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Billet de blog 17 décembre 2025

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Mayotte : Des mineurs délinquants comme main-d'œuvre gratuite

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

​Le "stage" de la dérive

​À Mayotte, la réinsertion semble avoir pris un visage bien sombre. Officiellement, le Centre d'Éducation Renforcée doit offrir un cadre strict à des mineurs sous main de justice pour les éloigner de la délinquance. Officieusement, un système de mise à disposition de main-d’œuvre gratuite se serait installé. Profitant d'un contexte local où le travail informel est une norme de survie, la structure envoie ces jeunes effectuer des tâches ménagères et des réparations chez des particuliers.

​Ces activités, présentées comme des "stages extérieurs", se déroulent sans aucune rémunération, sans contrat de travail et, plus grave encore, sans aucune surveillance des éducateurs ou des cadres d'accueil. Au lieu d'apprendre un métier ou de suivre un parcours pédagogique, ces mineurs sont livrés à eux-mêmes, utilisés comme de la main-d’œuvre à bas coût au profit d'intérêts privés.

​Un manque de contrôle aux conséquences dramatiques

​L'absence de rigueur de l'institution ne se limite pas à une entorse au droit du travail. Pour les riverains, cette légèreté est devenue une menace directe. En laissant des mineurs au profil instable circuler et travailler sans encadrement dans des zones résidentielles, le CER a failli à sa mission première : la sécurité.

​Le témoignage d'une habitante de la zone est glaçant. Alors qu'un jeune était censé être sous la responsabilité du centre, ce dernier s'est introduit à plusieurs reprises à son domicile. Ces intrusions ont culminé par une agression à caractère sexuel. Ce drame pose une question brûlante : comment un mineur placé en "éducation renforcée" a-t-il pu bénéficier d'une telle liberté de mouvement pour commettre de tels actes ?

​L'argent public au cœur du scandale

​Le CER de Bandrélé fonctionne grâce à d'importantes subventions publiques. Pourtant, l'écart entre les budgets alloués et la réalité du terrain interroge. Où passe l'argent censé financer l'encadrement 24h/24 et les projets éducatifs si les jeunes sont simplement "placés" chez des particuliers pour nettoyer des maisons ?

​Aujourd'hui, l'urgence est double. Il s'agit d'une part de protéger les citoyens mahorais face à une gestion sécuritaire devenue incontrôlable, et d'autre part de mettre fin à une forme d'esclavage moderne déguisé en insertion. La responsabilité de la direction du centre et le contrôle des autorités de tutelle sont désormais directement mis en cause. Une enquête approfondie sur l'utilisation des fonds et la légalité de ces pratiques de travail est impérative.

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