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Billet de blog 18 mars 2012

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HOLLANDE: FINE MOUCHE!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hollande est bien trop fine mouche pour faire la moindre allusion au "vote utile" - dont la seule évocation a le don de mettre en rage les militants du FdG qui voient bien le danger. Or, non seulement il s'abstient soigneusement de toute évocation de ce genre, mais encore, dans ce qui ressemble fort à une superbe "captatio benevolentiae" que ses professeurs de casuistique lui ont enseignée dans son jeune temps, Hollande ne se prive pas de saluer la montée de Mélenchon dans les sondages!

Sa candidature, nous dit l'impétrant social-démocrate, sur un ton de bienveillante modestie, "a du sens" (sic).

Bon: avec ça, on n'est pas fauchés.

D'ailleurs, comment le contredire? Bien sûr qu'elle en a, du sens, la candidature de Mélenchon qui a tout sacrifié ( à commencer par l'avenir électoral de son cher Parti de Gauche au profit quasi exclusif du PCF) pour cette candidature qui est le bonheur de sa vie politique!

Et dire qu'elle a du sens, c'est strictement réussir un tour de force qui consiste à dire l'évidence, mais surtout sans rien dire du tout, sinon allusivement!  Car enfin, si elle en a, du sens, la question que pose aux électeurs cette candidature Mélenchon soudain si favorisée des médias de droite ( à commencer par le pilonnage de BFM qui passe en boucle le bonheur Mélenchon), c'est bien d'identifier quel est exactement le sens de cette candidature, puisqu'il est entendu qu'elle en a un!

Ce sont les électeurs qui vont lui donner un sens, à cette candidature.

Et qu'elle soit si fort à la mode qui trotte qu'on portraiture désormais le tribun du Front de Gauche aux murs du quartier de la Bastille ( avec cependant moustaches façon petit père des peuples rajoutées par les nombreux anars du coin), qu'on n'entende plus que cela sur les ondes avec annonce que ça va être une manif du tonnerre de Brest et qu'on voir ce qu'on va voir, cela finira par donner du sens: celui du risque évident de voir Hollande baisser dans les sondages à proportion de la montée de Mélenchon, cité avec respect par Sarkozy, qui aimerait tant que ce soit Mélenchon, son adversaire, et pas ce Hollande imperturbable et,de fait, imprévisible.

Gageons qu'Hollande ne fera pas la grosse bêtise de s'aliéner les électeurs du Front de Gauche, au risque de les décourager de voter pour lui dès le premier tour! Lesquels, par précaution, histoire de s'assurer que Sarkozy ne soit pas réélu, risquent fort si le tribun de la plèbe en rajoute une louche de trop, de revenir en plus grand nombre que prévu au vote utile: car enfin, le vote Mélenchon est désormais pris dans une double contrainte.

Pas question de risquer un premier tour vainqueur de Sarkozy qui risquerait de tourner au désastre que constituerait sa ré-élection: dont le responsable tout désigné serait l'ex ministre de Jospin que les dirigeants socialistes ménagent si fort, pour le moment.

Et pas question non plus de faire plus fort que le roquefort: Mélenchon  doit faire bien, mais pas trop bien, au risque d'une défaite cauchemardesque à la présidentielle suivie aussitôt d'une Bérézina définitive pour le PCF aux législatives.

Voila pourquoi ce politicien madré va désormais axer sa campagne sur une hypothétique "6ème République" dont la prudente radicalité ne fâchera personne tant la proposition paraît éloignée des préoccupations immédiates des français.

Mais rassurons-nous, et profitons du spectacle: entre la fine mouche qui veut être président et le faux dur qui veut être ministre, la comédie ne va pas durer trop longtemps: ces deux là qui se connaissent bien s'entendront finalement comme larrons en foire.

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