http://simonulrich.wordpress.com/2011/11/11/maudite-soit-la-guerre/

« L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. » Jean Jaurès
Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire quelque chose sur ce 11 novembre. Mais je ne sais quoi dire. Je cherche mes mots, j’essaye de reformuler mes phrases. Mais tout ce qui sort de moi me parait fade. Je n’arrive pas à formuler ma haine pour ce jour. Non pas que je ne veux pas me remémorer la mémoire de tous ces soldats. Au contraire même.
Je cherche, mais je ne trouve pas. Comment honorer tous ces assassinés ? Comment donner résonance à ces milliards de litres de larmes et de sang qui sont venus abreuver notre terre à l’en faire dégueuler.
Comment trouver les mots pour leur dire et leur faire comprendre que l’Histoire, en plus du rôle de grande faucheuse, a porté les habits de la grande arnaqueuse avec eux. Que finalement, vous tous, hommes et femmes, vous avez souffert, combattu et êtes morts pour rien ?
L’honneur, diront certains ? Nous la leur laissons si c’est pour tuer nos frères. La patrie, s’exclameront d’autres ? La notre, de patrie, n’est pas carnivore, elle ne se rassasie que du bonheur des gens. Le sang la rend malade. Et, bande d’imbéciles, vous êtes les seuls à ne pas se rendre compte qu’elle l’en est encore malade de toutes ces guerres menées en son nom. Certains malins affirmeront qu’ils ont combattu pour la paix. Cette fameuse paix, celle qui, dans la bouche des importants de toutes époques, prend le son du tocsin et l’écho de la mort.
Si tous ces hommes des deux côtés des tranchés se battirent pour la paix. Expliquez moi pourquoi les importants de l’époque, à l’honneur courbé par le poids de leurs médailles de pacotille, fusillèrent à tour de bras tous ces mutins de la paix ?
Je ne trouve pas les mots pour exprimer la haine qui m’envahit. Guerre à la guerre ! Maudite soit la guerre ! À chaque génération, les yeux rougis de larmes, la voix cassée, nous crions ces mots d’ordre. À chaque génération, en haut, la trahison vient bâillonner et condamner au silence ces cris du coeur.
Regardez comment aujourd’hui, au sein de ce cimetière géant qu’est devenu l’Europe, on nous vient parler de la paresse de certains, des abus d’autres, nous faisant oublier que nous sommes une grande communauté humaine. D’autres, à l’intérieur même de nos frontières, essayent d’engager une guerre entre des femmes et des hommes. Et malheureusement comme par le passé, nos cris de révolte ont du mal à sonner et à raisonner aussi fort que les leurs de haines.
Nous sommes peut-être trop silencieux. À croire que nous le sommes toujours avant les grandes conneries de l’histoire. Peut-être serait il temps de tirer les leçons des erreurs du passé ? Peut-être que les mots que je cherchais plus haut sont les suivants : Pour rendre honneur à tous ces hommes et femmes assassinés par l’histoire, la solution est simple. Ne soyons pas aussi bêtes qu’eux. Ne ne nous trompons plus d’ennemis. Ne ne nous trompons plus de cris. À ceux de haine, de peine et de tristesse, préférons ceux de bonheur, de paix, d’union. Faisons la guerre à tous ces vas t’en guerre, ceux-là mêmes qui veulent justement instituer le poison de la division dans le genre humain. Faisons la guerre au capitalisme. Faisons la guerre à cette ignominie humaine qui se nourrit de notre misère, de nos peines et quelques fois par siècles, lorsque sa soif se fait sentir, de notre sang.
J’ai commencé ce billet par une phrase de Jaurès. Je le terminerais avec une autre. Ne trouvons pas les mots. Je vais lui emprunter les siens. Ceux qui lui ont couté plus tard la vie.
« Tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, malgré tous les congrès de la philanthropie internationale, la guerre peut naître toujours d’un hasard toujours possible… Toujours votre capitalisme, cette société violente et chaotique, même quand il veut la paix, même quand il est à l’état d’apparent repos, porte en lui la guerre, comme une nuée dormante porte l’orage. Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie — qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille — un régime de concorde sociale et d’unité. »