Publié hier sur ce blog et ici ce billet est passé largement inaperçu, sans doute parce que son titre n'était pas assez accrocheur, et parce que, trop de billets de blogs paraissant à peu près en même temps certains sont un peu noyés dans la masse.
Je le republie aujourd'hui après lecture de la presse quotidienne de ce jour, et notamment de Libération qui fait sa Une sur cette affaire, pour deux raisons:
- Sans aucune prétention, les infos très simples communiquées ci-dessous montrent mieux qu'un long discours, que les labos et l'administration du médicament ne font pas leur travail - Et pire, que ce sont constamment leurs profits que les laboratoires pharmaceutiques recherchent à tout prix ( !) et le fait est ici de façon indiscutable: sans se préoccuper de la santé des personnes qui prennent ces médicaments, voire en n'informant pas le public des risques graves encourus par l'usage érroné de ce médicament, et a fortiori durant des années de prescriptions...
- Difficile de trouver ce simple constat dans la presse de ce jour. Ainsi donc, un simple blog de Médiapart peut en dire plus long mais de façon autrement plus économique, que la Une du libé de ce jour dont l'édito est plus soucieux de désigner un bouc émissaire ( ici, les médecins prescripteurs) que de révéler l'étendue de ces escroqueries industrielles.
Après l'hypocrisie des labos, qui ici s'approchent d'une véritable incitation à une prescription non conforme à l'amm ( on aimerait connaître l'argumentaire des visiteurs médicaux sur ces médicaments), voici donc une fois de plus, la presse à côté de la plaque, sinon en retard de quelques trains: notez, comme à chauqe scandale, l'hommage rendu à la revue PRESCRIRE qui depuis longtemps, avait pointé cette sale affaire, comme bien d'autres. N'en déplaise au fracassant édito de Sylvain Bourmeau, qui pointe le doigt vers les seuls prescripteurs, cela ressemble fort à un compliment du vice à la vertu.
Re-voila ce billet daté du 28/01:
DIANE 35: L'HYPOCRISIE DES LABOS ET L'INCURIE DE L'ADMINISTRATION
On a pu entendre ce matin que les dirigeants des laboratoires BAYER protestaient que leur médicament était clairement destiné au traitement de l’acné et non pas à servir de pilule contraceptive. Rappelons que ces pilules sont prescrites par les gynécologues comme par les généralistes parce qu'elles sont efficaces à la fois comme traitement contre l'acné et comme contraceptif.
Nous avons voulu vérifier ce qu’il en est.
La notice technique de "DIANE 35" de BAYER indique en effet clairement à la rubrique "Qu'est-ce que DIANE 35 microgrammes et dans quel cas est-il utilisé?" que ce médicament "est utilisé dans le traitement de l’acné chez les femmes".
Aucune autre indication n'est communiquée.
Tout au plus peut-on relever, quelques lignes plus loin, à la rubrique "quelles sont les informations à connaître avant de prendre DIANE 35 microgrammes, comprimé enrobé?" que: "Ce médicament inhibe l'ovulation."
Cependant, tout en bas de la première colonne de cette notice technique, écrite en tout petit caractères comme toutes les notices techniques de médicaments (ou les contrats d'assurance à la rubrique exclusions de garantie, par exemple), trois lignes, dans la même typo mais cette fois en gras, ceci:
"Comme les contraceptifs oraux, DIANE 35 microgrammes, comprimé enrobé ne protège pas des infections à VIH (SIDA) ou des autres maladies sexuellement transmissibles".
Après cela, on attend que les laboratoires BAYER osent soutenir qu’ils n’étaient pas au courant de cette prescription hors AMM.
Pour BIOGARAN, la notice du « MINERVA 35 » générique du DIANE 35, ne comporte pas cette mention. Mais à deux reprises la notice est tout à fait explicite :
A la rubrique « grossesse allaitement »:« la découverte d’une grossesse sous pilule ne nécessite pas une interruption de grossesse », est assez claire, sauf à soutenir que le mot « pilule » n’est pas réservé à la contraception…
Pour celles et ceux qui auraient un doute plus loin, ceci, en encadré toujours sur la notice de BIOGARAN :
« L’oubli d’un comprimé expose à un risque de grossesse si ce médicament est pris aussi comme contraceptif »
Quant à l’ANSM, l’Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé qui délivre les Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) , on voit mal comment elle pourrait prétendre n’avoir rien vu ni rien su de ces juteuses prescriptions, quand on sait que ces notices sont soumises à cette Agence.
Voilà une fois de plus résumé en quelques lignes toute l’incurie du système français qui laisse passer les grosses ficelles de laboratoires soucieux de s’en mettre plein les poches y compris clairement en nuisant à la Santé Publique en France.
On attend avec intérêt de voir avec quelle belle énergie nos sociaux-démocrates au pouvoir vont s’en prendre aux laboratoires : qu’ils mettront au pas, n’en doutez pas.
Comme ils l’ont fait pour les banques.
Non ?