Si j'osais, je dirais bien qu'un clou chasse l'autre mais je m'en voudrais de passer pour un mécréant irrespectueux de Jésus Jéhova Vichnou ou Mahomet ( que réflexion faite et par prudence je majuscule aussi sec): m'enfin bon, faut bien l'admettre, y a pus rien de sacré par les temps qui courent:
Donc après la naissance du Christ, puis du nouveau label saint sulpicien "petit jésus" , est advenu le règne commercial du père noêl, qu'on voyait bientôt chassé par Halloween ou presque ( mais ça doublonne un chouïa côté budget cadeaux pour nos chères têtes blondes): et vlatipa qu'on censure le père noêl dans une école laïque* pour pas choquer dixit la directrice lesparents d'élève d'une autre confession que celle de B16.
Mais il n'y a rien de nouveau sous le beau soleil de France:
Tenez, déjà en 1952, voila un article de France-soir qui mérite largement le détour:
"DEVANT LES ENFANTS DES PATRONAGES
LE PÈRE NOËL A ÉTÉ BRÛLÉ SUR LE PARVIS
DE LA CATHÉDRALE DE DIJON"
Dijon, 24 décembre (dép. France-Soir.)
« Le Père Noël a été pendu hier après-midi aux grilles de la cathédrale de Dijon et brûlé publiquement sur le [p. 1573] parvis. Cette exécution spectaculaire s’est déroulée en présence de plusieurs centaines d’enfants des patronages. Elle avait été décidée avec l’accord du clergé qui avait condamné le Père Noël comme usurpateur et hérétique. Il avait été accusé de paganiser la fête de Noël et de s’y être installé comme un coucou en prenant une place de plus en plus grande. On lui reproche surtout de s’être introduit dans toutes les écoles publiques d’où la crèche est scrupuleusement bannie.
Dimanche à trois heures de l’après-midi, le malheureux bonhomme à barbe blanche a payé comme beaucoup d’innocents une faute dont s’étaient rendus coupable ceux qui applaudiront à son exécution. Le feu a embrasé sa barbe et il s’est évanoui dans la fumée.
À l’issue de l’exécution, un communiqué a été publié dont voici l’essentiel :
Représentant tous les foyers chrétiens de la paroisse désireux de lutter contre le mensonge, 250 enfants, groupés devant la porte principale de la cathédrale de Dijon, ont brûlé le Père Noël.
Il ne s’agissait pas d’une attraction, mais d’un geste symbolique. Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. À la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l’enfant et n’est en aucune façon une méthode d’éducation. Que d’autres disent et écrivent ce qu’ils veulent et fassent du Père Noël le contrepoids du Père Fouettard.
Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur.
L’exécution du Père Noël sur le parvis de la cathédrale a été diversement appréciée par la population et a provoqué de vifs commentaires même chez les catholiques.
D’ailleurs, cette manifestation intempestive risque d’avoir des suites imprévues par ses organisateurs.
L’affaire partage la ville en deux camps.
Dijon attend la résurrection du Père Noël, assassiné hier sur le parvis de la cathédrale. Il ressuscitera ce soir, [p. 1574] à dix-huit heures, à l’Hôtel de Ville. Un communiqué officiel a annoncé, en effet, qu’il convoquait, comme chaque année, les enfants de Dijon place de la Libération et qu’il leur parlerait du haut des toits de l’Hôtel de Ville où il circulera sous les feux des projecteurs.
Le chanoine Kir, député-maire de Dijon, se serait abstenu de prendre parti dans cette délicate affaire. »
Voila: et la débine au père Kir, ça sent si bon la France, comme chantait Maurice Chevalier au joli temps du Maréchal.
Cela dit, voila le commentaire de Lévi-Strauss dans les Temps Modernes: on le lira avec profit, tant il concerne la France de 60 ans plus tard:
http://classiques.uqac.ca/classiques/levi_strauss_claude/pere_noel_supplicie/pere_noel_supplicie_texte.html
* Oui, maintenant, une école tout court, y a plus: c'est école "laïque" qu'il faut dire: curieusement, je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps, on ne précisait que s'il s'agissait d'une école religieuse: catholique, israélite etc.