Nos nuits sont courtes. On se réveille à peine qu'on a déjà des nouvelles de la guerre. Kiev est occupée par les troupes de Poutine. C’est une honte, comme le disent les artistes russes dans un manifeste récent ! C’est surtout une horreur !!!
A la télévision, quelques Ukraniens expriment leur révolte. Ils sont déterminés à se battre jusqu’au bout pour défendre leur pays. Nombreux sont celles et ceux qui sont même prêts à prendre les armes, d’autres préparent des cocktails Molotov qui serviront à viser les chars russes. Ils attendent beaucoup de l’Europe.
Les « occidentaux » sont déjà désignés par les médias comme faisant bloc avec l'Ukraine contre Poutine. Cela me dérange profondément. Car on ne peut pas oublier que, essentialisés, il s'agit bien d'un bloc de domination et d'impérialisme. Ce bloc « occidental » ne représente pas les nombreuses personnes parmi nous qui vivons ici, notamment dans les banlieues. Nous contribuons partout à la formulation d’un autre modèle de pensée et d’action sociale.
Voilà donc l’Europe entraînée dans un conflit. Et maintenant, voici la Finlande et la Suède qui envisagent aussi d’adhérer à l’OTAN. Ces pays qu’on dit pourtant éduqués avec un niveau de vie élevé. C’est déprimant qu’on soit réduit à cela.
Le récit des médias est bien triste. La guerre est totale en Ukraine. « Poutine n’a pas de limites, il est fou. », nous disent les spécialistes sur les plateaux de BFMTV et ailleurs. Ils n’ont peut-être pas tort. Mais ceci n’est pas une explication ! Je passe mon temps libre à lire, à écouter et à essayer de comprendre.
Et plus je lis, plus je suis convaincue du fait qu’il faut arrêter cette guerre le plus tôt possible. Il faut l'arrêter par la diplomatie, par des propositions alternatives. Comme lorsque nous nous opposons à ce que peut nous imposer le libéralisme économique. Il y a toujours une alternative ! Une forme d’humanisme radicalisé et qui peut être transformé en mouvement collectif capable de désarmer, y compris un tyran, et qui puisse nous amener à discuter sur les des frontières sans faire la guerre. Un humanisme qui puisse nous amener à discuter du désarmement.
Comment dire aux Ukrainiens de ne pas aller combattre à tout prix, que leur vie vaut plus que ça ?
Comment dire à l’Europe d’arrêter d’envoyer des armes, on l’a vu avec l’ancienne Yougoslavie, entre autres ?
Comment se donner le temps de faire le véritable pari de la démocratie et des luttes sociales pour virer dégager Poutine ?
Comment dire que notre but ne peut pas être celui de massacrer les Russes (militairement, économiquement) et que le peuple russe n’est pas Poutine et encore moins des ennemis de guerre ?
A ce stade, dans les conditions actuelles, il nous semble évident que les troupes russes n’iront pas jusqu’en Pologne, ni nulle part en Europe.
Mais pourquoi Poutine a t-il attaqué l’Ukraine de cette manière ? S'agit-il du déclin d’un empire ou d'une escalade de provocations dont on ne sait plus où et quand cela a commencé ?
Je suis persuadée qu’on en saura davantage lorsque les archives diplomatiques seront ouvertes (si elles existent encore dans un monde numérique, en tout cas pour la fin du XIXe et début du XXe j’en sais quelque chose). Dans ce contexte, il est inévitable de rappeler aussi que si nous luttons pour la démocratie, la liberté et la paix, nous ne pouvons pas laisser Julien Assange mourir dans une condition perpétuelle de réfugié sans lui accorder l'asile !
Comment dire à l’Europe que la Palestine est là, la Syrie aussi, et bien d’autres pays encore, et que notre devoir de solidarité est le même pour tous ?
En tout cas, il est certain que les perdants du conflit seront la Russie, l’Ukraine et l’Europe. Les fortunes s’en sortiront toujours, mais les populations les plus précaires et pauvres, elles sont déjà perdantes (car un réfugié blanc vaut plus qu’un réfugié noir, comme on l’a vu. C’est une honte !). En revanche, les gagnants seront certainement les Etats-Unis et la Chine. D’ailleurs, où sont-ils ?
Arrêtons la guerre maintenant ! Pas de victoire ni de défaite comme horizon politique et diplomatique, mais toujours en ligne de mire la paix et la justice.