Je publie ici sous forme de billet le commentaire que j'ai édité sur l'excellent billet de Gilles Sainati " Voeux 2012, pour une Justice retrouvant l'esprit des Lumières" dont je recommande la lecture.
J'ai par ailleurs posté ce même commentaire sur le dernier billet d'Antoine Perraud.
"L'excellence de ce blog, la régularité avec laquelle son auteur aborde , in vivo, sur le terrain, à l'échelle citoyenne, les réalités les plus cruelles de ce qui subsiste aujourd'hui de la Justice Républicaine, tout ceci qui est exceptionnel mérite approbation applaudissements et un soutien sans faille des nombreux lecteurs qui suivent Gilles Sainati.
Donc: Bravo à Gilles Sainati dont les voeux rejoignent les nôtres.
Voeux d''autant plus courageux que celui-ci n'hésite pas à s'exposer aux foudres de sa hiérarchie dont on ne dira jamais assez à quel point elle est inféodée au Pouvoir en place.
De plus, il est clair que tout cela ne serait pas possible, en tout cas pas avec la même portée médiatique, si Médiapart n'existait pas: la qualité d'information et de réflexion, le niveau de débat qui s'ensuit régulièrement sur le blog de Gilles Sainati, sont donc à porter aussi aux crédits partagés de son auteur et des créateurs de Médiapart.
Dans le même temps, cependant, cette réussite remarquable souligne bien involontairement les carences manifestes des conditions du débat sur Médiapart.
Ces insuffisances et ces échecs sont notamment soulignés par la publication récente sous la plume d'Antoine Perraud ( journaliste à Médiapart) d'un billet plein d'amertume en forme de faire-part de deuil de Médiapart en tant que média participatif.
A lire ce journaliste de grand métier, la faute à une "lie" (sic) de MDP en particulier ( et sans doute en général de tous ces nécessiteux et autres ignoramus qui osent exprimer leurs désaccord avec Antoine Perrault) rien ne serait plus possible sur MDP en matière participative.
Désireux de ne pas gâcher son immense talent, notre plumitif indigné d'être si souvent contredit vertement par de simples abonnés, vulgum pecus tout juste bon à lire ce qu'on lui donne, abandonne dans un grand froissement de dignité outragée toute idée de participation des lecteurs autres que directement, privément, et par bienveillante et spéciale licence de sa part, sur son adresse personnelle.
Cette position réactionnaire - c'est le cas - est excessive et nuisible. Ce serait jeter le bébé - les lecteurs - avec l'eau du bain ( les trolls et contre-trolls).
On voit d'ailleurs ici, par rapprochement, que MDP est décidemment la meilleure et la pire des choses médiatiques, s'agissant du potentiel participatif de ce média en ligne ouvert à la participation de ses lecteurs-abonnés...
Il n'est pourtant que de relire les contributions de Sainati - et pas seulement les siennes d'ailleurs - pour contater que Médiapart reste un vrai média participatif, plein de vie de succès de sérénité et de débats argumentés - à la mesure de la qualité des interventions de l'auteur des billets considérés.
Il est vrai cependant que ce qui sépare nettement ses interventions de celles de nombres d'auteurs de billets, journalistes et lecteurs, tant sur leur blog que dans les colonnnes professionnelles de MDP, c'est... "l'Opinion"!
Comprenez: celle de l'auteur, rhéteur en majesté, qui condescend du haut de son expertise à livrer son opinion, qui est la sienne, et qu'il partage, non sans dévouement, avec les niaiseux d'en bas qui ne le méritent pas.
Partout ailleurs que sur Médiapart, ces attitudes et ce ton grand genre seraient simplement ridicules et plutôt risibles.
Mais ici, il y va du succès - ou de l'échec - d'un projet de média encore une fois _participatif_ et donc ouvert aux talents de ses lecteurs engagés, qui soutiennent MDP et par leur abonnement et par leurs contributions.
Contrairement à ce que dit Mr Perraud et à ce que montrent par leur mépris et leur refus de répondre à de simples questions d'information posées par les lecteurs ( c'est devenu fréquent hélas tant certains journalistes d'arrivée récente ont le melon) le média participatif MEDIAPART fonctionne très bien.
A la condition que l'auteur fasse le premier pas en faisant preuve de créativité, de dévouement et d'ouverture vers ses lecteurs: c'est ce que les journalistes "à l'ancienne" ne savent pas faire, voire qu'ils ne veulent pas faire.
A cette répugnance évidente à descendre de leur piédestal s'ajoutent deux caractéristiques déplorables du fonctionnement de Médiapart:
- un "tracker" qui fonctionne quantitativement, donc sur le nombre de commentaires ( que ceux-ci fassent cent lignes ou un point d'exclamation, cela ne compte que pour 1 reaction.
- En conséquence, un baronnage de quelques abonnés qui s'entraident afin de donner à leur billet un peu de durée de vie sur le tracker qui fait descendre leur texte dans les abysses de MDP aussi vite qu'ils apparaissent: on peut comprendre que l'on se batte pour qu'un billet ait une chance d'être lu, mais le procédé est regrettable et contribue à étouffer les autres billets qui coulent à pic avant d'avoir une chance d'être lus.
Ajoutons à ce qui précède le choix léonin de la rédaction en charge des blogs de soutenir tel ou tel billet en le passant longuement à la une, ainsi que l'édition de commentaires "recommandés par médiapart", qui sont souvent remarquables... par le faible nombre de recommandations venant des lecteurs eux-mêmes sur ces commentaires promus...
Mais passons: inutile d'insister, les billets sont innombrables qui ont dénoncé mieux qu'ici et depuis longtemps, les dérives autoritaires et contre-productives de la rédaction en charge des blogs.
Au fait, et pour conclure: je remarque que nombre de billets tout aussi excellent que les autres, publiés par notre ami Sainati, n'ont été que fort peu lus, et ont disparu dans les profondeurs du classement sans que rien n'y fasse, malgré l'intérêt patent de ces textes: il suffit de consulter les billets publiés par Sainati ces derniers mois pour s'en convaincre: peu de commentaires mais bien plus de recommandations, en vain, puisque sur Médiapart, le quantitatif l'emporte sur le qualitatif.
Ce fameux qualitatif sur lequel feint de gémir l'excellent Perraud, en parlant de la "crème de la crème"(re-sic)...
Edwy Plenel, prenez garde à ce que notre cher Médiapart ne deviennne, à force de mépris et de mauvaises pratiques, un repaire de fayots et, en fait de média participatif, une triste et servile médiatarte à la crème...