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Billet de blog 10 octobre 2011

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Premier tour des primaires citoyennes : pour une gauche forte de conviction face à une droite dure et bornée !

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Avec près de deux millions et demi de suffragants, les primaires citoyennes organisées par le Parti Socialiste (PS) ont montré l'attachement des citoyens à l'action politique. Si la droite UMP se complaît dans sa mauvaise foi en minimisant l'impact de celle-ci (2,5 millions de votants sur un collège électoral de 45 millions), le résultat apparaît, à plus d'un titre, comme l'expression de la volonté de présenter en 2012 une gauche de conviction. Pour rappel, François Hollande arrive en tête avec 39% des suffrages, devant Martine Aubry (30%) et le surprenant Arnaud Montebourg (17%). Derrière, Ségolène Royale dépasse à peine les 7%, Manuel Valls obtient 5,6% des voix, tandis que le radical Jean-Michel BayIey ferme la marche avec moins de 1% des suffrages.

Le premier constat illustre le décalage entre les sondages et la réalité du terrain. Tandis que Pierre Moscovici voyait, le soir du troisième et dernier débat, le sort scellé (« Les jeux sont faits », écrivait-il), l'écart entre M. Hollande et Mme Aubry est inférieur à neuf points. L'avis du soutien du premier candidat était conforté par une ambiance dans les milieux médiatiques pour qui, seul M. Hollande était envisageable. Il suffit de rappeler les commentaires post-débats pour s'en convaincre. Les « experts » du PAF soutenaient mordicus, sondages à l'appui (avec une réserve de forme, mais non de fonds) que seul le député de Corrèze incarnait l'homme providentiel de la gauche.

Plus significatif, le ton employé par le directeur du Nouvel Obs, Laurent Joffrin, lors du troisième débat des primaires. Dès le début, M. Joffrin s'adresse au favori des sondages de manière flatteuse, convaincu qu'il sera (largement) en tête. Puis, il demande à Martine Aubry ce qui la différencie non pas de tous les autres candidats, mais uniquement de M. Hollande. Quand aux quatre autres, M. Joffrin pose une question générale du type « et vous, que faites-vous là ? ». Le clash qui s'en suivi durant la pause publicitaire entre MM. Montebourg et Joffrin illustre le mépris d'une certaine gauche dite « réaliste », dont le seul but est de gagner (et donc de rassembler le plus possible aux dépens des idées fondamentales de la gauche) vis-à-vis d'une gauche encore emprunte d'idéologie et au discours plus tranchant et partisan.

Le résultat ne ment pas sur ce point (et c'est le deuxième constat). Avec 17% pour M. Montebourg, les électeurs des primaires appellent à une gauche de conviction. Si le Parti Socialiste était le (quasi) seul parti important en lice, ce sont bien toutes les tendances de la gauche que nous retrouvons dans cette consultation. Le discours du chantre de la « démondialisation »1 rappelle que son score ne doit pas être pris à la légère. Pour le deuxième tour, les calculs d'Olivier Mazerolle, journaliste sur BFMTV, tiennent d'une certaine logique. Mme Aubry compte parmi ses soutiens des tauliers de l'aile gauche du PS tels Benoît Amont, Marie-Noël Linemann ou Paul Quilès, proches des idées de M. Montebourg. De même, beaucoup de partisans de Mme Royal ne semblent pas prêts à se reporter sur son ex-compagnon. Mathématiquement, Mme Aubry l'emporte.

Or, troisième constat, le deuxième tour s'annonce à risque pour le PS. Les attentes des électeurs de gauche vis-à-vis du PS ont été les réelles informations de ce scrutin. Le résultat de M. Montebourg interroge quant au choix des électeurs après les primaires. Pour qui voteront-il en 2012 ? Bien que, selon le député et président du conseil général de Saône-et-Loire, M. Hollande et Mme Aubry soient « les deux enfants jumeaux de Jacques Delors » d'un point de vue idéologique, il semble effectivement plus probable, pour les raisons exposées plus haut, que la fille biologique de l'ancien président de la Commission Européenne rassemble davantage les tendances de la gauche. A contrario,M. Hollande, par son attitude très conciliatrice, ne rassemblera probablement pas à gauche. Pire, en se projetant immédiatement dans le second tour de la présidentielle, il sacrifie à nouveau les attentes du peuple de gauche en cherchant à s'allier l'électorat centriste. Or, c'est en partie cette attitude qui fit perdre Lionel Jospin (outre qu'il ne fit pas campagne) en 2002, incapable de rassembler d'abord la gauche. Les électeurs de Montebourg n'accepteront certainement pas en masse M. Hollande comme candidat du PS. Au contraire, le Front de Gauche, voire Europe Ecologie Les Verts (EELV) en tireront assurément profit.

En somme, la victoire de la gauche ne doit pas se faire « pour battre Sarkozy », mais pour une véritable alternative politique. La victoire à tout prix est l'assurance d'une quatrième défaite présidentielle, et d'une troisième déconvenue législative. La crise générale qui couvait depuis des décennies et qui éclata en 2008 montre que le système néo-libéral et ultra-capitaliste arrive à ses limites. La France, mais aussi les autres pays du monde, ne peuvent plus se contenter d'une gauche trop conciliatrice et compromise. Le renoncement idéologique exprimé par le Secrétaire National du PS en 2006 (un certain François Hollande) a laissé un vide profond dans les repères de la gauche, dans lequel l'extrême-droite s'est engouffré. Le bon score de M. Montebourg doit servir de rappel à l'ordre au PS : à babord toute !

1Je pense qu'il s'agit plus d'une provocation. Dans son discours, il s'agit plus d'appeler à une autre mondialisation, respectueuse des individus, des peuples et des milieux naturels, et contre les intérêts de quelques-uns très fortunés.

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