Simon CHARBONNEAU

Abonné·e de Mediapart

17 Billets

0 Édition

Billet de blog 25 mars 2015

Simon CHARBONNEAU

Abonné·e de Mediapart

SANS EAU PAS D'ENERGIE

Simon CHARBONNEAU

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’EAU, UNE QUESTION PLUS IMPORTANTE QUE CELLE DE L’ÉNERGIE

En cette année de préparation en haut lieu de la conférence internationale sur le climat, la question de la transition énergétique est toujours présentée comme prioritaire par rapport à d’autres pourtant déterminantes pour l’avenir de l’humanité comme l’épuisement des ressources halieutiques, la chute de la biodiversité ou les menaces concernant la ressource en eau, y compris par les grandes ONG vertes. Considérer l’énergie comme une question prioritaire au regard des autres n’est pas le fruit du hasard car ce choix résulte de la nature même du système industriel et au delà d’une vision anthropocentrée. Avant la révolution industrielle, l’énergie utilisée par les hommes était celle fournie par le soleil avec son corollaire représenté par la photosynthèse et l’ensemble des processus biologiques qui en découlent. La maitrise du feu a constitué de ce point de vu pour l’humanité un pas de géant lui permettant de s’émanciper de son état naturel. Qu’il s’agisse de l’agriculture ou de l’utilisation du bois de chauffage, la nature allouait aux hommes des biens gratuits qui leur permettaient de vivre là où elle était la plus généreuse. Puis le génie humain commença à utiliser l’eau pour mettre en mouvement des mécaniques permettant de se passer de l’énergie humaine et animale pour produire des biens améliorant la condition matérielle des hommes pour ensuite tirer profit de l’énergie cachée dans les tréfonds de la terre. C’est ainsi que furent découvertes et utilisée massivement à partir du XIXème siècle les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz et uranium) dont l’humanité continue à dépendre totalement et dont les conséquences climatiques sont aujourd’hui bien connues.

Avec les énergies nouvelles constituées par l’utilisation du soleil, du vent et de l’eau, présentées comme une solution écologique  pour satisfaire les besoins énergétiques de la population mondiale, il s’agit en fait d’assurer surtout ceux du système industriel avec ses acteurs principaux que sont les Etats et les entreprises, afin de perpétuer leur rêve de croissance sans limites. Observons d’ailleurs que ces nouvelles énergies font d’ailleurs appel au stade de leur fabrication à des techniques métallurgiques, pétrochimiques et électroniques qui elles même ont recours à des sources d’énergie fossile en tant qu’objet de fabrication industrielle. Il existe même aujourd’hui toute une filière industrielle éolienne et photovoltaïque en attendant celle à venir fondée sur l’exploitation de l’énergie marine. Il s’agit en fait de répondre aux besoins en énergie de tous les secteurs du système industriel comme celui de la production des biens et service, des transports et de l’alimentation électrique toujours plus consommatrice de ce type d’énergie secondaire avec le numérique. Or ce système ne répond que secondairement aux besoins primaires de l’humanité représentés par l’alimentation : il permet surtout aux consommateurs de regarder la télé, de surfer sur internet ou de se déplacer souvent inutilement.

Par contre, il reste totalement dépendant de l’eau pour la production d’énergie, qu’il s’agisse de l’hydroélectricité, de la métallurgie, des transports et d’une manière générale de tous les process industriels. Car jusqu’à présent, l’eau n’a jamais  pu faire l’objet d’une invention technologique destinée à sa production de masse, car c’est un don épuisable de la nature. Elle peut certes faire l’objet d’une épuration, d’un recyclage ou encore d’une désalinisation mais non pas d’une fabrication entièrement industrielle comme peut l’être l’électricité. Elle peut certes faire l’objet d’une évaluation économique de ses usages mais non pas de son existence en tant que ressource vitale pour l’humanité. Car l’eau est une ressource primaire dont dépend entièrement l’humanité, en particulier pour son alimentation. Car sans eau pas d’agriculture, pas d’industrie, pas de pêche faute de ressources halieutiques, ni même d’aquaculture ! Or, aujourd’hui, la surconsommation d’eau douce dans les pays les plus développés due à des exigences indues de confort d’une part (voir l’eau potable dans les toilettes !) et la pénurie d’eau dans le Sud d’autre part à cause de l’explosion démographique combinée aux  aléas climatiques de ces régions expliquent pourquoi la question de l’eau doit être considérée comme prioritaire d’abord pour nourrir les hommes correctement et ensuite pour leurs autres besoins en particulier l’hygiène. Elle ne doit donc pas être gaspillée pour des usages servant surtout les besoins du système industriel et non pas ceux des hommes. Par exemple, s’il apparaît normal d’irriguer des cultures maraîchères, irriguer du maïs sur des coteaux calcaires pour alimenter la filière de l’élevage hors sol est une aberration. Elle est aussi indispensable à la conservation de la faune et de la flore. Mais, il s’agit là seulement des besoins matériels les plus évidents mais l’eau occupe aussi une place déterminante dans l’imaginaire de l’humanité comme en témoigne les œuvres littéraires et picturales depuis ses origines. A ce titre, elle fait partie de notre cadre de vie et doit donc être respectée dans sa dimension symbolique.

En tant que don miraculeux de la nature qui jusqu’à présent a permis à l’humanité de vivre elle doit donc faire l’objet d’une préoccupation primordiale, justement parce qu’elle détermine les autres dimensions de la crise écologique et en particulier celle de l’énergie.

Simon CHARBONNEAU

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.