L'échiquier politique est en train de se modifier sous nos yeux, mais il semble bien que nos experts et habituels commentateurs politiques n'y voient goutte.
Avec Hollande comme candidat aux présidentielles, les écologistes seront désormais à gauche du PS.
On objectera, non sans raison, que se positionner à gauche d'un PS vallsisé n'est pas bien difficile.
Reste que, si l'on regarde le programme d'Eva Joly plutôt que les esquives hollandaises, la candidate EELV se retrouve clairement à gauche du PS sur les dossiers les plus brûlants: la sortie du nucléaire, les banques, les paradis fiscaux et la lutte contre la corruption. Sans parler de l'incroyable chauvinisme cocardier des principaux candidats qui de droite comme de gauche, renchérissent sur le parler footeux pour bien marquer leur supposée proximité populaire, tandis que les primaires PS n'ont pas consacré une seconde de débat au fait que la France est en guerre dans plusieurs régions du monde.
Quel que soit le résultat du vote de dimanche - sauf désistement de dernière minute - les quelques 400 000 voix qui sont allées au premier tour sur M. Aubry risquent bien de ne pas se reporter sur Hollande au premier tour des présidentielles, tant le personnage fuyant et ondoyant ne rassure que fort peu les électeurs de gauche qui ne veulent pas d'une social-démocratie de notables blindés de thunes et de privilèges, si aisément caricaturée en UMPS.
Ceux là, révulsés par les arrangements entre amis et par les coups de couteaux dans le dos pourraient bien se reporter sur Eva Joly au premier tour des présidentielles et sur les Verts aux législatives. Et autrement mieux et plus que vers un Mélenchon plombé par ses approximations sur la sortie du nucléaire et une alliance électorale sans base populaire, limitée aux présidentielles et sans perspectives après 2012.