonnes pratiques"), à domicile y compris, pour (contre?) les patients souffrant psychiquement.
Demain est le jour de l'enfermenent sécuritaire qui va remplacer l'accueil par la coercition, l'écoute vigilante par la maîtrise chimico-judiciaire, l'investissement accompagnant par la surveillance infiltrée de l'idéologie du risque zéro. Après demain, le bracelet électronique et l'incarcération préventive?
Je veux ici demander solennellement à Mediapart de remettre en ligne, et d'alimenter de chroniques éditoriales, l'article de Gigou intitulé "Réforme de la psychiatrie, déraison d'état".
Une pétition existe, je l'ai rencontrée et signée, et si 7000 personnes ont fait comme moi, ce n'est certes pas pour qu'elle soit rangée au rayon des vestiges mediapartiens alors que le débat à l'assemblée est en instance, et va forcément être voté puisque la démocratie n'a depuis longtemps plus rien à voir avec la réflexion, comme on disait jadis, "en mon âme et conscience" de chaque député.
JC Duchêne