DÉMISSION D’HULOT : LA PUISSANCE DE L’ILLUSION POLITIQUE
Cette démission peut être considérée comme une première dans l’histoire politique et administrative du Ministère de l’Environnement depuis sa création en 1971 car les prédécesseurs d’Hulot sont tous restés en poste malgré les multiples couleuvres qu’ils ont été obligés d’avaler et tout cela en raison des positions de leurs gouvernements pratiquant des arbitrages toujours favorables à la religion de la croissance. De ce point de vu, cette démission réhabilite dans une certaine mesure l’image du personnage médiatique aux yeux du militant de base. De plus, cette démission aura eu l’avantage de délégitimer radicalement la politique du président Macron peu favorable à la cause écolo et d’en démasquer les mensonges.
Par ailleurs, cette démission a aussi un sens plus profond, à savoir l’échec de l’écologie politique telle qu’elle a été conçue lors de la fondation des Verts dans les années 80, à savoir accéder grâce aux élections à un poste de responsabilité ministériel pour faire adopter des réformes. Or entre temps EELV a disparu du paysage électoral, la démission de Hulot confirmant l’impuissance de l’écologie face à la fermeture actuelle du monde politique, alors que partout au sein de la société civile se manifeste des initiatives et des oppositions aux pouvoirs en place au nom de la protection de la terre.
En fait, la vrai raison de cet échec réside surtout dans l’absence totale de vraie réflexion politique au sein de la composante « verte » du mouvement écolo qui est souvent animée par des personnages en mal de carrière politique, comme le montre le ministre actuel François de Rugy. Comme l’a fort bien illustré le cas d’Hulot, il y a du côté des militants écolos une certaine naïveté face à la politique dont ils ne perçoivent pas la vraie réalité.
Or aujourd’hui, face à la surdité du monde politique et à l’impossibilité de se faire entendre, ces militants ont inventé par le jeu des associations locales, nationales et internationales, de nouvelles formes d’action politique qui rendent obsolètes les formes traditionnelles de participation à la vie politique, comme le montre le nouveau rôle joué par les ONG. Face à la fermeture du monde politique vis à vis des causes profondes du désastre écologique, des contrepouvoirs sont nés qui annoncent un avenir d’affrontements plus dur qu’actuellement.
Mais pour que cela se transforme en révolution, il faudra que dans les années à venir on assiste à une dissidence d’une partie de l’oligarchie, tant dans le monde politique qu’économique. Or l’aggravation actuelle rapide du désastre peut y contribuer ! Mais ne sera-t-il pas trop tard alors que la prise de conscience écologique date du début des années 70 !
Simon CHARBONNEAU